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Modes et Modèle

Comportement

En matière de développement durable, il faut agir sur les deux tableaux, le hard et le soft. Il y a beaucoup à gagner en favorisant certains comportements, et les résultats peuvent être rapides.
L’autre jour, à la télévision, je vois un « conseiller énergie » à l’œuvre dans un logement. Il fait le tour des appareils ménagers, des lampes, et de tout ce qui consomme de l’énergie.

Parmi ses préconisations, figure la lutte contre les veilles. Et il chiffre la perte annuelle d’argent consécutive à la non extinction de ces feux : 1€. Voilà un bel enjeu ! Un peu de discipline, que diable, un peu d’effort, d’attention et vous gagnerez 1€. Tout cela semble dérisoire. Il y a sans doute d’autres postes de consommation où les économies sont plus intéressantes, à la fois pour le particulier et pour la collectivité. Il est toujours difficile de penser à tout, alors autant orienter vers les bons gisements. Ne nous dispersons pas.
Les veilles électriques se sont multipliées ces derniers temps, alors que l’on parvenait à grand peine à éliminer leurs cousines au gaz. On en trouve partout, si bien que l’on nous alerte sur la consommation cumulée de ces veilles : l’équivalent de la production d’une tranche de centrale nucléaire. Mais ce qui a un sens à l’échelle macroéconomique n’en a aucun à l’échelle individuelle. Il faut évidemment lutter contre ce gaspillage, mais en s’y prenant bien : en s’attaquant à la source. Pourquoi tant de veilles, sont-elles utiles, facilitent-elles la vie, ou sont-ce de simples gadgets ? Et peut-on en faire qui ne consomment rien ? L’action doit être menée là où elle a un sens, et c’est d’ailleurs ce qui se fait, par une pression continue sur les industriels. Pour le particulier, ce sera toujours compliqué, parce que toutes les veilles ne fonctionnent pas de la même manière. Celle-ci commande des services permanents, 24h sur 24, comme le téléphone ou des dispositifs de sécurité. D’autres peuvent être coupées sans problème apparent, mais est-on sûr qu’il n’y a pas des mises à jour ou autre service rendu quand les appareils dorment ?
Il y a assurément à gagner sur certains appareils, l’exemple du magnétoscope est un grand classique du genre : quand on fait le bilan, on voit qu’il a consommé 70% de son énergie au repos. Et il y a eu de gros efforts, ce chiffre était de 97% en 1996. L’action a été menée à la source, sur la qualité des équipements, et non en embêtant les gens. L’économie d’énergie ne doit pas devenir synonyme d’ascèse. Les comportements favorables à la planète ne peuvent se développer s’ils sont vécus comme des contraintes ou des punitions.
Le vieil adage des petits ruisseaux qui font les grandes rivières n’est évidemment pas faux, mais les gros ruisseaux les font plus vite que les petits. Agissons de préférence sur les gros gisements, nous verrons ensuite pour les petits. Dans la sphère domestique, une alimentation en phase avec les saisons, par exemple, constitue un véritable enjeu, et pas seulement pour l’énergie. Concentrons-nous plutôt sur ce comportement, ça vaut mieux que de disperser l’attention sur les efforts multiples et dérisoires. On trouve du plaisir à vivre avec les saisons, à redécouvrir des saveurs, on n’en trouve guère à s’obnubiler sur les veilles. Le combat sur celles-ci se mène dans d’autres sphères.
Autre action très efficace, et tout de suite : le comportement au volant. Quel dommage de ne pas avoir profité de la hausse du prix du carburant à l’automne 2012, il y a un an. Une hausse insupportable pour les ménages « captifs » de l’automobile, qui ne peuvent s’en passer compte-tenu des endroits où ils habitent et où ils travaillent. Des dizaines de kilomètres par jour en voiture, parfois plus. Un vrai stress pour les personnes concernées, et un pouvoir d’achat bien écorné. Une grosse consommation de pétrole, des émissions de gaz à effet de serre, et toutes les nuisances que produit la voiture. Le pétrole augment de quelques pour cents, et c’est la goute d’eau qui fait déborder le vase. Les manifestions se multiplient, que fait le gouvernement ? Et bien il baisse artificiellement le prix du carburant, pour 3 mois en attendant que le prix ne baisse de lui-même. Une dépense courageuse, dans un contexte budgétaire délicat. Mais une dépense idiote, qui ne résout rien dans la durée.
L’occasion était belle de changer de comportement. Tout le budget consommé aurait dû être consacré à cette mutation. Un investissement durable plutôt qu’une dépense de fonctionnement. Une conduite douce, apaisée, souple, et c’est 15% d’économies de carburant, bien mieux qu’une ristourne pendant 3 mois. En prime, une réduction de la dépendance aux importations. Les gérants des grandes flottes de véhicules l’ont bien compris. Ils ont formé leur personnel. L’argent public, dans le même ordre d’idées, aurait pu conduire à une baisse de la consommation, plutôt qu’à une baisse du prix. En finançant des heures de formation, en diffusant des conseils sur les grands médias, en mobilisant les professionnels de la voiture, garagistes, pompistes, assureurs, et bien d’autres encore, autant de faiseurs d’opinion et de conseillers sur la conduite. Mettez en plus dans le paquet le bon entretien de la voiture, la bonne pression des pneus, tout ça, c’est du comportement qu’il faut favoriser de mille manières, en les mettant à la mode et en mobilisant les professionnels qui proposent les services correspondant. Il faut ajouter le covoiturage, approche manifestement comportementale, qui permet de remplir les voitures et de réduire la consommation par homme/kilomètre parcouru. La création d’aires de regroupements, la sensibilisation des employeurs, et la mise en place de services de type plateforme Internet sont des incitations efficaces pour les changements de comportements qui feront faire de substantielles économies aux particuliers sans dégrader leur qualité de vie. Des économies bonnes pour la planète, tout le monde est gagnant, c’est ça le développement durable !

 

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