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Modes et Modèle

Alternative

 

alternatif1Le développement durable nous conduit à abandonner des modes de vie, de production et de consommation hérités du passé. Il faut pour cela trouver des alternatives et en donner envie.


Le développement durable est bien la recherche collective d’alternatives à un mode de développement qui nous entraîne dans des impasses. Point de salut dans des rafistolages de nos concepts issus d’une époque où l’on croyait que le monde était infini. Il faut chercher ailleurs, explorer le champ de possibles, et ne pas hésiter à rompre avec des traditions qui se révèlent souvent n’être que des protections pour des intérêts établis.
Bien sûr, les équilibres entre les acteurs vont changer, les cartes seront redistribuées, et les puissants d’aujourd’hui s’inquiètent. Le seront-ils encore demain ? Sans doute, s’ils utilisent leur force pour contribuer à cette exploration des futurs possibles, mais il est à craindre que beaucoup d’entre eux ne s’accrochent au passé. Ils sont alors en danger, et mettent en danger l’ensemble de la société, car les résistances à la recherche d’alternatives et les retards qu’elles entraînent se paieront cher. Des puissances émergentes, grandes entreprises ou Etats, non inféodés aux intérêts d’hier, saurant profiter des hésitations des autres pour occuper les bonnes places du futur.
Nous voyons pourtant, malgré les difficultés, des initiatives originales. Des alternatives aux solutions classiques se font jour dans de nombreux domaines. En voici quelques exemples.
Dans le domaine de l’habitat, deux adjectifs sont à l’honneur : participatif et flexible. Deux orientations distinctes, souvent évoquées mais qui sont en train de franchir une étape. L’habitat participatif est à présent reconnu par la loi. L’idée est ancienne, avec différentes formules, comme les castors ou les ensembles autogérés. Il s’agit en pratique d’offrir plus d’espace à chacun en mutualisant certaines salles pour les loisirs ou certains services, et bien sûr des espaces extérieurs. Les parties purement privatives sont ainsi agrandies des parties partagées. A l’heure où se conjuguent deux exigences contradictoires, le vœu des usagers de disposer de logements plus grands, et la recherche d’économies de ressources, notamment d’espaces, des solutions de ce type méritent d’être examinées, si ce n’est encouragées. L’obstacle institutionnel est levé par la reconnaissance officielle, et la création d’un véritable statut avec les « coopératives d’habitants » et les « sociétés d’attribution et d’autopromotion ». Il reste la dimension culturelle. L’individualisme et le besoin d’être chez soi sauront-ils s’ouvrir à des solutions hybrides, avec une part de collectif ? Il faudra sans doute du temps pour avoir une réponse, mais les conditions économiques viendront au secours de ces nouvelles possibilités. L’objectif de faire plus avec moins, plus de surface d’usage avec moins de bâti, et donc moins d’argent à investir, et moins de surface à entretenir et à chauffer. Des arguments qui comptent, et qui pourraient séduire une partie des candidats à un logement.
Parmi les espaces mutualisés, se trouvent souvent des pièces d’appoint, pour accueillir un ami ou un parent pendant quelque temps. C’est une amorce de flexibilité, qualité à laquelle s’intéressent de nombreux constructeurs. On parle de la flexibilité avec l’âge, par exemple. Les besoins changent, mais aussi la composition de la famille. Icade a ainsi conçu des appartements à géométrie variable, pourrait-on dire, mais sans qu’il soit nécessaire de pousser les murs. Des espaces de vie indépendants qui peuvent être rajoutés aux appartements principaux en fonction des besoins. C’est le concept Bihome®. A l’occasion du récent congrès de l’USH, Eiffage Construction a présenté un autre concept, FLEXI+, permettant d’adapter la configuration et le programme d’un ensemble immobilier en fonction du contexte physique et social. La diversité des logements peut ainsi être proposée, qui permettrait de concevoir de véritables parcours résidentiels dans le même immeuble ou le même quartier, en fonction de l’âge. Bref, l’adaptabilité devient une dimension de la construction moderne de logements, comme elle l’est depuis longtemps pour les bureaux. Voilà une alternative qui se porte bien.
L’économie de fonctionnalité est une autre alternative. Souvent évoquée dans ce blog, elle consiste à privilégier l’usage, alors que la tradition nous a conduits, le plus souvent, à privilégier la propriété. Qu’y a-t-il de plus important, de disposer d’une voiture quand on en a besoin, ou d’en être le propriétaire ? Sans doute le deuxième choix répond-il au premier, mais avec deux défauts : ce sera toujours la même voiture, quel que soit le besoin (ville, route, nombre de passagers, volume de bagage, etc.), et il faut en assurer la propriété tout le temps, c’est à dire surtout quand elle ne sert pas. Ça coûte cher, et c’est des soucis. Quel bonheur d’en être dispensé ! Tout le monde y gagne, les personnes intéressées et la collectivité qui voit une seule voiture satisfaire les besoins d’un tas de gens. Une économie pour les individus et pour la collectivité. Voilà une alternative qui se développe avec les différentes formes de partage, auto partage, location de courte durée sous diverses formes, covoiturage. Le partage peut s’opérer pour de nombreux appareils qui ne servent qu’épisodiquement. Les agriculteurs sont depuis des années imaginé des coopératives pour le gros matériel, pour ne prendre qu’un exemple.
Le développement de ces alternatives, à peine esquissées avec quelques exemples dans cette note, dépend de nombreux facteurs. Il y a l’état des techniques, les dispositions juridiques, et surtout l’état d’esprit des intéressés. Les progrès ne pénètrent la société que s’ils sont attendus. La recherche d’autres modèles que ceux où nous avons vécus jusqu’à présent est un impératif, mais il faut en avoir envie. Sur ce point, il n’y a pas d’alternative.

 

 

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