Nez
Oubliez Cyrano, pourtant magnifique, et les nez qui surveillent la qualité de l’air autour des installations industrielles. Parlons du nez dans les affaires des autres, une voie royale vers la transversalité.
Ce qui est amusant, avec le nez, c’est de le fourrer dans les affaires des autres. Intéressant quand on veut prôner la transversalité, la maîtrise des effets collatéraux, les enchainements de phénomènes. Le développement durable nous conduit à fourrer notre nez dans les affaires des autres, pour leur Profit comme pour le notre. L’Environnement est un magnifique cheval de Troie, il permet d’entrer dans l’Univers des autres, et de le modifier sensiblement.
Toutes les activités ont un impact sur l’environnement, bon ou mauvais. La vision étroite de l’environnement, celle qui a constitué le point de départ, porte sur un constat. La Qualité de l’Air, la diversité de la faune et de la flore sauvage, la pollution d’une rivière, etc. Une situation observée et que l’on peut tenter de corriger en aval, en traitant une eau usée par exemple, ou en posant un Ecran antibruit. Ce sont des Mesures nécessaires, mais chacun voit bien qu’elles sont vaines si elles ne sont pas accompagnées d’une autre forme d’action, en amont. Cette approche élargie s’est vite imposée, il est impossible de s’intéresser aux conséquences sans remonter aux causes.
Ce n’est pas toujours facile. Parfois, on comprend les enchainements, mais on n’a pas la main, on ne peut pas y toucher directement. C’est le cas des Déchets ménagers, dont on dit qu’ils sont un bon reflet des modes de vie, pour ne pas dire des Civilisations. Contrairement à ce qui se passe dans une entreprise où le processus de fabrication, et les rejets qu’il engendre, sont maîtrisés, la production de déchets est de la responsabilité de chacun, et l’action en amont ne peut qu’être d’ordre incitative, culturelle, éducative. Pareil pour l’assainissement des eaux. Les Politiques environnementales sont donc amenées à s’intéresser aux modes de vie, de production, de commercialisation et de Consommation, et pas uniquement au traitement des déchets et eaux usées. L’environnement met son nez dans les affaires des agriculteurs, des industriels, des petits Commerces et des grandes Surfaces. Il est présent, aussi, dans les grands travaux, les développements urbains, les transports et la mobilité en général.
Dans certains cas, le lien est direct entre telle activité et l’environnement, comme les émissions de polluants ou la mise en circulation de molécules mal connues, qui, par exemple, attaquent la couche d’ozone, ou se concentrent à travers des chaines alimentaires. Il s’agit alors de réduire ces émissions, d’évaluer les impacts potentiels de ces nouveaux produits.
Dans d’autres, le lien se manifeste par les modes de vie et de consommation. La qualité de l’habitat, sa position par rapport aux services publics, aux commerces, aux Emplois, l’organisation de la mobilité, la composition de l’alimentation, le type de loisirs, sont autant de domaines qui influencent fortement la qualité de l’environnement, la préservation des Ressources et du Patrimoine vivant. A l’inverse, la qualité de l’air que nous respirons, le niveau sonore auquel nous sommes soumis, la qualité de l’eau et de l’alimentation sont des facteurs environnementaux important pour notre Santé.
Les Leviers qui peuvent être actionnés au titre d’une politique d’environnement sont eux aussi multiples. La réglementation et les sanctions, bien sûr, mais aussi l’éducation, la sensibilisation, les modèles culturels, les relais d’Opinion. Et puis, on en parle de plus en plus, la fiscalité, et la modernisation de l’économie, de l’appareil productif, de la nature même de la production.
L’environnement est par sa nature un thème transversal, bien difficile à enfermer dans un Ministère , même élargi. Il n’arrête pas de mettre son nez dans les affaires des autres, et çà les agace bien. Le mieux est bien sûr que la prise en compte de l’environnement « aille de soi », qu’elle s’intègre spontanément aux politiques techniques et économiques, à l’aménagement de l’espace, à l’acquisition de compétences dans tous les domaines, aux projets de recherche.
En matière d’aménagement, l’introduction du livre vert de l’environnement urbain (1) le disait clairement, dès 1990 : Pour résoudre les problèmes liés à l'environnement urbain, il faut aller au-delà d'une approche sectorielle. Même s'il est utile, voire indispensable, de fixer des objectifs de qualité pour l'air, pour l'eau, des niveaux maxima pour le bruit, etc. dans des directives et des recommandations, il est essentiel de mieux comprendre l'origine des problèmes environnementaux qui menacent nos villes afin de trouver des solutions durables. Cela signifie qu'il faut non seulement examiner les causes immédiates de la dégradation de l'environnement, mais également les options sociales et économiques qui sont à la base des problèmes.
L’environnement est donc inséparable du développement économique, social, culturel, urbain. Le développement durable est la reconnaisance de ce lien très puissant. Les préoccupations d’environnement sont souvent considérée comme un Frein, ce qui est vrai si on n’y pense qu’en fin de Course, quand tout est décidé. C’est au contraire une force et un atout si elles sont intégrées dès le départ, c’est ça le développement durable.
1 - Commission des communautés européennes, Livre Vert sur l'Environnement Urbain, Communication de la Commission au Conseil et au Parlement, 27 juin 1990
Chronique mise en ligne le 19 novembre 2012
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