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Mesurer et compter

Mieux

mieuxLe développement durable revient souvent à substituer un substantif à un autre : mieux à la place de plus. Voilà une manière de créer plus de richesses en prélevant moins de ressources.

Mieux est souvent associé à « plus cher ». Le développement durable est une affaire de riches, en déduirait-on aisément, si cela était vrai. Ce n’est pas le cas, vous l’aurez compris et cela pour deux raisons au moins.

La première tient au processus mêmes de l’innovation. Celle-ci s’opère le plus souvent sous la pression, une attente de la société, une pénurie de matières ou de main d’œuvre, une concurrence redoutable, une interdiction administrative ou un rejet de l’opinion, etc. Il faut trouver des réponses originales et relever des défis. L’environnement a souvent été un de ces défis à surmonter, avec l’obligation faite à un industriel, par exemple, de mettre fin à une pollution. Une pression qui condamne, si l’on peut dire, l’industriel à innover, ce qu’il fait avec de nombreuses retombées positives, et pas seulement dans le champ du défi initial. Réciproquement, de nombreux progrès environnementaux ont été obtenus dans une démarche générale de modernisation, celle-ci étant rarement monothématique.
Les industriels des matériaux de construction viennent d’en apporter une illustration. Une enquête auprès de leurs adhérents, intitulée « Bâtiment et innovation (1) » présente onze innovations sources à la fois d’économies et de performances environnementales ou énergétique. 10% moins cher, et 15% de performance énergétique en plus. Ici, ce sont des façades ou des cloisons de séparation avec des pièces non chauffées, conçues avec de nouvelles techniques et qui permettent d’obtenir une meilleure efficacité tout en coûtant moins cher ; là c’est un système de récupération d’énergie, sur les calories de l’eau de votre douche ou celles qui s’accumulent sous les tuiles de votre toit, qui permettent d’économiser de l’énergie et de faire des économies. Les innovations concernent tous les aspects du bâtiment, et s’appliquent pour la rénovation comme pour la construction neuve.
Le double dividende, financier et écologique, est souvent triple ou quadruple. Ces nouvelles techniques permettent aussi, pour certaines au moins, d’améliorer la vie sur le chantier : plus rapide, moins pénible pour les personnels, plus performant en consommation d’eau et de matières. Pour revenir sur l’exemple des façades, les panneaux proposés, outre une meilleure performance technique, permet de gagner 25% de temps sur le chantier et de réduire de 15% la consommation de matériaux, le tout pour un prix inférieur de 15 à 20%. Une autre forme de gain concerne les surfaces habitables : des matériaux plus performants demandent moins d’épaisseur et font gagner des mètres carrés.
Mieux peut donc bien être moins cher. Il faut pour cela changer ses habitudes, et se former : c’est le prix à payer.
La seconde raison est que la qualité permet souvent de consommer moins. Les prix unitaires sont parfois plus élevés, mais ils portent sur de plus petites quantités. La HQE, haute qualité environnementale, en est une illustration bien documentée. Les études préliminaires, celles qui permettent de bien cerner le besoin et de définir la commande, en constituent la première étape, et associent l’exigence de performance et l’adéquation aux besoins. De nombreux maîtres d’ouvrage peuvent en attester : en analysant finement la demande, selon le système de management de la HQE, ils ont éliminé de nombreux besoins parasites, sans intérêt, et réduit ainsi les surfaces nécessaires. Des réductions substantielles, souvent de plus de 10%, qui se font sentir à la fois sur l’investissement initial et sur les frais d’exploitation et de maintenance, pendant toute la durée de vie du bâtiment.
Et puis il y a l’obésité déjà abordée dans ce blog. Des consommations boulimiques, qui n’ont que des défauts, et qui concernent le plus souvent que des produits de qualité médiocre. Quittons le bâtiment et passons à la cuisine. Manger plus est une des maladies de nos civilisations occidentales, et tous les nutritionnistes vous le diront : mieux vaut un peu de viande de bonne qualité, que beaucoup de mauvaise qualité. L’environnement et les agriculteurs ne s’en porteront que mieux. En maîtrisant le besoin, on peut s’offrir la qualité, se porter mieux, réduire son « empreinte écologique » et faire des économies. Un exemple alimentaire que l’on peut décliner dans de nombreux autres domaines, trop d’heures passées devant des écrans par exemple.
Mieux, voilà donc une des balises sur la voie du développement durable. Mieux connaître ses besoins et ses envies, pour les satisfaire avec des produits et des services de qualité, meilleurs pour l’environnement et plus économiques.

 

1 AIMCC : Enquête « Bâtiment et Innovation », Comment concilier transition énergétique et baisse des coûts ?
11 exemples concrets, Février 2015

 

 

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