Logement
« L’habitation ne répond pas seulement à la fonction de se loger, c’est un marqueur social qui étaye les représentations que l’on a de sa position sociale ». C’est le CREDOC (1) qui nous le dit, soulignant ainsi l’importance du logement dans la vie de chacun. On pense aux « quartiers », sensibles ou dégradés selon la manière dont on les nomme, et aux difficultés qu’ont leurs ressortissants pour assumer leur adresse lors d’un entretien d’embauche par exemple. Les « représentations » fonctionnent assurément dans les deux sens, dans la tête du candidat comme dans celle du recruteur. Et symétriquement, la qualité du logement est un enjeu fort d’attractivité des territoires (2). Il s’agit là de l’emplacement du logement, et de son environnement immédiat.
Le logement lui-même, à l’intérieur, est un objet de satisfaction ou de frustration. On s’y sent bien ou au contraire, on est à l’étroit, on se plaint du bruit des voisins, ou encore on y a trop chaud l’été, trop froid l’hiver. Humidité, vétusté, absence d’entretien, locaux poubelles inadaptées, sont des problèmes bien connus, marqueurs de qualité de gestion des habitations, collectives ou individuelles. Mais il y a des paramètres liés à la conception même des logements : Appartements traversants ou non, exposition et accès à la lumière du jour, etc.
Les appréciations portent sur un tas de paramètres, d’ordre très différent. Qualitel a créé un indice de qualité du logement composé de 17 critères alliant confort, sécurité, montant des charges et agencement intérieur notamment.
Prenons la taille du logement. Paramètre d’autant plus sensible qu’elle a tendance à se réduire au fil des ans dans la construction neuve. Ils sont trop petits pour 20% des français (3). 6 sur 10 voudraient même une pièce en plus, 7 sur 10 dans les appartements, contre 4 dans les maisons individuelles. Le confinement a révélé des besoins nouveaux : un tiers des français estiment que leur logement n’est pas adapté au télétravail. Une pièce pour chaque enfant semble indispensable. Et la cuisine est trop petite : Dans la moitié des cas, il n’y a pas de place pour des poubelles de tri sélectif, et dans un quart, pas assez pour un lave-vaisselle.
L’agencement des pièces est un autre point sensible. Forte demande pour des pièces dites « à vivre » plus grandes, même au détriment des chambres. Gros besoin aussi d’espaces de rangement, critère de qualité décisif, à mettre au regard de l’offre récente : Les 2/3 des logements construits avant 2010 disposent d’une cave ou d’un grenier, 1/3 seulement pour ceux qui ont été construits après.
L’adaptabilité est une réponse à la question de l’agencement, avec notamment la possibilité de jouer sur les cloisons. Une question particulièrement importante pour répondre au besoin des personnes âgées de rester chez elles le plus longtemps possible.
La surface est importante, mais aussi la hauteur sous plafond. Alors que la taille moyenne des français s’est accrue de 7 cm au cours des 60 dernières années, la hauteur sous plafond des appartements a baissé de 27 cm ! Les plus jeunes n’apprécient guère. Le volume, l’espace ressenti, sont des paramètres importants de satisfaction.
Il y a enfin le prestige, lié à l’emplacement évoque plus haut, mais aussi aux « prestations » ou autre caractéristique comme une entrée en marbre ou un super cuisine toute équipée. La fierté est un sentiment qui fait du bien. Elle contribue aussi à la confiance en soi : « vivre dans un logement dégradé nuit à l’image que l’on a de soi-même » précise le CREDOC. Aux mauvaises conditions physiques, surpopulation, vétusté, manque d’entretien, confort et hygiène précaires, s’ajoute donc un volet psychologique sur fond d’humiliation. Une double peine, et surtout une double montagne à escalader pour « s’en sortir ».
Il n’y a donc pas que le climat qui doit inspirer des politiques de logement, qu’il s’agisse de rénovation ou de construction neuve. La raison d’être d’un logement est d’offrir un cadre de vie agréable à ses occupants, pas de faire des économies d’énergie, qui n’est qu’une contrainte à intégrer.
1 - L’étude « Consommation et mode de vie » 2015 du CREDOC (Centre de recherche pour l'étude et l'observation des conditions de vie) approfondit notamment la question des effets de la crise du logement sur la société française.
2 - Selon l’enquête IPSOS pour le baromètre Qualitel 2019.
3 - Selon l’enquête IPSOS pour le baromètre Qualitel 2020
Photo : Breno Assis / Unsplash.
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