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Communication

Foi

En ces temps de sortie du carbone, les charbonniers ont des soucis à se faire. La foi est toutefois un moteur très puissant pour l’action. Pourquoi pas la foi dans le développement durable ?

Nicolas Hulot avait bien vu que Donald Trump ne croit dans le réchauffement climatique. Donald Trump n’est hélas pas le seul. L’observation de la manière dont sont reçues des « fake news », conforte l’idée très générale que chacun croit à ce qu’il a envie de croire, et rejette ce qui le gêne. Le développement durable nous oblige à changer nos modes de vie, et notamment « l’american way of life ». Spontanément, il ne provoque pas l’adhésion.

Si le « politiquement correct » nous oblige à y croire, il ne provoque pas de foi, la foi nécessaire pour passer aux actes sérieusement. C’est le règne des mesures cosmétiques, du report à plus tard, et du « green washing ». Le développement durable, bien sûr, mais dans la continuité, sans changer nos habitudes, nos productions, nos consommations. C’est vrai pour les citoyens-consommateurs comme pour les décideurs, politiques ou économiques.
Pour propager la foi, il faut donner envie de croire. Il est permis de douter que les porteurs de la bonne nouvelle du développement durable aient fait ce qu’il fallait pour cela. Ont-ils ouvert des perspectives, ont-ils donné une image attractive, ont-ils créé des mythes mobilisateurs, ont-ils cherché les arguments auxquels leurs interlocuteurs pourraient être sensibles ?
Le développement durable est une source inépuisable d’opportunités. Nous avons d’ailleurs toutes les solutions techniques et culturelles pour sortir rapidement du carbone, pour restaurer la biodiversité, pour nous alimenter et respirer sainement, et cela à l’échelle de la planète. Agrobiologie, économie circulaire, finance verte, autoproduction, etc. ce ne sont pas que des mots, il y a derrière des pratiques qui donnent chaque jour les preuves de leur efficacité. Pourquoi ces solutions ne se développent-elles pas plus vite ?
Il y a les résistances de l’ancienne économie, forte de sa position dominante obtenue avec la révolution industrielle et l’ère du carbone. La foi, dit-on, fait bouger les montagnes. Elle est d’autant plus nécessaire que le temps presse. C’est sans doute ce sentiment d’urgence qui est à l’origine de l’absence d’attractivité du discours écologique. La perspective de la catastrophe climatique, de la sixième extinction des espèces, de la perte de contrôle de la trajectoire suivie par notre planète, qui anime largement le mouvement écologique, tout ça n’est pas très réjouissant. Pendant des années, le discours officiel sur le changement climatique évoquait un fardeau, au lieu de proposer de prendre des participations dans le monde nouveau en cours de constitution. Ce n’est pas en mettant en avant le coût et les dangers que l’on provoque la foi. La peur de l’enfer ne fonctionne que s’il y a un paradis, une alternative agréable. A défaut, il ne reste que le désespoir et la recherche d’expédients pour oublier.
Les solutions sont là. On peut toujours les améliorer, et elles le font chaque jour. Elles permettent d’obtenir le double dividende, à la fois pour soi-même et pour la planète. Mais comment convaincre les décideurs de les adopter dans un contexte de peur de l’avenir, et après avoir associé le développement durable (ou le dérèglement climatique) à un discours très négatif, fondé sur la peur de la catastrophe ? Celle-ci n’est pas à exclure, nous le savons bien, mais ce n’est pas en la mettant en avant en permanence que l’on accréditera l’idée qu’il y a du bien à se faire, et tout de suite, en s’engageant dans la voie du développement durable. Le discours « gagnant-gagnant » devient inaudible dans le brouhaha des maux qui nous guettent. L’expression « nous n’avons pas le choix », souvent entendue, joue un rôle de repoussoir pour tous ceux qui veulent garder le contrôle du futur.
Quand on parle d’argent, c’est toujours en termes de coûts. On a bien du mal à faire passer le message des services gratuits rendus par la nature, alors que le moindre investissement pour l’environnement, comme la ressource en eau, la protection du littoral, ou la protection d’une espèce en danger, est montré comme une charge insupportable. Le coût de la pollution atmosphérique, ou du bruit, qui se montent à plusieurs dizaines de milliards d’euros chaque année, est absent des comptes publics. Ce n’est pas l’environnement qui coûte cher, mais le non-environnement. On parle souvent du coût de la transition énergétique, ou écologique, mais on oublie de parler du coût du statu quo.
Bref, le discours sur le développement durable, qui aurait dû être essentiellement positif, porteur d’espoir et de perspectives attrayantes, et propre à susciter la foi, est désespérément défensif. Face à l’urgence, et au besoin de faire naître cette fameuse foi dont nous avons besoin, c’est un changement radical de discours qu’il nous faut. Avis à mes amis écolos !

 
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