Société
L’Etat intervient directement comme investisseur, équipements, formation, recherche notamment, et gestionnaire de la commande publique. Des fonctions propres à orienter l’économie. Mais c’est en fixant les règles du jeu que l’Etat mobilisera, ou non, tous les autres acteurs. Pour ne prendre qu’un exemple, ce n’est pas le ministre de la santé qui assure la bonne santé de la population, mais l’ensemble des personnels de santé, publics ou libéraux, et surtout toutes les règles sanitaires qui doivent être respectées par les acteurs de l’alimentation, de l’habitat, des transports, etc. et le droit du travail, de l’environnement, sans parler de l’éducation.
La question est donc de savoir comment l’Etat s’y prend pour mobiliser toute la société, avec ses différents leviers, directs et indirects. Le volet spécifique de l’organisation de l’Etat n’a pas de sens pris isolément, sans considération de la dimension sociétale des enjeux.
Une des manières de faire est de s’appuyer sur des relais. La société est organisée, de nombreux réseaux la structurent, professionnels, syndicaux, religieux, sportifs, culturels, familiaux, communautaires, etc. Il s’agit notamment de changer de mode de vie. Quels sont les « influenceurs », comme on dit aujourd’hui, qui vont donner envie de suivre de nouveaux modèles, de s’engager sur de nouvelles voies ? Nous avons assisté à la montée de sentiments identitaires, de crainte du futur. La peur de ne pas maitriser sa propre vie.
Pour les transitions écologiques, énergétiques, et sociales, les objectifs du développement durable comme dirait l’ONU, le moteur de la peur ne marche guère, ou plutôt que lorsque le danger est là, à portée de vue, et c’est alors trop tard. Il faut en trouver d’autres, valorisants, qui donnent envie de participer au changement, d’en prendre soi-même l’initiative. Quelles sont les valeurs en vogue que nous pourrions utiliser pour donner envie du changement ?
Voici deux leviers qui occupent une place croissante dans notre société, et qui pourraient « soulever le monde » comme dirait Archimède. Il s’agit de la proximité et le la quête de sens.
Paradoxalement, la mondialisation renforce l’importance du local. Nous avons perdu la maitrise de notre propre vie, de notre avenir. La pandémie de la COVID 19 n’a fait que renforcer cette impression : un virus apparu à l’autre bout du monde, et qui bouleverse nos vies, nous confine, détruit nos entreprises. Un phénomène incontrôlable qui met en évidence notre dépendance à des intérêts lointains et sans doute indifférents à notre sort. Le retour du local comme unité de référence pour notre quotidien, déjà bien amorcé avant la crise, devient une demande de plus en plus partagée, et illustrée par les nombreux élans de solidarité. Des pratiques qui ont renforcé la conviction que beaucoup de solutions à nos problèmes se trouvent dans la proximité, qui sont sorties renforcées de l’expérience du confinement.
La quête de sens est, tout aussi paradoxalement, fille de la société de consommation. Consommer pour consommer, travailler uniquement dans le but de consommer plus, ces excès produisent une réaction qui gagne régulièrement en puissance. La « valeur travail », si louée de toutes parts, n’a pas de sens si le travail lui-même n’a pas de sens.
Voici donc deux leviers qui ont le vent en poupe, pour donner envie de transformer notre mode de vie, de production et de consommation. Il en serait bien d’autres, comme l’amour de la nature, dans un ordre plus affectif, des approches plus culturelles, privilégiant les émotions de toutes sortes et la découverte, ou encore le registre rationnel qui nous invite à « compter ce qui compte ». Voilà de quoi mobiliser la société toute entière, avec une diversité d’approches pour permettre à chacun de trouver sa voie, vers le développement durable.
Photo : Ryogi Iwata / Unsplash
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