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Organisations sociales

Fusion

Fusion de régions et regroupements de communes, ces réformes doivent engendrer des économies. Mais est-ce une bonne méthode pour obtenir des résultats durable ?

De nos jours, la recherche d’économies est la première raison pour entamer des réformes. C’est aussi la raison de l’échec de la plupart de ces tentatives. La fusion d’organismes ou d’entreprises part du principe que plus gros est mieux, plus performant du fait d’économies d’échelles, notamment sur les « fonctions support » et la suppression des double-emplois que la fusion créera ou mettra en évidence. Dans le secteur privé, les regroupements ont été souvent des opérations financières bien plus qu’industrielles, la raison d’être des entreprises, la production de biens et de services, étant reléguée face à l’optimisation des performances boursières, ou à la sélection de « fleurons », au détriment de services moins prometteurs.
Dans le domaine public, après des revues générales des politiques publiques, RGPP, pour les initiés, qui ont conduit à des fusions et réorganisations des services de l’Etat, la pression est forte aujourd’hui dans l’organisation des collectivités, compte-tenu de l’état de leurs finances. La fusion des régions en est une illustration frappante, de même que les regroupements fortement encouragés des communes. Mais le scepticisme reste grand, sur le montant des économies réellement engendrées ou potentielles.

L’affichage dominant de la recherche d’économie est la cause de biens des échecs, certains visibles immédiatement, et d’autres qui se révéleront plus tard, quand les soi-disant économies auront produit leurs effets.
L’objectif d’économies à réaliser éveille inévitablement la méfiance et l’inquiétude chez les intéressés. Chacun se sent menacé, à tort ou à raison, et se replie sur son pré carré, prêt à tout pour le défendre. Nous nous éloignons de la vraie bonne raison pour se lancer dans des réformes : rendre un meilleur service, bien sûr dans un bon rapport coût/efficacité.
Les réformes sont nécessaires pour s’adapter en permanence à une demande qui bouge, et à un contexte technique, économique et institutionnel lui-même en mouvement. C’est là qu’il faut chercher les raisons de changer les périmètres de l’action, avec les modifications éventuelles de compétence qui vont avec. Comment être plus efficace dans la réalisation de la mission impartie, tel est le point de départ de la réflexion, avec comme préalable la définition de ladite mission et un consensus sur son utilité.
Il faut revenir aux fondamentaux, le besoin à l’origine de la création de l’organisme, le métier des agents, resitués dans le monde d’aujourd’hui. Le point de départ de toute réforme, si on veut qu’elle aboutisse à un progrès, est de savoir ce que l’on veut, quelle est la fonction de l’organisme concerné, sa raison d’être. A partir de là, le débat peut s’engager sur la meilleure manière de remplir cette fonction. Bien sûr, il y a des « niches » où se cachent des gains de productivité importants, liés à l’histoire de l’organisme et tout à fait injustifiés. Des résistances sont à attendre de ces côtés-là, mais depuis le temps que l’on fait la chasse au gaspi, ces « niches » ne sont pas si nombreuses, et elles sont de surcroît mal vues de la part des personnels les plus impliqués dans l’avenir de leur unité. Le changement sera d’autant mieux accepté qu’il s’inscrit dans une vision prospective qui permet à chacun de voir où il va, y compris ceux qui ne trouvent pas leur place dans le nouveau schéma, auxquels une attention particulière doit être apportée.
La recherche d’économies trouble le jeu, et jette un doute sur les décisions envisagées. Sont-elles justifiées sur le fond, ou sont-elles uniquement là pour gagner un peu d’argent ? Et l’argent gagné, ne devra-t-il pas être payé par d’autres ? Le transfert d’une charge du contribuable au consommateur est-il toujours une bonne affaire ? A l’inverse, la recherche de l’efficacité, intégrant bien sûr un aspect coût/efficacité, ne peut qu’engendrer une économie globale. Elle permet notamment de discerner le meilleur chemin pour obtenir un résultat, avec le choix des statuts et des organismes à mobiliser. Le meilleur partage entre public et privé, entre les niveaux d’administration, en déterminant clairement le rôle de chacun, et en s’assurant que chaque besoin trouve une réponse opérationnelle.
Le développement durable provoquera de nombreux changements. Il faudra s’adapter à de nouveaux objectifs, au contexte exigeant de maîtrise de la consommation de ressources, avec une transformation de notre économie, qui deviendra plus collaborative, qui privilégiera l’usage par rapport à la propriété, les circuits courts. Des changements profonds nous attendent, qu’il faudra engager sur de bonnes bases. De grâce, ne mettons pas les économies en tête des arguments du changement, ce serait la meilleure manière de les compromettre !

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