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Modes et Modèle

Obésité

obsitUne équipe internationale de 150 chercheurs a publié un constat alarmant sur l’obésité dans le monde. Un phénomène physiologique, mais que l’on peut transposer sans peine au fonctionnement de nos sociétés.

L’obésité est un magnifique sujet de développement durable.

Voilà un dérèglement qui illustre la double peine : A la première, de manger trop et mal, s’ajoute la seconde, de connaître des problèmes de santé. C’est comme un plat trop salé, ou trop cuit. On y a mis plus que nécessaire de sel ou de chaleur, et le résultat est que c’est moins bon, voire immangeable. Un café trop fort devient imbuvable. « Plus » devient « trop ». Lutter contre ce type de phénomène apparait alors comme une manière de réaliser un double dividende, faire des économies et se porter mieux. Voilà une voie vers le facteur 4, deux fois plus de bien-être en consommant deux fois moins de ressources.
L’obésité est devenue une maladie chronique. Un tiers de l’humanité semble atteint de surpoids, si l’on en croit l’étude publiée le 29 mai dernier dans « The Lancet ». Une maladie en forte progression, et dans tous les types de pays. Une maladie significative de nombreux problèmes, dont la cause est la déficience de nos régulations. Celles-ci peuvent être dans nos corps, et stimulées part des évènements ou des éléments externes, comme les perturbateurs endocriniens. Elles peuvent être d’origine psychologique, comme la boulimie et la peur de manquer. Ces ressorts peuvent à leur tour être instrumentalisés au profit d’intérêts économiques, qui poussent à consommer toujours plus pour assurer la croissance de leurs revenus. De nouveaux produits, non encore répertoriés par nos organismes, peuvent participera à cette dérégulation, à la perte de repères, surtout s’ils se consomment tout préparés et hors de repas. Le grignotage, voilà l’ennemi.
Ce n’est pas le seul. Les modes de vie, plus sédentaires, peuvent aussi être incriminés, avec des pratiques telles que la télévision qui nous cloue dans un fauteuil pendant des heures. Bref les causes sont multiples, et peuvent se transposer dans d’autres univers que l’alimentation.
L’excès de consommation peut faire notre malheur. Quand plus devient trop. Un sujet pour une épreuve au baccalauréat, et une réalité très palpable, même en dehors de la cuisine. Si on chauffe trop dans les chambres, on dort mal. La peur d’avoir froid provoque l’excès de chauffage, néfaste à la fois pour la planète et la qualité de vie des humains. Prenons aussi l’exemple des écrans de toutes natures. Nous passons trop de temps devant la télévision, les ordinateurs, les smartphones. Une addiction aux effets sur les ressources comme sur notre santé. Autre exemple : Trop de décibels, dans les boites de nuit, apportent sans doute une jouissance sur le moment, comme le petit biscuit du boulimique, mais à quel prix ! L’excès entraîne une perte de la capacité à jouir pleinement de l’audition, pourtant si porteuse émotions. L’abondance de jouets, au pied su sapin de Noël, peut aussi être source de problèmes psychologiques chez les enfants. D’une manière plus générale, la peur de manquer et le désir « d’être dans le coup » provoquent des achats inconsidérés, qui détournent des ressources des secteurs où elles manquent cruellement. Il en résulte des placards pleins d’objets qui n’ont jamais servi, pendant que la qualité de votre maison se dégrade doucement, mais surement.
Nous vivons dans une société boulimique, où la consommation, au lieu de faire notre bonheur en répondant à nos besoins, est devenue la vassale de la production. Le PIB mesure notre niveau d’activité, à travers la production, mais ne représente pas pour autant notre niveau de satisfaction, notre bien-être.
L’inverse, l’asservissement le la production à la consommation, serait une autre erreur. C’en serait fini de l’innovation, de la recherche de nouveaux plaisirs, et d’autres manières de répondre à nos besoins. Le consommateur n’achète guère que ce qu’il voit dans les magasins, et l’initiative des « producteurs » est une excellente chose. Elle permet de diversifier l’offre, et de proposer une gamme étendue de produits, plus apte à coller à une demande qui s’adapte à un monde en mouvement. Une production, en recherche des gouts et des aspirations de demain, ne peut rester attentiste. De là à imposer sa loi aux consommateurs, il y a un pas que beaucoup tentent de franchir. C’est là que l’obésité guette, quand des groupes sociaux se sentent obligés, pour être bien dans leur peau, de consommer des biens dont ils n’ont pas vraiment besoin, ou dans des doses exagérées.
Deux fois plus de bien-être en consommant deux fois moins de ressources. Telle est la feuille de route vers le développement durable. Une feuille de route ambitieuse, dont une première étape pourrait être de chasser toutes les formes d’obésité, les consommations qui font du mal à la fois à nous-mêmes et à la planète.

 

 

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