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Mesurer et compter

Particules

Les particules ne sont pas qu'affaire de littérature. Elles nous entourent de tous les côtés, et jouent un rôle déterminant sur le climat. Il faut parfois aller très loin pour s'en rendre compte.

Déjà, la découverte en 1985 du fameux trou dans la couche d'ozone, et les interrogations soulevées dans le courant des années 1980 par les pluies acides avaient alerté la communauté scientifique internationale.
1991 : L'éruption du Pinatubo, volcan Philippin, achève de mettre en évidence à la fois l'importance des particules en circulation dans l'atmosphère et la faiblesse de nos connaissances dans ce domaine.

Il ne s'agit pas ici de celles que nous respirons, aux basses altitudes, à hauteur de nez, mais de celles qui transitent bien au dessus de nous, dans la troposphère (première couche d'une épaisseur d'environ 10 km), et la stratosphère, au-dessus. Ces particules restent une bonne semaine en moyenne dans la troposphère, mais, si elles sont émises avec assez de puissance pour atteindre la stratosphère, elles peuvent y séjourner plusieurs années, comme les émanations du Pinatubo.
Elles ont un rôle climatique considérable, mais encore mal connu malgré une dizaine d'années de recherches intenses. Le champ est immense, avec des effets directs sur les rayonnements solaires, et indirects sur les nuages et la pluie. Le bilan global de ces "aérosols" particules de 0,1 à 10 µ en suspension dans l'air, est un refroidissement de la planète : le phénomène masque en partie le réchauffement.
Les particules carbonées, issues pour l'essentiel de la combustion de la biomasse à Terre, retiennent et accumulent la chaleur en absorbant les rayons du Soleil, tandis que d'autres, plus claires comme la silice provenant des déserts ou le sel arraché à la Mer, reflètent les mêmes rayons et renvoie l'énergie dans les hauteurs. En outre, les particules modifient la composition physique des nuages, la taille des goutelettes d'eau qui les constituent, leur pouvoir réfléchissant. Elles en augmentent la durée de vie en retardant leur transformation en pluie.
L'équation climatique est complexe, avec une interaction forte entre les émissions carbonées, les particules de toutes natures, et l'eau dans tous ses états dans l'atmosphère : gazeux, liquide, solide. L'eau nous est tellement familière qu'elle n'a pas déclenché la même ardeur de recherche. Nous ne disposions pas non plus des techniques et des instruments nécessaires. Son rôle et son comportement dans l'atmosphère ne sont devenus que récemment un thème fort de la recherche internationale, en liaison avec le GIEC, groupe international d'étude du climat. Des dispositifs de mesure et d'observation se mettent en place, à base de radars laser, qui analysent la quantité et la nature des aérosols selon l'altitude.
Dans ce cadre, les points de mesure exempts de toute pollution locale offrent des sites privilégiés. L'air pur au sol est un atout précieux pour mieux comprendre ce qui se passe au dessus. Le saviez-vous ? C'est sur le territoire français que l'on trouve l'Air le plus pur du monde. A Amsterdam, précisément, île de 55 km2, 40°S, 77°E, à la Charnière entre deux climats, tropical et austral, soumise aux grands Vents et aux grands courants marins de l'hémisphère Sud. Amsterdam fournit au monde l'étalon de l'air pur, dégagé de toutre pollution locale. C'est un peu comme pour l'astronomie, il faut aller loin des zones éclairées pour voir les étoiles. A défaut les ambiances locales occultent tout ce qui se passe dans l'atmosphère et dans l'espace. Les otaries d'Amsterdam deviennent ainsi des oies du capitole, gardiennes d'un temple pour l'étude de la physique de l'atmosphère. Autres temps autres moeurs !

Merci à Yann Courcoux et à Valentin Duflot, ingénieur et thésard à l'observatoire de physique de l'atmosphère de la Réunion, de leurs précieuses informations sur l'état de leur science.

Chronique rédigée à bord du Marion Dufresne, le 14 septembre 2009, publiée sur le Moniblog.

 

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