Autonomie
Puisque les bâtiments modernes sont appelés à produire plus d’énergie qu’ils en consomment, pourquoi ne pas aller au bout du raisonnement, et promouvoir leur autonomie ? Le débat est ouvert.
La révolution est en marche ! Le bâtiment, traditionnellement premier consommateur d’énergie, va devenir producteur.
Non seulement il deviendra économe, bien isolé, bien éclairé, avec des équipements très performants, mais en plus il sera bardé de capteurs en tous genres, au point qu’il produira plus d’énergie qu’il en consommera. Le futur existe déjà, ici et là, et il va se déployer rapidement.
Ce nouveau paysage énergétique ne se construit pas spontanément. Il a fallu l’aider, notamment pour que les énergies renouvelables progressent rapidement sur leur « courbe d’apprentissage ». Les techniques innovantes sont chères au démarrage, mais au fur et à mesure qu’elles se développent, elles trouvent des solutions moins onéreuses, elles sont mieux maitrisées par les professionnels, elles bénéficient d’économies d’échelle. La concurrence avec les techniques existantes, bien installées, ayant amorti depuis longtemps les investissements initiaux, s’oppose naturellement à l’expansion des nouvelles venues, qui seront toutefois celles de demain. Il faut donc les aider pour les faire émerger, croître et embellir jusqu’à leur maturité. En France comme dans d’autres pays, c’est le prix d’achat des énergies renouvelables qui est l’instrument de cette aide. Des prix garantis, qui assurent une rentabilité à ces équipements. Ils ont été mis en place pour les différentes énergies, solaire, éoliennes, biomasse.
Cette politique a permis une baisse considérable des coûts de production, et ce n’est pas fini. Ils se rapprochent du cout des énergies conventionnelles, avec des variantes selon le lieu, les techniques employées, etc. Notons au passage que les subventions aux énergies renouvelables dans le monde sont bien inférieures à celles dont bénéficient les énergies fossiles, encore aujourd’hui.
Mais pourquoi subventionner ces énergies renouvelables quand leur prix de revient est devenu équivalent à celui des autres énergies ? Pourquoi continuer, pour l’électricité photovoltaïque, à l’acheter pour l’injecter sur le réseau, plutôt que de l’utiliser sur place, dans des maisons qui seraient alors autonomes ? Vive l’auto consommation, ou l’auto production selon le point de vue que l’on retient. C’est plus satisfaisant pour l’esprit, n’est-ce pas ? Cette proposition fait son chemin, et provoque la réflexion sur le besoin de stockage qu’elle suppose.
L’autonomie a des limites, qu’il faut bien prendre en compte. Elle conduit à un stockage sur place, avec les coûts induits et les pertes de rendement qui en résultent. Elle pourrait surtout entraîner une modération de la production locale. L’objectif serait de fournir ce qui est nécessaire, mais le côté « positif », exportation nette d’énergie, serait-il préservé ? L’objectif n’est pas de trouver l’équilibre entre production et consommation, mais d’exploiter au mieux la capacité d’un bâtiment à capter de l’énergie, solaire, éolienne, souterraine, etc. Le bâtiment de demain se voit doté de deux fonctions, l’une traditionnelle d’accueillir des hommes et des activités dans de bonnes conditions, et l’autre de produire de l’énergie. Deux fonctions qui doivent s’harmoniser, de manière à se conforter mutuellement.
L’injection sur le réseau permet une mutualisation des flux et la recherche d'un équilibre à une échelle supérieure à celle du bâtiment. Le concept d’autonomie est ainsi à revoir à l’aune du périmètre concerné. Autonomie pour une maison, un village, un quartier, une ville, une agglomération ?
Au lieu d’opposer autonomie et réseau, tentons de les conjuguer. Bien sûr, il vaut mieux consommer sur place, et l’autoconsommation représente dans ce domaine le circuit court idéal. Le principe de diversité tend, à l’inverse, à élargir le champ. Il promeut la combinaison de plusieurs types d’activité et d’habitat, voire de mode de vie, objectif qui sera plus facile à atteindre dans un périmètre étendu. Il apporte une réponse partielle au besoin de stockage, en permettant une mutualisation de la ressource. Des expériences de « centrales villageoises » en montrent tout l’intérêt.
Territorialiser les politiques de l’énergie, pour allier autonomie et réseau, et gagner sur les deux tableaux (encore un double dividende à aller chercher), semble donc être la bonne démarche. Une autonomie à la bonne échelle, pour offrir à a fois la diversité et l’équilibre global. Et puis bien sûr encore des réseaux pour évacuer le trop plein, et recevoir des apports d’appoint si nécessaire. Mais des réseaux moins puissants, ajustés aux nouveaux flux. L’autonomie et la solidarité ne s’opposent pas, elles se complètent.
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