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Production et consommation

Business

On oppose souvent économie et développement durable. Au mieux, on parle de les réconcilier, comme s’ils étaient naturellement des ennemis. Ce n’est pas le cas. Le DD peut s’avérer bon pour le business.

Le sentiment le plus répandu sur le développement durable est qu’il coûte cher. On parle de financement de la transition énergétique, du fardeau à se répartir pour la lutte contre l’effet de serre, etc. Il faut sans doute y voir l’influence du côté moral du développement durable, du devoir vis-à-vis des générations futures. Il faut faire des sacrifices pour sauver la planète, il faut souffrir pour une forme de rédemption.

Ce sentiment est trompeur.

Pour les entreprises, le développement durable est parfaitement compatible avec la croissance. Le DD n’est pas l’ennemi du chiffre d’affaires. Pour en avoir le cœur net, l’ADEME a suivi une cinquantaine de PME ayant réalisé des investissements dénommés RSE, à savoir responsabilité sociale (ou sociétale, on trouve les deux termes) et environnementale. La déclinaison du DD pour les entreprises. On retrouve bien les trois dimensions traditionnelles du développement durable : l’univers classique des entreprises, l’économie, auquel s’ajoute le social et l’environnement. Ces 50 entreprises suivies par l’ADEME ne constituent qu’un échantillon, mais le résultat est instructif : un retour d’investissement de 7 mois en moyenne. En moins d’une année, l’opération s’avère rentable. Nous sommes loin du préjugé habituel.

Entrons dans le détail. Les comptables ont décortiqué les comptes, et font apparaître des coûts évités. Par exemple, le turn over du personnel dans une entreprise coûte cher. Il faut recruter, former, adapter le poste de travail, absorber quelques coûts de désorganisation liés au changement, etc. Au total, on évalue le coût d’un remplacement entre 6 et 36 mois de salaire, selon la fonction. Une politique sociale, c’est moins de turn over, et au total des économies. Le raisonnement peut être repris pour les accidents du travail, qui coûtent de 3 à 4 fois leur coût direct du fait de la désorganisation et de l’absentéisme qui les accompagnent. On sait également que de bonnes conditions de travail produisent des augmentations significatives de productivité, jusqu’à 15% d’écart entre les bons et les mauvais élèves.

Côté environnement, ce sont les économies de matière ou d’énergie, et la maîtrise des dépenses liées aux rejets de toutes nature qui sont sources d’économies. Des objectifs environnementaux qui constituent aussi un chalenge pour le personnel, un facteur de motivation favorable à la productivité, et à l’attachement à l’entreprise.
Malgré ce constat, partagé par l’ensemble des experts, et notamment les syndicats professionnels, les PME sont rares à succomber aux charmes de la RSE. Ce n’est pourtant pas une question de taille des entreprises, la RSE s’adapte à tous les cas de figure sans difficulté. Les statistiques disent que les entreprises qui s’engagent dans la RSE sont nettement gagnantes, une croissance de 7 à 12% de leur chiffre d’affaires, sans compter le risque de défaillance, bien inférieur parmi les entreprises « responsables ». Oui, mais l’approche statistique de convainc personne. La moyenne suppose qu’il y a des entreprises au-dessous, et le risque zéro n’existe pas, même pour les entreprises exemplaires. Il faut donc entrer dans l’univers de chaque entreprise, pour les convaincre de passer aux actes. La macroéconomie, celle des statistiques, ouvre des perspectives, mais c’est la microéconomie, celle des acteurs en direct, qui provoque des prises de décision.  
       
Quels sont alors les arguments en faveur de la RSE ?

Ils sont de deux ordres, offensifs et défensifs. Du côté de l’attaque, c’est une hausse du chiffre d’affaire, et une amélioration de l’image de l’entreprise, notamment de sa ou ses marques. Une dynamique positive. Du côté de la défense, c’est les coûts évités, la chasse au gaspi, la réduction des risques opérationnels du fait d’une plus grande rigueur dans les process de production. Sans parler du risque fatal, la perte de sa « licence to operate », la catastrophe qui ruine votre réputation et fait fuir tous vos clients.

Des arguments valables aussi bien pour une petite qu’une grande entreprise, et l’on constate que de nombreuses « start up » se donnent dès le départ des règles de conduite « durables » et n’attendent pas d’avoir pignon sur rue.
Développement durable et entreprises, même combat. Ce n’est pas un hasard si plusieurs mouvements de chefs d’entreprise exhortent les pouvoirs publics à aller plus vite et plus loin sur le chemin du DD. L’intérêt général, celui de la planète et de ses habitants, et celui des entreprises peuvent converger, et c’est heureux. Profitons-en !

Cette note a été rédigée à la suite d’un colloque organisé par le Comité 21 et BPI France le 7 décembre 2017 sous le titre « Retour d’investissement sur la RSE : mythe ou réalité ? ».

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