Capteur
Notre monde connecté nous fournit des informations, mais il a aussi besoins de plus en plus de données, et donc de capteurs pour les enregistrer. Et nous serons de plus en plus nous-mêmes les capteurs.
Chaque jour, la météo utilise 40 millions d’observations satellitaires, mais aussi des millions de données recueillies par des stations au sol, des radiosondages, des radars, des capteurs embarqués sur des avions de ligne et des navires de commerce, ou sur des bouées. La part des données provenant des utilisateurs eux-mêmes est importante, et prend de plus en plus de place. Une expérimentation pour inclure les automobiles dans ce réseau de capteurs est en cours. Pour la circulation routière, Waze illustre parfaitement la place des usagers dans la collecte de l’information. Celle-ci devient collaborative, et finit par se substituer à celle qu’effectuait traditionnellement les pouvoirs publics. Les automobilistes ont tellement entendu Bison Futé qu’ils sont devenus futés à leur tour.
Les positions de producteur et consommateur se rapprochent. Au-delà de l’autoconsommation, comme le jardinage à des fins personnelles, le consommateur devient aussi un producteur. Un producteur de données, un producteur d’énergie, par exemple en revendant de l’électricité photovoltaïque, de services divers, dans le cadre d’un système d’échange local, SEL(1). En matière d’informations la généralisation des connexions Internet fait de nous des fournisseurs tout désignés. Tous capteurs, pourrions-nous dire.
Parfois, c’est l’usage d’un équipement qui permet à une centrale de savoir où nous sommes. Les cartes bancaires et les téléphones portables sont souvent cités. De plus en plus, la simple possession d’un objet suffit à nous localiser, et à transmettre d’autres informations. L’application Ambiciti (2) a pour but de vous renseigner sur la pollution de l’air et le niveau sonore dans votre ville, à l’échelle de la rue, et actualisé au cours de la journée. Elle vous suggère l’itinéraire le moins exposé aux pollutions atmosphériques et sonores. C’est avec le micro des smartphones que chacun contribue au recueil des niveaux de bruit et à la cartographie qui en résulte.
Il faut donc nous y faire, nous sommes tous des capteurs, fixes ou ambulants, volontaires ou non, pour notre usage direct ou pour un usage plus large, dont nous devons, en principe, bénéficier.
Une polémique de développe actuellement sur le compteur Linky. Encore un capteur, fixe, et porteur d’informations. Certains craignent qu’un mauvais usage en soit fait. Ils n’ont pas tort, mais la question n’est pas propre à Linky. Il y a eu moins de polémique sur les box Internet, et pourtant… Nous sommes des capteurs et que font les destinataires des informations qu’ils recueillent ? Sont-elles sécurisées, ne servent-elles réellement qu’à l’amélioration du service dont nous bénéficions ? La question est générale, et concerne notre carte bancaire, nos commandes par Internet, et tous les actes que nous pouvons faire avec un objet connecté. Et ils seront de plus en plus nombreux.
La connexion n’est pas pour autant intrinsèquement mauvaise. Comme la langue d’Esope, c’est la meilleure et la pire des choses. Il faut juste se préserver des mauvais usages des informations collectées. Reprenons le cas de Linky, qui fait couler beaucoup d’encre. Il est connecté par les réseaux filaires, électriques puisqu’il s’agit de fournir de l’électricité. La loi Informatique et liberté protège le consommateur, mais il y a toujours un risque de piratage, voire de changement d’opérateur ou de régime, qui ferait qu’un fonctionnement anodin ne devienne dangereux. Le risque vaut-il la peine d’être couru, même s’il est faible ?
L’avantage mis en avant dans la communication d’ENEDIS (ex ErDF) est la commodité. Plus besoin de relevé, suivi en continu de sa consommation, changement de puissance souscrite immédiate et sans intervention sur le site. Il en est un autre dont il n’est pas fait état. La connaissance des grands flux d’électricité est indispensable pour gérer le réseau et conserver un équilibre permanent entre la production et la consommation. Avec l’émergence des énergies renouvelables, l’exercice se complique, et doit être géré au plus près des acteurs, producteurs locaux et consommateurs. Une connaissance fine des appels de puissance et des apports sur le réseau basse tension est la condition du succès. Jusqu’à présent, les informations dont le distributeur, ErDF devenu ENEDIS, disposait concernaient essentiellement la haute et la moyenne tension. Il faut passer à l’étage en-dessous, à la basse tension, et Linky pourra apporter aux gestionnaires des réseaux les données nécessaires sur la consommation, comme celles des producteurs d’électricité décentralisée (solaire et éolienne) les apporte sur la production. La décentralisation de la politique d’électricité conduit à rechercher une information fine sur la consommation, et Linky répond à cette attente. Le reproche qui est fait parfois à Linky, à l’encontre des critiques sur la confidentialité, est que les données recueillies ne soient pas mises à disposition des innombrables start-up susceptibles de trouver des réponses originales à la question des économies d’énergie, ENEDIS étant préoccupé essentiellement sur l’écrêtement des pointes.
Notre nouveau statut de capteurs, souvent involontaires, est parfois déroutant, voire inquiétant. Il ira très vraisemblablement en augmentation, et permettra de nombreuses économies, notamment d’énergie. Il a des points faibles, une vulnérabilité qu’il convient de réduire. Il serait dommage de ne pas profiter de tous les avantages de cette nouvelle situation, pour notre vie quotidienne comme pour la planète. Plutôt que de lutter contre le courant, c’est sur la consolidation des garanties offertes qu’il convient de porter l’effort, pour engranger les bons côtés en évitant les mauvais.
1 - Voir par exemple www.selfrance.org ou www.seldeparis.org
2 - La startup Ambiciti a été créée à Paris et se déploie dès aujourd'hui dans de nombreuses villes européennes et américaines ; http://ambiciti.io
Chaque jour, la météo utilise 40 millions d’observations satellitaires, mais aussi des millions de données recueillies par des stations au sol, des radiosondages, des radars, des capteurs embarqués sur des avions de ligne et des navires de commerce, ou sur des bouées. La part des données provenant des utilisateurs eux-mêmes est importante, et prend de plus en plus de place. Une expérimentation pour inclure les automobiles dans ce réseau de capteurs est en cours. Pour la circulation routière, Waze illustre parfaitement la place des usagers dans la collecte de l’information. Celle-ci devient collaborative, et finit par se substituer à celle qu’effectuait traditionnellement les pouvoirs publics. Les automobilistes ont tellement entendu Bison Futé qu’ils sont devenus futés à leur tour.
Les positions de producteur et consommateur se rapprochent. Au-delà de l’autoconsommation, comme le jardinage à des fins personnelles, le consommateur devient aussi un producteur. Un producteur de données, un producteur d’énergie, par exemple en revendant de l’électricité photovoltaïque, de services divers, dans le cadre d’un système d’échange local, SEL(1). En matière d’informations la généralisation des connexions Internet fait de nous des fournisseurs tout désignés. Tous capteurs, pourrions-nous dire.
Parfois, c’est l’usage d’un équipement qui permet à une centrale de savoir où nous sommes. Les cartes bancaires et les téléphones portables sont souvent cités. De plus en plus, la simple possession d’un objet suffit à nous localiser, et à transmettre d’autres informations. L’application Ambiciti (2) a pour but de vous renseigner sur la pollution de l’air et le niveau sonore dans votre ville, à l’échelle de la rue, et actualisé au cours de la journée. Elle vous suggère l’itinéraire le moins exposé aux pollutions atmosphériques et sonores. C’est avec le micro des smartphones que chacun contribue au recueil des niveaux de bruit et à la cartographie qui en résulte.
Il faut donc nous y faire, nous sommes tous des capteurs, fixes ou ambulants, volontaires ou non, pour notre usage direct ou pour un usage plus large, dont nous devons, en principe, bénéficier.
Une polémique de développe actuellement sur le compteur Linky. Encore un capteur, fixe, et porteur d’informations. Certains craignent qu’un mauvais usage en soit fait. Ils n’ont pas tort, mais la question n’est pas propre à Linky. Il y a eu moins de polémique sur les box Internet, et pourtant… Nous sommes des capteurs et que font les destinataires des informations qu’ils recueillent ? Sont-elles sécurisées, ne servent-elles réellement qu’à l’amélioration du service dont nous bénéficions ? La question est générale, et concerne notre carte bancaire, nos commandes par Internet, et tous les actes que nous pouvons faire avec un objet connecté. Et ils seront de plus en plus nombreux.
La connexion n’est pas pour autant intrinsèquement mauvaise. Comme la langue d’Esope, c’est la meilleure et la pire des choses. Il faut juste se préserver des mauvais usages des informations collectées. Reprenons le cas de Linky, qui fait couler beaucoup d’encre. Il est connecté par les réseaux filaires, électriques puisqu’il s’agit de fournir de l’électricité. La loi Informatique et liberté protège le consommateur, mais il y a toujours un risque de piratage, voire de changement d’opérateur ou de régime, qui ferait qu’un fonctionnement anodin ne devienne dangereux. Le risque vaut-il la peine d’être couru, même s’il est faible ?
L’avantage mis en avant dans la communication d’ENEDIS (ex ErDF) est la commodité. Plus besoin de relevé, suivi en continu de sa consommation, changement de puissance souscrite immédiate et sans intervention sur le site. Il en est un autre dont il n’est pas fait état. La connaissance des grands flux d’électricité est indispensable pour gérer le réseau et conserver un équilibre permanent entre la production et la consommation. Avec l’émergence des énergies renouvelables, l’exercice se complique, et doit être géré au plus près des acteurs, producteurs locaux et consommateurs. Une connaissance fine des appels de puissance et des apports sur le réseau basse tension est la condition du succès. Jusqu’à présent, les informations dont le distributeur, ErDF devenu ENEDIS, disposait concernaient essentiellement la haute et la moyenne tension. Il faut passer à l’étage en-dessous, à la basse tension, et Linky pourra apporter aux gestionnaires des réseaux les données nécessaires sur la consommation, comme celles des producteurs d’électricité décentralisée (solaire et éolienne) les apporte sur la production. La décentralisation de la politique d’électricité conduit à rechercher une information fine sur la consommation, et Linky répond à cette attente. Le reproche qui est fait parfois à Linky, à l’encontre des critiques sur la confidentialité, est que les données recueillies ne soient pas mises à disposition des innombrables start-up susceptibles de trouver des réponses originales à la question des économies d’énergie, ENEDIS étant préoccupé essentiellement sur l’écrêtement des pointes.
Notre nouveau statut de capteurs, souvent involontaires, est parfois déroutant, voire inquiétant. Il ira très vraisemblablement en augmentation, et permettra de nombreuses économies, notamment d’énergie. Il a des points faibles, une vulnérabilité qu’il convient de réduire. Il serait dommage de ne pas profiter de tous les avantages de cette nouvelle situation, pour notre vie quotidienne comme pour la planète. Plutôt que de lutter contre le courant, c’est sur la consolidation des garanties offertes qu’il convient de porter l’effort, pour engranger les bons côtés en évitant les mauvais.
1 - Voir par exemple www.selfrance.org ou www.seldeparis.org
2 - La startup Ambiciti a été créée à Paris et se déploie dès aujourd'hui dans de nombreuses villes européennes et américaines ; http://ambiciti.io
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