Structure
On oppose souvent les réformes "structurelles" aux ajustements "conjoncturels". La question des structures est souvent moins visible, mais elle influence en profondeur notre avenir.
Nous parlons ici de la structure d'un corps social, et non d'un organisme Physique ou biologique.
Il s'agit de Pyramide des âges, ou de répartition d'une Population en différentes catégories. Ces structures sont le résultat de processus historiques, biologiques, techniques, sociaux etc. Elles répondent à des exigences particulières, provenant des attentes de la société et du contexte où elle se trouve.
Dans un monde en évolution rapide, comme le nôtre aujourd'hui, la question se pose de l'adaptation en continu des structures aux besoins de l'époque. En période de Croissance, l'adaptation profite de l'augmentation numérique du corps social. Sans réduire l'effectif des catégories qui doivent décroître, on augmente celui des groupes qui doivent prendre de l'importance. On profite du départ des Anciens, aux techniques du même âge, pour incorporer des jeunes formés aux pratiques les plus récentes. Heureuse croissance, donc, qui permet de procéder aux ajustements sans douleur.
On notera toutefois qu'il faut anticiper. La formation de nouveaux entrants a été, dans le Passé, trop souvent marquée par les structures existantes au lieu d'intégrer les besoins de demain. La structure même du corps enseignant reflète la composition du corps social existant, et tend, bien évidemment, à se reproduire alors qu'elle devrait évoluer. La croissance ne suffit donc pas, il faut y ajouter une vision prospective et une capacité d'anticipation.
En régime de croisière, de stabilité numérique, l'adaptation est plus compliquée. On ne peut pas réduire la part relative d'un groupe simplement en en gonflant d'autres. Il va falloir « taper dans le dur », demander à certains d'abandonner leur situation. Même si on leur en offre une nouvelle, c'est un changement et on sait bien que tout changement provoque des Résistances. Et puis le renouvellement est plus lent, les corrections qui pourraient en résulter sont donc plus Faibles. Sans croissance, l'inertie des structures sera plus difficile à secouer.
Les transformations que nécessite le développement durable, dans une période de relative stabilité, de croissance faible, sont donc a priori plus difficiles à opérer qu'en période « glorieuse ». Sans actions volontaires d'accompagnement, le Risque est grand d'un gâchis humain, de personnel dont les savoirs et les Compétences ne correspondent plus aux besoins de l’époque.
Ce qui est vrai des populations peut aussi l'être pour des biens matériels. Quand ces biens se consomment rapidement, en quelques jours ou en quelques années, l'appareil de production doit s'adapter. Il faut juste éviter l'acharnement qui consisterait à vouloir à tout Prix faire durer une consommation obsolète. L'effort publicitaire consenti pour faire durer l'ère de l'automobile, au lieu d'adapter le secteur à de nouveaux besoins et de développer une offre moderne de mobilité, semble à ce titre de l'énergie perdue. Un effort qui retarde une adaptation inévitable et la rendra plus dure quand elle s'imposera. Quand on sait fabriquer un objet aussi complexe qu'une Auto, on doit bien savoir faire autre chose, et mettre son Talent au service des besoins de demain.
Avec une gestion prévisionnelle sans œillères, le renouvellement des machines et des process industriels lié tout simplement à la modernisation permet en général l’adaptation à la nouvelle demande. Pour les biens de rotation très lente, la question est plus complexe. Le parc immobilier, par exemple, ne répond plus aux exigences du XXIe siècle, et son taux de renouvellement ne permet guère d'espérer une solution « naturelle » au problème. Il faut reprendre en profondeur le parc existant, ce qui se traduit par une demande accrue pour les professions correspondantes, qui ne sont pas tout à fait les mêmes que pour la construction neuve.
L'immense chantier de rénovation du parc ancien de logements et de bureaux nous est imposé au titre de la lutte contre le réchauffement climatique. Heureuse pression, qui rend impérative l'amélioration de l'habitat, par ailleurs nécessaire pour beaucoup d'autres raisons, aucune de ces raisons n'ayant suffi jusqu'à présent à déclencher l'opération. Les problèmes tels que les relations entre propriétaires et locataires ont d'ailleurs plutôt freiné la modernisation, pour le plus grand malheur des deux parties.
Cet immense chantier initié par le Grenelle de l'Environnement offre une opportunité de croissance, dont il va falloir profiter pour adapter à la fois des professions du bâtiment et les bâtiments eux-mêmes. Il s'agit d'entrer dans une ère nouvelle, avec des exigences nouvelles, des produits nouveaux, des organisations nouvelles et bien sur des compétences renouvelées. Cette adaptation à une Valeur en elle-même. Une grande valeur en termes immobiliers, des ouvrages qui répondent mieux aux attentes de leurs usagers ; une grande valeur en termes professionnels, grâce à une avancée significative des savoir-faire et des modes de « travailler ensemble ». Cette valeur va bien au-delà du simple Coût des travaux engagés. C'est un investissement pour le XXIe siècle.
Il reste la question redoutable de financement de ce chantier. Les instruments financiers de l'immobilier ont été conçus en une période tellement différente de celle que nous vivons. Il y a de la Richesse à créer, et le rendement de cet investissement ne se calcule pas qu'en économies d'énergie. L'amélioration du parc à des effets économiques qui dépassent largement l'immobilier, et dont toute la société bénéficie. Il y a une réflexion à lancer sur les structures des financements nécessaires pour assurer la transition vers l'économie du XXIe siècle.
Chronique mise en ligne le 22 avril 2012
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