HQE
L'actualité du bâtiment s'écrit souvent avec des lettres, comme BBC ou HQE. Zoom sur la HQE, comme illustration de démarches de développement durable.
Trois lettres, et trois mots derrière : voilà bien une entorse à la règle de ce site, qui concentre chaque chronique sur un seul mot ! Oui, mais la HQE a pris son indépendance, on parle d’ailleurs souvent du HQE, c’est devenu un mot en soi, que l’on pourrait aussi écrire achecuheux !
La haute qualité environnementale (HQE) des bâtiments apparait comme une des vedettes du Grenelle de l’environnement. Bien sûr, le secteur du bâtiment est reconnu comme un enjeu majeur : on y consomme une petite moitié de toute l’énergie consommée en France, et on y trouve des gisements considérables d’Economies d’énergie. Du gagnant-gagnant en perspective, ce qui permet de trouver la question du logement et de la création de quartiers nouveaux à la fois dans les conclusions du Grenelle et dans les propositions de la commission Attali, au titre des leviers pour libérer la croissance en France.
Le risque était grand d’une approche purement énergétique. Face à l’enjeu prioritaire du réchauffement climatique, la stratégie retenue aurait pu se concentrer sur les performances énergétiques, en oubliant que l’on ne construit pas des maisons pour faire des économies d’énergie, mais bien pour accueillir des êtres humains, et leur offrir un cadre de vie sain et agréable. La table ronde Santé a complété la table ronde Effet de serre, ce qui a permis d’intégrer la recherche de performance énergétique à celle de la qualité d’ensemble des bâtiments, avec la lutte contre le bruit et la qualité de l’air intérieur. Au total, une démarche transversale, pilotée par un seul groupe de travail, et visant des objectifs complémentaires et fortement liés. Il faut rappeler que la recherche exclusive des économies d’énergie peut conduire à des dégradations significatives en termes de renouvellement d’air, d’accès à la lumière du jour, et qu’elle n’est pas synonyme de lutte contre le bruit : de mauvais choix techniques d’isolation thermique peuvent même entraîner des dégâts sur la qualité acoustique. Cette approche transversale, systémique comme disent les techno, est la propre de la démarche HQE. L’exigence climatique permet une avancée sur tous les aspects de la qualité environnementale des bâtiments, et c’est l’esprit de la démarche HQE qui est ainsi reconnu et repris par tous les acteurs du Grenelle.
La HQE, c’est aussi une méthode de travail. Une association dont la composition préfigure depuis plus de dix ans les tables rondes du Grenelle, où toutes les parties prenantes sont représentées. Elles s’y parlent, et collaborent pour identifier les enjeux prioritaires et mettre au point collectivement des outils pour améliorer la qualité des constructions. Tous les acteurs du bâtiment sont invités à se saisir de ces outils, à leur manière et dans leurs rôles respectifs : commanditaires, collectivités publiques, architectes, ingénieurs, entreprises, industriels, gestionnaires, experts, financiers. L’Etat a permis le lancement de cette démarche, par des travaux de recherche, au démarrage et au fur et à mesure que des questions nouvelles apparaissaient. Mais ce sont bien les partenaires de la construction qui ont animé l’association et ses activités, et ont fait progresser les démarches et les référentiels communs, largement reconnus. Cette manière de travailler, entre partenaires et avec l’appui des pouvoirs publics, a porté ses fruits. Elle permet de constituer une culture commune, avec ses controverses et ses débats internes, souvent vifs mais toujours constructifs – ce qui s’impose entre partenaires de la construction ! – et de proposer une perspective de progrès partagé, où chacun est gagnant. L’avancée que la HQE offre aux acteurs est au départ d’ordre technique, mais elle se prolonge bien vite de considérations sociales, conditions de vie des compagnons sur les chantiers, Santé et économies de charges pour les occupants, et s’avère constituer un moteur de la modernisation de tout le secteur. La HQE est maintenant déclinée pour l’aménagement et la construction d’infrastructures. La démarche d’identification partagée des enjeux et de construction commune de réponses opérationnelles, qui semble bien être celle du Grenelle de l’environnement, a donné ses fruits pour le bâtiment. Pourquoi en serait-il autrement dans les autres domaines ?
Chronique publiée le 8 novembre 2007, revue le 11 janvier 2010
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