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Maison

Aération

La qualité de l’air intérieur est un enjeu de santé bien connu, mais souvent oublié au profit de l’énergie, voire de la pollution atmosphérique extérieure. La covid nous rappelle opportunément son importance.

Nouveau geste barrière : ouvrir les fenêtres. L’aération est devenue une nouvelle frontière de la lutte antivirus. La qualité de l’air intérieur n’est pas une nouvelle préoccupation. Un observatoire de la qualité de l’air intérieur a été créé par le ministère de l’environnement en juillet 2001, hébergé par le CSTB. Les plans nationaux Santé environnement successifs ont repris le sujet, avec des plans d’action adaptés à tous les milieux intérieurs, des logements aux écoles et aux crèches, des établissements accueillant du public aux pressings. Le coût annuel de la pollution de l’air intérieur est évalué à 19 milliards d’euros, une somme qui mérite que l’on s’y intéresse.

Les causes de cette pollution sont multiples. Des causes bien connues, et d’autres plus discrètes, auxquelles on ne pense pas spontanément. Il y a les appareils à combustion, les chauffages au gaz, ou à pétrole, qui tirent leur oxygène de la pièce où ils se trouvent. Des drames en résultent, avec le calfeutrement en hiver qui réduit ou parfois supprime les arrivées d’air frais. En langage savant, ça s’appelle des intoxications oxycarbonées. Vous vous endormez bien au chaud, et vous ne vous réveillez pas. Des dizaines de morts encore chaque année en France, dans des milieux sociaux défavorisés le plus souvent. Il y a les produits diffusés par les matériaux de construction, les meubles, les peintures et autres colles utilisées pour coller du papier peint par exemple. Les émissions des polluants de ce type sont réglementées, mais elles existent quand même. Et puis il y a les activités humaines dans ces locaux, notamment la cuisine où vous faites rissoler de bons petits plats, avec de l’huile qui chauffe et laisse s’envoler des substances indésirables. Ajoutons le tabac, source bien connue de pollution de l’air, interdit dans les lieux publics fermés mais pas dans les logements. Et last but not least, les bougies et les encens qui vous faites brûler pour votre plaisir, mais qui contiennent aussi des substances nocives.

J’ai évoqué des morts par intoxication, mais il y bien d’autres problèmes sanitaires qui se manifestent avant d’en arriver là. Maux de tête, fatigue, irritation des yeux, crises d’asthme, allergies. L’humidité qui résulte du manque de ventilation a des effets qui s’ajoutent, en particulier les moisissures à l’origines, elles aussi, d’allergies. On le voit aujourd’hui avec la covid, ces problèmes de santé se répercutent sur le reste de la vie, qualité des relations sociales, difficultés de concentration et retards scolaire, absentéisme, etc.

La covid vient en plus de tous ces aspects. Elle nous rappelle l’importance du renouvellement d’air, comme elle nous a rappelé la nécessité de se laver les mains. La qualité de l’air est en effet conditionnée par des choix techniques sur toutes les composantes d’un local, meubles et immeubles, mais aussi par la manière dont nous y vivons. Elle est un élément d’une hygiène de vie à intégrer dans nos comportements, au même titre que le lavage régulier des dents. Vous pouvez tenter de vous y soustraire en installant des ventilations artificielles, notamment avec l’air conditionné, mais en vous donnant une autre obligation, celle de l’entretien des circuits d’air et notamment des filtres.

L’hiver, la ventilation entre en conflit avec le chauffage. L’air nouveau venant de l’extérieur va évidemment refroidir votre maison, et entrainer des consommations supplémentaires d’énergie ou des baisses de confort. La précarité énergétique et la lutte contre le réchauffement climatique cohabitent mal avec la qualité de l’air. C’est d’ailleurs un problème que les premières réglementations thermiques avaient provoqué, dans les années 1970. La « chasse au gaspi » de l’époque avait provoqué des défauts de ventilation, avec les conséquences décrites plus haut. Le bâtiment forme un tout, avec sa cohérence, et le découpage des fonctions et des qualités attendues produits des effets indésirables. Energie, qualité de l’air, confort, accès à la lumière du jour, autant d’aspect à traiter ensemble, auxquels il faut ajouter le bruit. L’isolation doit être efficace à la fois pour la thermique que pour l’acoustique, elle doit laisser entrer l’air frais sans laisser passer les décibels.

Le logement et tous les lieux fermés que nous fréquentons sont notre milieu de vie, où nous passons l’essentiel de notre temps. Notre santé en dépend largement, avec notre mode de vie. Le corona virus nous le rappelle avec force, et même avec violence, mais c’est une exigence qui ne l’a pas attendu. Il reste à l’intégrer avec rigueur dans les nouvelles constructions, et dans la rénovation de notre parc de logement, que ce soit pour des raisons climatiques ou pour notre qualité de vie quotidienne.

 

 

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