Visibilité
L’effet de serre est invisible, de même que le niveau de compétence d’une société. Ce sont pourtant des phénomènes déterminants pour notre avenir. Comment rendre perceptibles et compréhensibles par chacun les forces qui nous entourent ?
De nombreux problèmes que nous connaissons ont progressé furtivement. Nous avons tardé à les percevoir, les précurseurs étant, dans la plupart des cas, inaudibles dans une société qui voulait aller de l’avant sans entrave. C’est le cas de l’effet de serre, pourtant identifié avec ses effets potentiels dès le XIXe siècle, ou de l’érosion de la biodiversité, la dégradation du cycle de l’azote, ou encore de la diffusion de produits nocifs à travers la planète. Des phénomènes invisibles, mais bien réels, tout autant que d’autres aspects de notre environnement comme le bruit et le paysage, dont les altérations sont immédiatement perceptibles et produisent des réactions immédiates. Rendre visible l’invisible est une nécessité pour que la connaissance sorte du domaine des initiés et des scientifiques, et diffuse dans toute la société. La persistance des sceptiques du climat ou d’autres phénomènes de même nature montre l’importance de cette démarche .
A l’inverse, de nombreux phénomènes invisibles peuvent nous être utiles, mais nous ne les voyons pas et nous avons du mal à les valoriser. Nous ne comptons pas ce qui compte, pour reprendre une formule célèbre.
Face au défi de la « finitude » du monde, une réponse est de favoriser les apports immatériels, le talent et la créativité, qui ressortissent au génie humain, plutôt qu’aux prélèvements de ressources ponctionnées sur une planète épuisée. Le « toujours plus », comme dirait François de Closets, nous conduit à l’impasse, mais le toujours mieux, lui, échappe à cette malédiction. Une croissance du bien-être par la qualité, et non plus par la quantité. Il s’agit au fond de tirer un meilleur parti des ressources disponibles, en y affectant de l’intelligence technique ou sociale, au lieu d’exploiter notre pauvre vieille Terre jusqu’à la dernière goutte de pétrole, ou bien qu’elle ne brûle sous un soleil implacable.
Nous le savons aujourd’hui, il est possible de produire de dont les humains ont besoin tout en favorisant la prospérité de la planète. Le problème, pour assurer la transformation nécessaire pour y parvenir, est que la qualité ne se mesure pas aisément.
Tout d’abord, elle s’apprécie dans la durée. La qualité d’un logement, par exemple, ne consiste pas en quelques prestations ostentatoires, mais dans sa capacité à s’adapter à vos besoins et à vos envies au moindre coût environnemental. La qualité est pluridisciplinaire, et s’accorde mal à une note unique, ce qui la différencie de la quantité qui se mesure en mètres carrés, en kilomètres, en quintaux, ou en hecto, etc.
Elle est subjective, et dépend de l’usager et de ses exigences. Un aspect d’ordre culturel bien difficile à entrer dans un système d’évaluation. Sans parler des changements d’avis des usagers en question.
Mission impossible, donc, d’évaluer la qualité en termes universels, ce qui aiderait bien pour attribuer une valeur aux objets et services de qualité. Ça se fait quand même, avec des labels, des certificats d’origine ou autre formule garantissant une conformité à un cahier des charges. Nous savons que cette approche est inévitablement réductrice. Souvent, la « qualité » est concentrée sur un volet, le bio, par exemple, ou la réparabilité. Les difficultés à établir un label de qualité environnementale de l’alimentation sont souvent mises en avant pour bloquer la publication d’indicateurs de ce type. Et pourtant, caractériser la qualité, la rendre visible au premier coup d’œil, malgré les difficultés et les effets pervers toujours possibles, serait un instrument puissant pour basculer d’une économie basée sur la quantité vers une nouvelle basée sur la qualité. Nous sommes tous des Saint Thomas, nous nous méfions des on-dit, nous voulons voir par nous-mêmes.
Les coûts évités, les économies, n’apparaissent pas dans les comptes. Le domaine de la prévention souffre de la difficulté de prévoir et de comptabiliser précisément ses effets, notamment quand des financiers cherchent à tout prix à réduire les dépenses. De même, le capital « immatériel » d’une entreprise, la qualité du management, les compétences du personnel, la confiance des clients, etc., ne figurent pas au bilan. Il a fallu créer des comptabilités extra-financières en complément des données traditionnelles, pour qu’elles apparaissent.
Des leviers du développement durable sont ainsi négligés parce que non visibles, et par suite rejetés par tous ceux qui ne croient qu’à ce qu’ils voient, et ils sont nombreux.
La visibilité devient ainsi une vertu cardinale du développement durable, au même titre que l’adaptabilité ou la résilience. Pour éviter le pire et profiter du meilleur.
De nombreux problèmes que nous connaissons ont progressé furtivement. Nous avons tardé à les percevoir, les précurseurs étant, dans la plupart des cas, inaudibles dans une société qui voulait aller de l’avant sans entrave. C’est le cas de l’effet de serre, pourtant identifié avec ses effets potentiels dès le XIXe siècle, ou de l’érosion de la biodiversité, la dégradation du cycle de l’azote, ou encore de la diffusion de produits nocifs à travers la planète. Des phénomènes invisibles, mais bien réels, tout autant que d’autres aspects de notre environnement comme le bruit et le paysage, dont les altérations sont immédiatement perceptibles et produisent des réactions immédiates. Rendre visible l’invisible est une nécessité pour que la connaissance sorte du domaine des initiés et des scientifiques, et diffuse dans toute la société. La persistance des sceptiques du climat ou d’autres phénomènes de même nature montre l’importance de cette démarche .
A l’inverse, de nombreux phénomènes invisibles peuvent nous être utiles, mais nous ne les voyons pas et nous avons du mal à les valoriser. Nous ne comptons pas ce qui compte, pour reprendre une formule célèbre.
Face au défi de la « finitude » du monde, une réponse est de favoriser les apports immatériels, le talent et la créativité, qui ressortissent au génie humain, plutôt qu’aux prélèvements de ressources ponctionnées sur une planète épuisée. Le « toujours plus », comme dirait François de Closets, nous conduit à l’impasse, mais le toujours mieux, lui, échappe à cette malédiction. Une croissance du bien-être par la qualité, et non plus par la quantité. Il s’agit au fond de tirer un meilleur parti des ressources disponibles, en y affectant de l’intelligence technique ou sociale, au lieu d’exploiter notre pauvre vieille Terre jusqu’à la dernière goutte de pétrole, ou bien qu’elle ne brûle sous un soleil implacable.
Nous le savons aujourd’hui, il est possible de produire de dont les humains ont besoin tout en favorisant la prospérité de la planète. Le problème, pour assurer la transformation nécessaire pour y parvenir, est que la qualité ne se mesure pas aisément.
Tout d’abord, elle s’apprécie dans la durée. La qualité d’un logement, par exemple, ne consiste pas en quelques prestations ostentatoires, mais dans sa capacité à s’adapter à vos besoins et à vos envies au moindre coût environnemental. La qualité est pluridisciplinaire, et s’accorde mal à une note unique, ce qui la différencie de la quantité qui se mesure en mètres carrés, en kilomètres, en quintaux, ou en hecto, etc.
Elle est subjective, et dépend de l’usager et de ses exigences. Un aspect d’ordre culturel bien difficile à entrer dans un système d’évaluation. Sans parler des changements d’avis des usagers en question.
Mission impossible, donc, d’évaluer la qualité en termes universels, ce qui aiderait bien pour attribuer une valeur aux objets et services de qualité. Ça se fait quand même, avec des labels, des certificats d’origine ou autre formule garantissant une conformité à un cahier des charges. Nous savons que cette approche est inévitablement réductrice. Souvent, la « qualité » est concentrée sur un volet, le bio, par exemple, ou la réparabilité. Les difficultés à établir un label de qualité environnementale de l’alimentation sont souvent mises en avant pour bloquer la publication d’indicateurs de ce type. Et pourtant, caractériser la qualité, la rendre visible au premier coup d’œil, malgré les difficultés et les effets pervers toujours possibles, serait un instrument puissant pour basculer d’une économie basée sur la quantité vers une nouvelle basée sur la qualité. Nous sommes tous des Saint Thomas, nous nous méfions des on-dit, nous voulons voir par nous-mêmes.
Les coûts évités, les économies, n’apparaissent pas dans les comptes. Le domaine de la prévention souffre de la difficulté de prévoir et de comptabiliser précisément ses effets, notamment quand des financiers cherchent à tout prix à réduire les dépenses. De même, le capital « immatériel » d’une entreprise, la qualité du management, les compétences du personnel, la confiance des clients, etc., ne figurent pas au bilan. Il a fallu créer des comptabilités extra-financières en complément des données traditionnelles, pour qu’elles apparaissent.
Des leviers du développement durable sont ainsi négligés parce que non visibles, et par suite rejetés par tous ceux qui ne croient qu’à ce qu’ils voient, et ils sont nombreux.
La visibilité devient ainsi une vertu cardinale du développement durable, au même titre que l’adaptabilité ou la résilience. Pour éviter le pire et profiter du meilleur.
- Vues : 592
Ajouter un Commentaire