Guichet
Le guichet unique pour la rénovation thermique des bâtiments est une bonne nouvelle, mais comment faire pour qu’il y ait du monde qui s’y presse ?
Rien n’est plus agaçant que l’éclatement des procédures. Pour obtenir une autorisation, pour une Aide, il faut multiplier les demandes, auprès d’organismes Différents, qui ont chacun leurs exigences, parfois contradictoires, bien sûr. C’est un « parcours du combattant », qui décourage bien des initiatives.
Le nombre de guichets est le plus souvent une conséquence d’une histoire. L’organisation administrative et professionnelle se traduit par des cloisonnements, parfois justifiés au départ, mais vite figés pour ne pas dire fossilisés, alors que la pratique change rapidement. Il faut adapter le dispositif de guichet. Le guichet coupe la vie en tranches, et on l’a souvent critiqué à ce titre. Il est assimilé à un dispositif aveugle, ou plutôt borné, enfermé par ses œillères. Il empêche de concevoir de vrais projets, par nature transversaux et toujours originaux, sur masure. Bref, le guichet peut conduire à des solutions absurdes, et en plus, comme il se multiplie en conséquence logique d’une quelconque Loi de Parkinson, il devient une Source de complications, de perte de Temps, de sérénité et d’Argent.
La réponse du guichet Unique est une avancée significative. Un guichet qui peut alors devenir intelligent, en plus de simplificateur de la vie des postulants. La politique de la ville s’est recomposée sur cette Dynamique, en regroupant tous les financements dédiés aux quartiers sensibles, en favorisant la fongibilité des aides pour la mise en œuvre d'une véritable politique de développement urbain. La logique du guichet ne tue plus le projet, elle peut au contraire l’accompagner.
Faut-il encore qu’il y ait du monde au guichet. Un dispositif très efficace pour une demande inexistante n’a guère d’intérêt, même si l’objet du guichet est très important. Lever le frein du parcours du combattant ne sert à rien s’il n’y a pas de moteur, c'est-à-dire une forte envie de faire, d’avancer en profitant des facilités offertes. Il faut donc donner Envie « d’y aller », en même temps que l’on regroupe les guichets en un guichet unique.
La rénovation thermique des bâtiments est une priorité au titre de la lutte contre de l’effet de serre, de la précarité énergétique, des Economies d’énergie, de la balance des paiements, et de bien d’autres bonnes raisons. Elle ne suscite pas pour autant l’enthousiasme. Chacun peut comprendre l’intérêt d’une meilleure isolation, mais la culture de l’amélioration de l’habitat n’est pas très répandue en France, comme elle l’est dans d’autres pays d’Europe. On fait les travaux quand on ne peut plus faire autrement, quand le toit fuit, quand la chaudière tombe en panne. Ça coûte beaucoup plus cher que d’entretenir régulièrement, mais il y a bien d’autres tentations plus puissantes, pour dépenser le peu d’argent qui reste libre une fois l’essentiel assuré.
Pour un particulier, le temps de retour des travaux lourds d’isolation est souvent bien long. Et en plus, sont-ils vraiment efficaces ? Il y a tant de contre performances, dont on entend parler à la télévision. Parmi les particuliers, seuls les convaincus se précipiteront vers le guichet unique. C’est très bien, mais ils ne sont pas, hélas, les plus nombreux. Il va falloir convaincre aussi Les autres, qui sont inquiets de voir leur facture énergétique monter, mais n’ont pas envie pour autant de se lancer dans de grands travaux. Ils préfèrent que le Gouvernement utilise tous les Moyens à sa disposition pour contenir la hausse, tout en sachant au fond d’eux-mêmes que celle-ci est inéluctable. Les contradictions qui nous habitent tous sont telles que la décision de passer aux actes reste bloquée. Pour la débloquer, le guichet unique est nécessaire, mais est-il suffisant ?
Il est permis d’en douter. L’argument énergétique isolé ne provoquera le déclic attendu que rarement. Il faut autre chose, qui motive les intéressés, dont ils puissent être fiers, qui leur permettent de se valoriser auprès de leurs proches. Une simple affaire de markéting. Les « produits financiers » ne fonctionnent que s’il y a une demande, laquelle doit être provoquée par ailleurs. Et la concurrence est rude. Comment faire pour que l’habitat prenne plus d’importance que le téléphone portable ou la voiture, pour qu’il devienne un objet de statut social tel qu’il faille investir ses économies là plutôt qu’ailleurs ? Et même en restant dans le secteur de l’habitat, comment rendre l’amélioration énergétique plus attractive qu’une cuisine intégrée avec tous les signes de la réussite sociale ?
L’objectif est bien de drainer de l’argent privé vers la rénovation de l’habitat, celui de la puissance publique venant en sus, pour faire face aux situations qui l’exigent, apporter un signe concret d’encouragement aux volontaires, et permettre d’atteindre de hauts niveaux de performance. Il faut pour cela respecter les lois psychologiques qui président à nos décisions individuelles. La simple rénovation thermique n’est pas « vendeuse ». Il serait en outre absurde, en cas de travaux importants, de ne pas s’intéresser aux autres aspects de la Qualité de l’habitat, confort, lumière du jour, qualité acoustique, lutte contre l’humidité, etc. C’est donc dans une approche plus globale, intégrant l’énergie et d’autres paramètres plus gratifiants, plus perceptibles avec les cinq sens et la sensibilité, qui peut déclencher la décision.
Le guichet unique doit donc englober l’amélioration de l’habitat d’une manière plus large, et être accompagné d’une communication très active, notamment auprès des propriétaires de leurs logements. Une véritable mode à lancer, qui fasse de la qualité de son lieu de vie une manière de se distinguer, et pas uniquement une bonne action pour la planète, ou même une pratique raisonnable pour son porte-monnaie. Pour qu’il y ait du monde au guichet, il faut que le développement durable fasse envie !
Chronique mise en ligne le 22 septembre 2012
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