Information
Il faut dématérialiser l’économie, dit-on en espérant « découpler » la croissance économique du prélèvement de ressources. La société de l’information serait-elle devenue une étape vers le développement durable ?
Nous sommes entrés dans la société de l’information. Nous sommes connectés en permanence, d’une manière ou d’une autre.
Nos autos sont suivies grâce à des GPS, on peut d’ailleurs s’en servir pour pister les voitures volées, mais nous aussi sommes suivis, trahis que nous sommes par nos téléphones portables ou tout autre équipement électronique, comme nos appareils de photo qui nous « géolocalisent » en continu.Les dangers de cette surveillance ont été souvent dénoncés. Ils sont combattus grâce à des institutions comme la CNIL, et l’omniprésence de l’information rend indispensable la vigilance dans ce domaine. Mais si l’information se développe ainsi, c’est qu’elle nous apporte beaucoup d’avantages et de commodités dont nous profitons bien. La question est d’en profiter au mieux, de prendre la mesure de ce qu’elle nous apporte pour améliorer notre qualité de vie et notre performance économique. Il s’agit de « dématérialiser » l’économie, de créer des richesses nouvelles sans pour autant accroître la pression sur les ressources, et même, si possible, en l’atténuant.
La société de l’information a tenté d’envahir nos maisons. C’était le temps de la domotique, dans les années 1980. Un échec, sans doute, mais une première tentative d’introduire l’électronique dans la vie de la maison. Les temps n’étaient pas murs, l’informatique effarouchait encore la plupart d’entre nous.
L’ordinateur nous est à présent devenu familier. Nous en trouvons partout, au travail, dans notre voiture, et de plus en plus chez nous, avec des portables ou des tablettes. Le moment est venu du grand retour de l’information des nos maisons.
Ça commence dans les bureaux et les lieux de travail, les équipements publics gérés à partir de centres informatiques, qui contrôlent les éclairages, les accès, la sécurité, la température des pièces, les consommations, etc. Avec la réglementation thermique 2012, les gestionnaires des immeubles connaîtront les consommations par usage : chauffage, eau chaude, climatisation, d’électricité aux prises de courant. Le comptage se développe et se perfectionne. Demain, ce sera le tour des logements, et chacun pourra connaître le détail de sa consommation d’énergie, et en continu si ce n’est en temps réel. Les voitures récentes vous donnent bien la consommation instantanée, pourquoi pas le logement ? C’est plus compliqué, les consommations sont multiples, mais le temps n’est pas loin où chacun pourra consulter un compteur domestique, qui permettra de comprendre où s’en vont les KWh, les m3 de gaz ou les litres de fuel qu’il consomme, et de réagir habilement.
Une information, en effet, très utile pour gérer au mieux son confort, mais aussi pour participer à un grand mouvement d’ensemble. L’énergie se gère à l’échelle de son logement, ou d’une unité de bureaux, mais aussi à l’échelle d’une ville, d’une région, d’un pays. Peut-être un jour chaque immeuble fournira l’énergie dont il a besoin, mais c’est encore rare et il faut tenir compte du décalage entre le moment où cette énergie est créée, et celui où elle est utilisée. L’autarcie est bonne pour les maisons isolées, comme les refuges de haute montagne pour prendre un exemple extrême dont on a vu récemment des réalisations spectaculaires, mais dans le cas général, une mutualisation est bien préférable. Encore faut-il optimiser ce lien entre production et consommation, et c’est là que l’information sur les consommations est indispensable. Il nous faut des réseaux intelligents, et pour cela connaître le détail des besoins réels par usage, et même par équipement. Un raccordement à des compteurs eux-mêmes intelligents, et voilà la maison intelligente partie prenante du quartier intelligent, et de la ville intelligente.
La recherche d’économies d’énergie est un puissant moteur de progression de l’information dans nos maisons et dans nos villes. Mais pas seulement. Nous savons à présent combien de temps nous attendrons l’autobus, nous consultons nos horaires et faisons des réservations de toutes sortes grâce à la société de l’information. Nous trouvons aussi une voiture en location instantanée, les applications de smart phones s’étendent à de nouveaux domaines. Elles nous permettent de partager des voitures et de trouver son chemin, de voir si tout va bien chez nous, même quand nous sommes à l’autre bout du monde.
Pourquoi donc s’arrêter en si bon chemin ? L’information nous aide à régler la circulation des voitures, pourquoi pas aussi celle de l’eau, les fluides et les flux, des communications de toutes natures, qui transitent par des réseaux. Et puis on va connecter tous ces réseaux, les faire vivre ensemble, et optimiser encore plus. Par exemple, la chaleur des eaux usées est recyclée pour chauffer les maisons, les réseaux électriques transportent de l’information, etc. Il le faut, si l’on veut vivre mieux en consommant moins de ressources. L’information est une des voies vers cette efficacité dont le développement durable a besoin.
La maison de l’information, la ville de l’information, on dit aussi de la connaissance, oui mais au service des habitants, et non pas seulement pour optimiser des réseaux et des flux. Le danger est là, que cette information n’échappe aux hommes et aux femmes qui occupent les maisons et vivent dans les villes. La ville dématérialisée, optimisée pour permettre des économies d’énergie et faciliter les transports doux ou alternatifs, n’est qu’une manière d’obtenir le résultat recherché : un mode de vie qui assure le bien être, la qualité des relations sociales, la créativité dans la ville, le développement humain. C’est à cela que doit concourir l’information.
Photo : Revolt / Unsplash
Merci à Nicolas Curien (http://www.ncurien.fr ) de m’avoir stimulé sur de sujet passionnant de l’information.
Chronique mise en ligne le 12 novembre 2012
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