Moyenne
En ces périodes de grands programmes électoraux, les chiffres circulent abondamment. Les moyennes sont souvent citées, mais quelle confiance faut-il leur accorder ?
Voilà un indicateur commode : la moyenne. Elle nous dit si un élève est passable, et même bon ou très bon s’il dépasse largement la moyenne. Elle nous donne une température moyenne pour un hiver, très important pour évaluer les consommations en chauffage. Elle nous informe de la progression de l’ensemble de la société, en termes de pouvoir d’achat, de santé, de durée de vie, de niveau scolaire, et de bien d’autres paramètres encore. Elle permet des comparaisons, dans le temps et l’espace. Merci la moyenne.
A1ttention toutefois à ne pas en faire un mauvais usage. Elle ne dit pas tout, et l’erreur serait de s’en contenter. Les statisticiens ont d’ailleurs créé d’autres instruments pour décrire une situation, pour éviter cette facilité, qui pourrait être trompeuse. La moyenne ne nous dit pas si tout le monde est proche, rassemblé autour d’elle, ou au contraire très dispersés, avec beaucoup de monde bien loin d’elle, bien en avant et bien en arrière. A l’école, il peut y avoir des notes éliminatoires, qui apportent une réponse à cette question. La moyenne avec une très mauvaise note ne suffit pas toujours, les notes ne sont pas toutes équivalentes, il n’y a pas toujours de vases communiquant. Dans les discours, l’éloquence des orateurs peut parfois faire oublier le besoin d’un équilibre d’ensemble, et les moyennes peuvent cacher bien des disparités.
Le français moyen, qui est d’ailleurs une française, est un personnage particulier. Chaque année, il se porte mieux, gagne plus d’argent, vit plus longtemps, part en vacances, etc. Mais il ne s’en aperçoit pas. D’une part parce que les évolutions sont lentes, et qu’on ne s’en rend compte que dans la durée, mais aussi parce que peu de gens se reconnaissent dans ce français moyen. Nous sommes tous différents, avec des modes de vie et des aspirations bien à nous, notre histoire personnelle, notre culture. A trop se focaliser sur le français moyen, le risque est de ne pas voir la vie réelle, celle que nous vivons chacun de son côté. L’incompréhension prend alors corps, personne n’accepte l’image donnée de soi, cette moyenne qui est si différente de moi. Les dirigeants et les statisticiens, qui travaillent sur le grand nombre, dans leurs bureaux à Paris ou à Bruxelles, sont accusés de ne pas voir pas la diversité des situations. Le discours sur la croissance est inaudible pour tous ceux dont le salaire est gelé, ou dont l’activité périclite, ou qui perdent leur emploi. Le malentendu s’installe, faute d’avoir pris du recul vis-à-vis de la moyenne.
Il y a bien des manières d’échapper à cette dérive, mais la tentation reste forte de se satisfaire de la moyenne, c’est tellement plus simple ! Une communication rapide ne s’embarrasse pas de ces détails, soyons modernes, au diable la complexité !
Il résulté de ce raccourci deux dangereux écueils. D’une part, l’oubli de certaines catégories de population, trop éloignées de la moyenne, et d’autre part, l’uniformisation d’une société marquée par un comportement dominant. Les règles du jeu, de droit ou de fait, sont influencées par les moyennes, à ceux qui s’en éloignent de s’en accommoder.
Ce n’est pas parce que le gros des troupes est rassemblé autour de la moyenne que ceux qui en sont loin doivent être négligés. Les plus aventureux, l’avant garde en quelques sorte, pourrait de trouver freinée et empêchée d’explorer des futurs originaux, alors que nous en avons le plus grand besoin pour faire face aux défis du développement durable. Les plus fragiles, à l’écart des grands mouvements de la société, seront de plus en plus marginalisés, et exclus de fait, provoquant ainsi des drames humains et une perte pour la collectivité.
Le développement durable nous incite à favoriser la diversité des cultures, des comportements, des modes de vie. Une diversité qui présente deux grands avantages. La dispersion des pressions sur les ressources, au lieu de leur concentration, qui conduirait rapidement à des points de rupture ; la résilience de la société qui pourrait trouver des modèles de substitution à ceux qui s’avéreraient trop « insoutenables ».
La description d’une situation à l’aide de moyennes est bien commode, et conserve des vertus à ne pas négliger. Elle donne une vue générale, mais elle reste à l’échelle du « macro ». La vraie vie est au micro, et ne peut être approchée avec les mêmes instruments. Le macro est en outre peu accessible aux valeurs immatérielles, difficilement quantifiables, et par suite impossible à mettre en équations. Comme toutes les formes de notation, la moyenne est une indication parmi d’autres. Importante, certes, ne serait-ce que parce qu’elle permet de relativiser, mais pas unique.
Voilà un indicateur commode : la moyenne. Elle nous dit si un élève est passable, et même bon ou très bon s’il dépasse largement la moyenne. Elle nous donne une température moyenne pour un hiver, très important pour évaluer les consommations en chauffage. Elle nous informe de la progression de l’ensemble de la société, en termes de pouvoir d’achat, de santé, de durée de vie, de niveau scolaire, et de bien d’autres paramètres encore. Elle permet des comparaisons, dans le temps et l’espace. Merci la moyenne.
A1ttention toutefois à ne pas en faire un mauvais usage. Elle ne dit pas tout, et l’erreur serait de s’en contenter. Les statisticiens ont d’ailleurs créé d’autres instruments pour décrire une situation, pour éviter cette facilité, qui pourrait être trompeuse. La moyenne ne nous dit pas si tout le monde est proche, rassemblé autour d’elle, ou au contraire très dispersés, avec beaucoup de monde bien loin d’elle, bien en avant et bien en arrière. A l’école, il peut y avoir des notes éliminatoires, qui apportent une réponse à cette question. La moyenne avec une très mauvaise note ne suffit pas toujours, les notes ne sont pas toutes équivalentes, il n’y a pas toujours de vases communiquant. Dans les discours, l’éloquence des orateurs peut parfois faire oublier le besoin d’un équilibre d’ensemble, et les moyennes peuvent cacher bien des disparités.
Le français moyen, qui est d’ailleurs une française, est un personnage particulier. Chaque année, il se porte mieux, gagne plus d’argent, vit plus longtemps, part en vacances, etc. Mais il ne s’en aperçoit pas. D’une part parce que les évolutions sont lentes, et qu’on ne s’en rend compte que dans la durée, mais aussi parce que peu de gens se reconnaissent dans ce français moyen. Nous sommes tous différents, avec des modes de vie et des aspirations bien à nous, notre histoire personnelle, notre culture. A trop se focaliser sur le français moyen, le risque est de ne pas voir la vie réelle, celle que nous vivons chacun de son côté. L’incompréhension prend alors corps, personne n’accepte l’image donnée de soi, cette moyenne qui est si différente de moi. Les dirigeants et les statisticiens, qui travaillent sur le grand nombre, dans leurs bureaux à Paris ou à Bruxelles, sont accusés de ne pas voir pas la diversité des situations. Le discours sur la croissance est inaudible pour tous ceux dont le salaire est gelé, ou dont l’activité périclite, ou qui perdent leur emploi. Le malentendu s’installe, faute d’avoir pris du recul vis-à-vis de la moyenne.
Il y a bien des manières d’échapper à cette dérive, mais la tentation reste forte de se satisfaire de la moyenne, c’est tellement plus simple ! Une communication rapide ne s’embarrasse pas de ces détails, soyons modernes, au diable la complexité !
Il résulté de ce raccourci deux dangereux écueils. D’une part, l’oubli de certaines catégories de population, trop éloignées de la moyenne, et d’autre part, l’uniformisation d’une société marquée par un comportement dominant. Les règles du jeu, de droit ou de fait, sont influencées par les moyennes, à ceux qui s’en éloignent de s’en accommoder.
Ce n’est pas parce que le gros des troupes est rassemblé autour de la moyenne que ceux qui en sont loin doivent être négligés. Les plus aventureux, l’avant garde en quelques sorte, pourrait de trouver freinée et empêchée d’explorer des futurs originaux, alors que nous en avons le plus grand besoin pour faire face aux défis du développement durable. Les plus fragiles, à l’écart des grands mouvements de la société, seront de plus en plus marginalisés, et exclus de fait, provoquant ainsi des drames humains et une perte pour la collectivité.
Le développement durable nous incite à favoriser la diversité des cultures, des comportements, des modes de vie. Une diversité qui présente deux grands avantages. La dispersion des pressions sur les ressources, au lieu de leur concentration, qui conduirait rapidement à des points de rupture ; la résilience de la société qui pourrait trouver des modèles de substitution à ceux qui s’avéreraient trop « insoutenables ».
La description d’une situation à l’aide de moyennes est bien commode, et conserve des vertus à ne pas négliger. Elle donne une vue générale, mais elle reste à l’échelle du « macro ». La vraie vie est au micro, et ne peut être approchée avec les mêmes instruments. Le macro est en outre peu accessible aux valeurs immatérielles, difficilement quantifiables, et par suite impossible à mettre en équations. Comme toutes les formes de notation, la moyenne est une indication parmi d’autres. Importante, certes, ne serait-ce que parce qu’elle permet de relativiser, mais pas unique.
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