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Maison

Castors

Construire sa propre maison : un rêve pour beaucoup de bricoleurs, une opportunité pour des personnes aux revenus modestes. Un défi, aussi, quand il faut atteindre de hauts niveaux de performance, un défi que les Castors sont prêts à relever.

Un animal qui construit des maisons et des barrages.

Des barrages sur les rivières qu'il colonise, et où il laisse des traces de ses repas. Les amas de branches sans écorces sont des signes de sa présence, ses fameuses « salles à manger. » Une présence ancienne souvent évoquée par des noms de lieux, où figurent des mots tels que bièvres ou beuvron.
Ce sympathique rongeur,  réputé pour ses capacités constructives, a donné son nom à des groupes humains eux-mêmes préoccupés de construire leur maison.

Le mouvement est ancien, il remonte sans doute à la nuit des temps, mais il a pris une forme nouvelle, en France, entre les deux guerres. On parle alors de "cottages sociaux". Nous sommes en 1921, dans des villes industrielles. Des groupes se forment pour construire, ensemble, plusieurs dizaines de maisons. Des personnes d'origine modeste le plus souvent, qui n'avaient pas les moyens de faire construire une maison, et qui se retrouvaient pendant leurs loisirs pour construire de leurs mains leur propre maison.

A la libération, en 1945, ce sont des associations qui se forment dans le même esprit. On construit en groupe, de petits ensembles d'habitations et le plus souvent un seul modèle de pavillon. Le mouvement se développe, il est aidé par les collectivités et quelques grandes entreprises qui aident ainsi leurs salariés à se loger.

Les temps ont changé. Les castors sont toujours là, leur état d'esprit associatif aussi, mais les constructions ne sont plus réalisées en groupe sur le même modèle. Il s'agit maintenant plutôt d'une coopérative d'achat, qui permet aux castors d'avoir accès à de bons produits dans de bonnes conditions financières. Et l'entraide est toujours là, le coup de main, l'information utile à des moments critiques de la construction.

Les techniques de construction aussi ont changé. Il devient de plus en plus difficile pour un non professionnel de réaliser tel ou tel élément de son bâtiment. Bien sûr il reste quelques bricoleurs de génie qui y parviennent, mais le plus souvent ce sont des constructions hybrides, une partie réalisée par des professionnels, et l'autre par nos amis castors. L'objectif et l'orientation du mouvement ont changé : il ne s'agit plus vraiment de construire avec ses mains, dans un système mutualiste. Il s'agit, en y consacrant le temps et l'énergie nécessaire, d'exercer pleinement une responsabilité opérationnelle sur l'édification de son propre logement. Une maîtrise d'ouvrage active pourrait-on dire.
Ce n'est déjà pas rien. Ce haut niveau de responsabilité et d'engagement s'est souvent manifesté dans des milieux sensibles aux questions d'environnement. Le recours à des matériaux traditionnels mais revisités pour notre époque, comme la paille ou la Terre, a souvent été le fait de quasi auto- constructeurs. Presque des militants qui recherchaient des entreprises pour réaliser des projets en dehors de l'offre classique. Et ils y mettaient beaucoup de leur cœur et de leur temps. L'installation de capteurs d'énergies renouvelables, pour éclairer et chauffer la maison, est une des déclinaisons de ce mouvement. De nombreux stages pour les candidats à la construction ou à l'installation d'équipements énergétiques témoignent de l'intérêt porté par une partie du public à la maîtrise directe de leur projet de construction.

Les vertus du mot « castors » n'ont d'ailleurs pas échappé à de nombreuses entreprises commerciales qu'il qui l’utilisent pour des produits relatifs aux bâtiments, que ce soient des maisons entières proposées par les constructeurs ou des magasins de bricolage. L'imaginaire, le contenu affectif porté par les castors est souvent exploité. On ne prête qu'aux riches, mais attention, un castor peut en cacher un autre !

Revenons aux vrais castors. Voici venir l'ère des bâtiments « basse consommation », des logements passifs. De nouvelles exigences à la fois dans la conception et dans la réalisation. La précision devient impérative, le savoir-faire ne s'acquiert plus directement sur le chantier. Il faut des formations plus pointues, il faut des équipements adaptés à ces nouvelles performances. Nos castors pourront-ils s'adapter à ce nouveau contexte ? Il semble bien que oui, dans l'esprit évoqué ci-dessus, d’une collaboration entre eux-mêmes et les entreprises. Et toujours avec l'entraide et l'expérience d'un castor un peu plus avancé dans son projet qui peut éclairer le nouveau venu. Les associations de castors viennent alors apporter leur appui. Des réunions techniques, une gzette des castors, et des livres qui vous disent tout sur l’art d’organiser votre chantier ou de construire une lucarne. Des salons et des occasions d’échanges, de rencontres entre castors et avec des fournisseurs. L'environnement n'est pas oublié. Terre crue, construction paille, armature bois et chantiers participatifs sot au programme de leurs activités.

Mais le meilleur atout des castors réside dans leur maîtrise directe de leur projet. Ils sont en première Lligne. Contrairement à ce qui s'est passé à leurs origines, où l'on construisait un ensemble de bâtiments similaires, chacun maîtrise aujourd'hui la conception de son futur logement. C'est une opportunité extraordinaire pour réussir un véritable "sur mesure". Au lieu de choisir sur un catalogue ou dans l'air du temps, le castor a toute latitude pour organiser son espace comme il a  envie de vivre. La qualité environnementale et la qualité d'usage  dépendent toujours de la réflexion qui a précédé le projet. Une réflexion indispensable pour comprendre dans quel cadre vous voulez habiter, pour identifier vos besoins et vos envies avant de jeter des fondations qui structureront pour longtemps votre mode de vie.

Cette maîtrise du projet n'empêche pas le besoin de conseil. La maîtrise d'ouvrage, aussi totale puisse-t-elle être, ne peut se substituer à la maîtrise d'œuvre. Transformer ses souhaits en un plan cohérent, réaliste, opérationnel, conforme aux règlements d'urbanisme, et bien sûr économique, ne s'improvise pas. Le rongeur qui a donné son nom aux auto-constructeurs est de fait aussi l’architecte et l’ingénieur de son habitat. La sagesse du castor, bipède cette fois-ci, sera de s'entourer des bons professionnels pour la conception comme pour la réalisation de sa maison.

 

Chronique mise en ligne le 2 avril 2012

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