Périmètre
Les évaluations de performances écologiques ou de « durabilité » sont toujours délicates. Il y a de nombreux facteurs à intégrer, et on a du mal à savoir où ça s’arrête. La question du périmètre de l’observation se pose inévitablement. La multiplication d’éco quartiers alimente la réflexion sur ce point.
Déjà pour les maisons la question du périmètre s’est posée. Que doit-on incorporer comme type de Consommation d’énergie, comment distinguer ce qui relève de la Qualité du bâtiment de la demande au titre des activités qu’il accueille ? Mais le débat nous conduit plus loin. On a beaucoup parlé des bâtiments à énergie positive, BEPOS, on a parlé des écoquartiers ou Quartiers durables, et on sent à présent poindre le concept de quartier à énergie positive.
De même que la HQE des bâtiments a été boostée (et bousculée) par les certificats centrés sur l’énergie (BBC et BEPOS) les écoquartiers, sous la pression notamment des Plans climat territoriaux, vont devoir atteindre de hauts niveaux de performance énergétique, jusqu’à devenir des quartiers à énergie positive. D’autres formes d’évolution pourraient s’imaginer à partir de l’empreinte écologique(voir sur ce point la chronique Hectare) ou du bilan Carbone.
Un quartier à énergie positive n’est pas la simple juxtaposition de bâtiments BEPOS. Le changement d’Echelle n’est pas anodin. Il permet d’optimiser les échanges d’énergie (production et consommation) à une échelle plus intéressante que l’immeuble, mais il conduit, en contrepartie, à intégrer de nombreuses fonctions, celles comprises dans chaque bâtiment et l’ensemble des services urbains. On va ainsi intégrer dans le périmètre l’Eclairage public, les déchets (collecte et valorisation) et l’assainissement (récupération de calories sur les réseaux par exemple), les transports afférents au quartier, et différents services tels que le nettoyage des rues et l’entretien des espaces collectifs. Une vision extensive pourrait inclure l’alimentation des habitants et usagers du quartier, (en poussant le concept d’Agriculture urbaine). Les conséquences de ce changement d’échelle sont multiples : A titre d’illustration, on parle couramment aujourd’hui des batteries des voitures électriques comme capacité de stockage de l’énergie photovoltaïque produite par les bâtiments.
Pour les bâtiments, il a fallu déterminer les consommations d’énergie à prendre en compte dans les certificats d’immeubles, chauffage, éclairage, Ascenseur, etc. Les consommations liées à des activités dans les bâtiments ont été exclues du Calcul, avec parfois bien des difficultés (prise en compte des calories émises par les Équipements notamment).
Il va falloir choisir un périmètre pertinent pour les quartiers à énergie positive. Quelles sont les consommations d’énergie directement reliées à la conception du quartier ? Comment intégrer dans le bilan les productions et consommations spécifiques, quels types de déplacement doit-on prendre en compte, etc.
L’autonomie énergétique d’un quartier n’est pas plus pertinente que celle d’un immeuble, et de nombreuses critiques peuvent être apportées à ce concept. Elle n’en constitue pas moins un challenge et une manière de responsabiliser les habitants, et on sait la part des comportements dans les performances atteintes.
Aujourd’hui des Labels environnementaux sortent (HQE aménagement, trophées du SNAL, etc.) ou sont annoncés (par le ministère de l’écologie pour les quartiers durables, pour 2012). Les labels étrangers « bâtiments » (BREEAM, LEED, etc.) ont tous dérivé vers les quartiers. Le pari est raisonnable de voir le label BEPOS changer d’échelle lui aussi, et il faut s’y préparer.
La question du périmètre se pose de deux manières complémentaires : les données à intégrer et les Limites géographiques du champ d’observation. Une approche Intégrée combine inévitablement de nombreux paramètres, et conduit à ne retenir qu’un territoire géographique précis, comme siège pour l’établissement des bilans. Le Choix des limites de ce territoire n’est pas sans conséquences. L’empreinte écologique est souvent évaluée pour des Villes. Le calcul est Utile s’il permet de distinguer les enjeux Forts, de voir où doivent porter les priorités. Il est plus délicat d’interprétation dans l’Absolu, car le territoire qui bénéficie de l’influence et des services de la ville est bien plus étendu que ce que laisse présumer son périmètre administratif.
Le « bon périmètre » n’existe donc pas dans l’absolu, pas de religion en la matière. Retenons que c’est une affaire d’opportunité, pour ne pas dire d’opportunisme. A quoi sert cette évaluation, qui va s’en servir, comment la traduire en actes concrets sur la base de challenges, à qui ces challenges seront-ils proposés ? Les indicateurs comme les périmètres de leur calcul sont des outils de gouvernance, laissons aux pilotes de ladite gouvernance le soin de les choisir et de les ajuster à leur convenance.
Chronique mise en ligne le 23 juillet 2011
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