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Bois

Le Bois est un des piliers du développement durable. renouvelable si on fait attention, aux multiples usages de la forêt à la maison. Il donne du plaisir et du travail. Et dans le bois tout est bon !


Il faudra bien parvenir à vivre essentiellement du flux, et arrêter un jour de prélever sur un capital dont on voit aujourd’hui les limites.

Les bilans tels que lempreinte écologique nous montrent que depuis quelques années nous utilisons plus de ressources que la planète n’en produit par les cycles naturels. Une telle attitude ne peut tenir éternellement, même si certaines réserves sont encore abondantes. Nos descendants nous en voudront terriblement si nous ne changeons pas d’attitude, et ils auront bien raison. 

Cette économie fondée sur les flux de matières existe déjà dans certains secteurs. Le bois nous en offre une belle illustration.

Il faut d’abord que le bois se renouvelle effectivement, et que l’on ne tire pas sur un stock au delà de ses capacités de régénération. La question est souvent posée pour d’autres ressources, comme les poissons, mais elle existe pour le bois aussi, surtout dans les forêts fragiles. On parle beaucoup des forêts tropicales, à juste titre. Les sols mis à nu s’érodent rapidement, et la repousse des arbres après une exploitation trop radicale est souvent impossible, ou alors ce ne sont pas les mêmes arbres. Pour citer une nouvelle fois le livre de Jared Diamond, Effondrement(1), signalons que les arbres que les premiers colons polynésiens trouvèrent sur l’île de Pâques étaient immenses : le palmier le plus grand des l’Amérique du Sud était pascuan. Mais il n’en reste que des traces, et le résultat de quelques siècles d’une brillante civilisation est la disparition du seul matériau qui permet de faire des navires. Embêtant pour une île loin de tout continent ! Les terrains fragiles ne sont pas l’apanage du Sud. Jared Diamond nous décrit l’évolution de l’Islande au temps des vikings, et ce n’est guère mieux. Aujourd'hui, d'une manière générale, les forêts s’étendent en Europe, et en Chine, alors que les forêts primaires tropicales et équatoriales disparaissent toujours, notamment au profit de palmiers à huile et de l'élevage. On a depuis pris conscience de ces dangers, et les forestiers peuvent adopter des méthodes « durables » de gestion de leur patrimoine, assurant la préservation de la ressource. Plusieurs labels (2) couronnent ces efforts, et signalent à l’utilisateur de bois que son origine est conforme à ces principes. Attention toutefois aux labels décernés dans des pays "opaques", où les contrôles sont particulièrement difficiles.

Le bois disponible chaque année du fait de la croissance des arbres a de nombreux usages. Et il ne faut pas oublier pour autant les autres utilités de la forêt, la richesse biologique, la régulation du régime des eaux, la lutte contre l’érosion des sols, le plaisir de s’y promener et de cueillir des champignons. La forêt, ce n'est pas que du bois, et les autres fonctions ont plutôt tendance à se renforcer. Revenons au bois et à ses usages. Celui qui "tire" la filière est le bois de construction, mais il y a aussi l’emballage, l’ameublement, le papier, le bois de feu, et enfin les poteaux et les usages industriels. Beaucoup d’usages, d’acteurs, de logiques différentes, avec des situations de départ et des dynamiques variables. Il s’agit de faire en sorte que tout le monde soit gagnant, et que le succès d’une filière favorise celui des autres. C’est ça le développement durable, l’exploitation de la complémentarité. Une bonne gouvernance des filières est nécessaire, avec des actions fortes de soutien à celles qui semblent des locomotives potentielles pour les autres. Jetons un coup d’œil rapide sur deux de ces filières, la construction et le bois de feu.

Le bois comme matériau de construction permet de stocker le carbone : une tonne de bois contient une demi tonne de carbone. Il est économe en énergie tout au long de sa chaîne de fabrication. C’est pourquoi la loi sur l’air, votée en 1996, prévoit des obligations à insérer du bois dans les bâtiments.Depuis quelques années, l'augmentation du nombre de maisons individuelles en bois est nettement supérieure à celle des maisons individuelles en général. Le bois a encore bien des progrès à faire, puisqu’il ne représente malgré cela que 7 à 8% des maisons construites aujourd’hui, alors que son potentiel est évalué à 20%. La gouvernance de cette politique prend la forme de plan de développement du bois dans la construction, aux formes variées, autonome ou dans un cadre plus large de bâtiment durable ou de produits forestiers. Un bémol toutefois. Le bois concerné est encore largement un bois d'importation, malgré les vertus de la forêt française. 

Le bois énergie connaît lui aussi une forte croissance. La ressource forestière utilisable pour l’énergie est estimée à 50 Mm3 par an, soit une vingtaine de super pétroliers par an (7millions de tonnes d’équivalent pétrole), à brûler dans des poêles et des chaudières, individuelles ou collectives. Le programme animé par l’ADEME(4) pour organiser les filières en 2000-2006 a donné des résultats au-delà des prévisions : 1400 chaufferies collectives et tertiaires ont été financées par l’ADEME en 2005, et 480 chaufferies industrielles. Des inserts aux très bons rendements ont été mis sur le marché, et le nombre d’appareils vendus s’est envolé, et continue sa progression. Les chaudières collectives, ou industrielles s’approvisionnent avec la ressource délaissée par les industries de la trituration, qui ont été en forte baisse en métropole (usine de pâte à papier), et la consommation des ménages conserve un flux de bois à peu près stable, la modernisation des appareils de chauffage ayant très largement amélioré le rendement thermique, et permettant de chauffer plus de foyers avec le même volume de bois. On n’est qu’au début du renouveau de cette source d’énergie, dont la modernisation avance rapidement, et co-habite avec des formes traditionnelles, qui ont toujours existé et persistent encore.

Le développement des différentes filières du bois permet de dynamiser la forêt, avec des résultats bons pour l’économie et l’environnement. Plus de 500 000 Emplois, presque autant que le secteur de l’automobile, répartis sur l’ensemble du territoire, et stockage du gaz à effet de serre : en France, la forêt absorbe chaque année 12% du CO² émis. On est bien sur la voie du développement durable.

(1) Jared Diamond, Effondrement, Comment les société décident de leur disparition ou de leur survie, NRF essais, Gallimard, 2006.

 (2) On trouvera notamment les informations utiles sur ces labels dans la Notice d’information sur les outils permettant de promouvoir la gestion durable des forêts dans les marchés publics de bois et produits dérivés accessible sur http://www.ecoresponsabilite.ecologie.gouv.fr/IMG/notice.pdf

(3) http://www.cndb.org/le_cndb/plan_bois_construction.php
(4) ADEME, agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, www.ademe.fr


Chronique publiée le 26 octobre 2006, revue le 22 septembre 2010 et le 31 janvier 2019, avec le concours d'Yves Poss (merci à lui)

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