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Mesurer et compter

Sondage

 

En périodes électorales, les sondages sont légion et occupent la Une des journaux. Ils donnent également des indications utiles sur la perception des politiques d’environnement et leur mise en pratique.
La contradiction est reine. Il y a bien trop de fonctionnaires, affirme-t-on dans les sondages, mais « je voudrais que mes enfants soient fonctionnaires » reste majoritaire d’après d’autres sondages, ou peut-être même les mêmes.

L’opinion est ainsi faite qu’elle diffère selon le point de vue où on se place. Attention aux interprétations trop rapides !
En matière d’environnement, l’écart est toujours important entre les préoccupations générales et celles que chacun ressent chez soi. La livraison 2014 de la plateforme Environnement de l’enquête (INSSE) de conjoncture auprès des ménages en fournit quelques illustrations. On a beau dire qu’il y a « trop d’Etat », les pouvoirs publics sont désignés comme les premiers qui devraient agir pour la protection de l’environnement, loin devant les entreprises et les particuliers.
Quels sont les problèmes les plus préoccupants en matière d’environnement ? L’effet de serre et la pollution de l’air. Viennent ensuite la pollution de l’eau et la prolifération des déchets ménagers, et loin derrière la perte de biodiversité et la gêne due au bruit. Mais chez vous, dans votre quartier, quels sont les problèmes qui se posent ? C’est alors le bruit qui arrive en tête, talonné par le manque de transports en commun, avec bien derrière la pollution de l’air. Local et global, deux points de vue qui ont chacun leur légitimité, mais qui ne sont pas pour autant en cohérence. La planète et la vie quotidienne.
Il faut aborder les deux échelles à la fois, et éviter surtout que l’amélioration qui serait perceptible ici ne se traduise là par une dégradation, et bien sûr réciproquement. Une nécessité résumée dans la fameuse expression « Pensez globalement, agir localement ». Il est clair en effet que la vision globale est incontournable pour une bonne compréhension du problème et de ses conséquences, mais qu’elle n’apporte pas les clés du comportement et du choix de chaque décideur. Ceux-ci sont sous l’influence du contexte local, tant physique que culturel. Le discours général est utile pour sensibiliser, et les sondages s’en font l’écho, mais le « passage à l’acte » est d’une autre nature. Les publicitaires le savent bien, qui agissent sur les deux plans : spots télévisés et affichage d’une part, et mobilisation des relais locaux d’autre part, pour stimuler la force de vente, en contact direct avec le consommateur. Il en est de même pour les grandes causes environnementales : une information pour sensibiliser et montrer l’importance du sujet, et une action locale pour aider sur le terrain à faire évoluer les pratiques. Les « ambassadeurs du tri » ont été un bon exemple de cette « force de vente » sans laquelle les beaux discours restent des beaux discours, et chacun fait comme avant.
L’enquête citée ci-dessus illustre ce décalage entre les politiques affichées et la pratique. Malgré tous les plans et toute la communication autour de la rénovation thermique des logements, la volonté d’investir dans ces travaux est en baisse de 5 points de 2008 à 2013. La sensibilisation ne suffit pas à déclencher l’action, loin de là. C’est tout l’intérêt des approches transversales de combiner des améliorations d’ordre général, dont la planète sera le premier bénéficiaire, et d’autres au profit des habitants. La HQE, haute qualité environnementale des bâtiments allie ainsi des volets sur les grands équilibres, à différentes échelles comme l’effet de serre et l’écoulement des eaux pluviales, et sur la santé et le confort des occupants, qualité acoustique, qualité de l’air intérieur, qualité des lumières. Un spectre large qui permet à chacun de trouver l’approche à laquelle il est le plus sensible.
Toujours la même enquête montre la résistance des français à des orientations qui seraient pourtant nécessaires, comme la réduction de l’usage de la voiture individuelle. Que faudrait-il pour que vous utilisiez moins votre voiture ? Plus de transports en commun et de pistes cyclables, une augmentation du coût d’utilisation de votre voiture ? Oui, un peu, mais pour plus d’un tiers des sondés, rien de tout cela ne changera leurs habitudes. Les réponses sont sans doute dans des champs plus profonds, aménagement du territoire et modèles culturels. Des actions de longue haleine, à prendre comme telles, comme la politique de sécurité routière qui a permis de diviser par presque 6 le nombre de morts sur les routes en 40 ans. Mieux que le facteur 4 !

 

On trouvera  ici le compte-rendu de l'enqête publié par le Commissariat général au Développement durable.

 

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