Gymnastique
Celle du corps est bonne pour la santé, il faut bouger, c'est ce que les autorités médicales nous répètent, obéissons leur. La gymnastique du cerveau elle aussi recommandée pour des raisons médicales, il faut lutter contre toutes les formes de dégénérescence. Elle s'avère également incontournable pour la santé de la planète.
Le développement durable est un nouveau mode de penser. Autrefois infini, le monde a atteint ses limites, les a même dépassées, mais nos esprits ont été formatés au temps du monde infini. C'est donc un effort que nous devons fournir pour passer d’un mode ancien de penser à un nouveau, apte à prendre en charge le "temps du monde fini". Une gymnastique intellectuelle que nous devons pratiquer régulièrement, car nous raisonnons souvent dans un cadre obsolète. En voici quelques exemples.
La peur de manquer nous obsède. Nous sommes inquiets de nos approvisionnements, l'accès aux ressources est la base notre économie. Aujourd'hui, ce n'est pas tant les ressources qui nous posent problème que le rejet que nous faisons après leur usage. Le cas du pétrole est d'emblématique à cet égard. Nous en avons à profusion, nous savons que nous ne pourrons pas utiliser toutes les réserves que nous avons explorées, et nous continuons à en chercher de nouvelles. Il y a bien un problème de répartition de la ressource entre les pays, un problème géopolitique, mais l'essentiel n'est pas là, ce sont les émissions de gaz à effet de serre, que nous larguons dans l’atmosphère sans parvenir, jusqu'à présent, à retourner la tendance.
2e exemple, la manière donc nous tentons de mobiliser les populations aux questions climatiques. Le discours dominant est d'inquiéter des conséquences du dérèglement, et ainsi de jouer sur la peur, voire sur la culpabilité que nous devrions avoir pour avoir mis la planète dans l'état où elle se trouve. Tout le contraire de ce qu'il faudrait pour obtenir le changement nécessaire, qui suppose que chacun ait confiance dans l'avenir et ait envie de participer à l'élaboration d'un monde nouveau.
Dans le même ordre d'idée, l'opinion générale est que l'environnement coûte cher. La transition est hors de prix et demande des investissements que nous avons bien du mal à financer. La réalité est bien différente : c'est le non-environnement qui coute cher, et l’investissement consiste essentiellement à changer la destination de ceux que nous faisons aujourd'hui.
Sur la question particulière de l’énergie nucléaire, les écologistes ce sont manifestés essentiellement sur l'arrêt des centrales actuelles. Mais l'enjeu n'est pas là, il est sur les nouvelles centrales, les EPR et les petits modules, qui absorbent justement une bonne partie des financement disponibles. La montée en puissance les énergies renouvelables, nécessaire pour assurer la transition énergétique, est très rapide, mais elle ne parviendra pas à remplacer demain les énergies fossiles, il lui faut encore quelques années. Pour tenir ce délai, la prolongation du parc ancien de centrales nucléaires est probablement incontournable. Il faut bien sûr exiger les travaux de sécurité indispensables, mais pas la fermeture anticipée de celles qui peuvent assurer la soudure avec les renouvelables. Le paradoxe et sans doute que pour éviter une nouvelle vague de centrales nucléaires, il faut conserver le potentiel actuel le plus longtemps possible.
En France, les débats politiques exacerbent nos différences. Il faut se distinguer, et même cliver, pour affirmer sa position. Montrer ses muscles semble plus important que de chercher à comprendre les autres, à engager un dialogue et de trouver un langage commun. L’individualisme prends vite une forme identitaire, avec une sorte de mise en concurrence des idées et des modes de vie. Nous avons de plus en plus de mal accepter que d'autres vivent différemment, le principe d'égalité se traduit dans les faits en uniformité, source d'ennuis bien connue, mais aussi d'intolérance et d'exclusion. Egalité et différence ne font pas bon ménage, alors que nous savons que la diversité est une source de richesse dont nous avons besoin pour affronter les défis qui nous attendent.
Pour faire face à ces défis, nous comptons de plus en plus sur la providence, un état protecteur qui nous tienne à l'écart des dangers de ce monde. Mauvaise pioche. La réponse ne peut venir que de la société tout entière, une société « apprenante ». Les États, au lieu de nous protéger, devraient nous encourager à prendre des risques, à explorer collectivement des futurs inédits, en réservant sa protection à ceux qui en ont vraiment besoin. Au concept de chef, et de solutions venant d'en haut, doit se substituer celui de président, dont la fonction consiste à tirer un maximum d’engagement de chacun d'entre nous, à faire en sorte que chacun se sente utile et apporte sa pierre au monde nouveau en construction.
Dernier exemple : la globalisation laisse penser que le niveau local est condamné. Il faut être fort pour exister dans ce monde, et les petites unités ne pourront survivre qu’en sous-traitantes ou vassales des grandes structures. C'est bien évidemment le contraire de ce qu'il faut, à moins que nous ne trouvions normal que chacun perde le pouvoir sur son propre environnement, sur sa vie. Renforcer les échelons locaux, c'est redonner confiance et fierté, et nous mettre ainsi position de jouer un rôle actif dans le grand monde. La France, autrefois grande puissance coloniale, ne représente que 1% de la population mondiale. Elle ne peut trouver sa force et sa place dans le monde qu'en cultivant ses atouts, ses particularités, et ses fromages. Le côté « village d’irréductibles gaulois », et le « Small is beautifull » sont les conditions nécessaires pour tenir une place originale dans le monde, charge à nous de les adapter au monde qui change. Global et local, même combat.
Nous pourrions allonger cette liste d’exercices de gymnastique intellectuelle, bonne pour nos neurones comme pour la planète. Il faut pour se lancer accepter de sortir de sa zone de confort, de ne plus penser comme avant. John Maynard Keynes l’avait bien dit : « le plus difficile n’est pas d’adhérer aux idées nouvelles, mais de se dégager des anciennes ».
Le développement durable est un nouveau mode de penser. Autrefois infini, le monde a atteint ses limites, les a même dépassées, mais nos esprits ont été formatés au temps du monde infini. C'est donc un effort que nous devons fournir pour passer d’un mode ancien de penser à un nouveau, apte à prendre en charge le "temps du monde fini". Une gymnastique intellectuelle que nous devons pratiquer régulièrement, car nous raisonnons souvent dans un cadre obsolète. En voici quelques exemples.
La peur de manquer nous obsède. Nous sommes inquiets de nos approvisionnements, l'accès aux ressources est la base notre économie. Aujourd'hui, ce n'est pas tant les ressources qui nous posent problème que le rejet que nous faisons après leur usage. Le cas du pétrole est d'emblématique à cet égard. Nous en avons à profusion, nous savons que nous ne pourrons pas utiliser toutes les réserves que nous avons explorées, et nous continuons à en chercher de nouvelles. Il y a bien un problème de répartition de la ressource entre les pays, un problème géopolitique, mais l'essentiel n'est pas là, ce sont les émissions de gaz à effet de serre, que nous larguons dans l’atmosphère sans parvenir, jusqu'à présent, à retourner la tendance.
2e exemple, la manière donc nous tentons de mobiliser les populations aux questions climatiques. Le discours dominant est d'inquiéter des conséquences du dérèglement, et ainsi de jouer sur la peur, voire sur la culpabilité que nous devrions avoir pour avoir mis la planète dans l'état où elle se trouve. Tout le contraire de ce qu'il faudrait pour obtenir le changement nécessaire, qui suppose que chacun ait confiance dans l'avenir et ait envie de participer à l'élaboration d'un monde nouveau.
Dans le même ordre d'idée, l'opinion générale est que l'environnement coûte cher. La transition est hors de prix et demande des investissements que nous avons bien du mal à financer. La réalité est bien différente : c'est le non-environnement qui coute cher, et l’investissement consiste essentiellement à changer la destination de ceux que nous faisons aujourd'hui.
Sur la question particulière de l’énergie nucléaire, les écologistes ce sont manifestés essentiellement sur l'arrêt des centrales actuelles. Mais l'enjeu n'est pas là, il est sur les nouvelles centrales, les EPR et les petits modules, qui absorbent justement une bonne partie des financement disponibles. La montée en puissance les énergies renouvelables, nécessaire pour assurer la transition énergétique, est très rapide, mais elle ne parviendra pas à remplacer demain les énergies fossiles, il lui faut encore quelques années. Pour tenir ce délai, la prolongation du parc ancien de centrales nucléaires est probablement incontournable. Il faut bien sûr exiger les travaux de sécurité indispensables, mais pas la fermeture anticipée de celles qui peuvent assurer la soudure avec les renouvelables. Le paradoxe et sans doute que pour éviter une nouvelle vague de centrales nucléaires, il faut conserver le potentiel actuel le plus longtemps possible.
En France, les débats politiques exacerbent nos différences. Il faut se distinguer, et même cliver, pour affirmer sa position. Montrer ses muscles semble plus important que de chercher à comprendre les autres, à engager un dialogue et de trouver un langage commun. L’individualisme prends vite une forme identitaire, avec une sorte de mise en concurrence des idées et des modes de vie. Nous avons de plus en plus de mal accepter que d'autres vivent différemment, le principe d'égalité se traduit dans les faits en uniformité, source d'ennuis bien connue, mais aussi d'intolérance et d'exclusion. Egalité et différence ne font pas bon ménage, alors que nous savons que la diversité est une source de richesse dont nous avons besoin pour affronter les défis qui nous attendent.
Pour faire face à ces défis, nous comptons de plus en plus sur la providence, un état protecteur qui nous tienne à l'écart des dangers de ce monde. Mauvaise pioche. La réponse ne peut venir que de la société tout entière, une société « apprenante ». Les États, au lieu de nous protéger, devraient nous encourager à prendre des risques, à explorer collectivement des futurs inédits, en réservant sa protection à ceux qui en ont vraiment besoin. Au concept de chef, et de solutions venant d'en haut, doit se substituer celui de président, dont la fonction consiste à tirer un maximum d’engagement de chacun d'entre nous, à faire en sorte que chacun se sente utile et apporte sa pierre au monde nouveau en construction.
Dernier exemple : la globalisation laisse penser que le niveau local est condamné. Il faut être fort pour exister dans ce monde, et les petites unités ne pourront survivre qu’en sous-traitantes ou vassales des grandes structures. C'est bien évidemment le contraire de ce qu'il faut, à moins que nous ne trouvions normal que chacun perde le pouvoir sur son propre environnement, sur sa vie. Renforcer les échelons locaux, c'est redonner confiance et fierté, et nous mettre ainsi position de jouer un rôle actif dans le grand monde. La France, autrefois grande puissance coloniale, ne représente que 1% de la population mondiale. Elle ne peut trouver sa force et sa place dans le monde qu'en cultivant ses atouts, ses particularités, et ses fromages. Le côté « village d’irréductibles gaulois », et le « Small is beautifull » sont les conditions nécessaires pour tenir une place originale dans le monde, charge à nous de les adapter au monde qui change. Global et local, même combat.
Nous pourrions allonger cette liste d’exercices de gymnastique intellectuelle, bonne pour nos neurones comme pour la planète. Il faut pour se lancer accepter de sortir de sa zone de confort, de ne plus penser comme avant. John Maynard Keynes l’avait bien dit : « le plus difficile n’est pas d’adhérer aux idées nouvelles, mais de se dégager des anciennes ».
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