
Croisé
Croisé, un mot qui ouvre plusieurs pistes, cultures croisées, croisement des fameuses 3 dimensions du développement durable, ou encore les redoutables croisés du DD...
ce site parle ailleurs de croisées au féminin, c'est-à-dire des Fenêtres. Il y a aussi la croisée des chemins, où je ne pourrais que vous conseiller la voie du développement durable.
Au masculin, les croisés historiques sont de redoutables guerriers ; les croisades d’aujourd’hui sont multiples, et la manière de les mener moins sanglantes. Il y a notamment des croisés du développement durable. Leur zèle est redoutable, surtout s’il s’agit de nouveaux convertis, dont on sait la ferveur. Le sentiment d’Urgence, qui les anime souvent, les conduit parfois à brûler les Etapes, et à vouloir imposer des solutions toutes faites pour redresser la situation. C’est oublier que ce sont les acteurs ordinaires de la société qui sont les mieux placés pour trouver les bonnes solutions, et que les zélateurs du développement durable doivent surtout leur en donner l’Envie, et les aider à se repérer. Pas de leur dire ce qu’ils doivent faire. La bonne Volonté et l’engagement personnel, bien sympathiques au demeurant, ne peuvent s’affranchir de la nécessité d’intégrer les réalités de la vie de ceux auxquels ils s’adressent.
Il faut porter le développement durable au sein des univers des autres, et ce sont eux qui sauront quoi en faire. Le fameux ouvrage d’Amin Maalouf, Les croisades vues par les arabes1, montre clairement quels dégâts peuvent être faits au nom d’une noble cause.
Croisé, le mot évoque également l’occasion de voir d’autres gens, de croiser des points de vue, des Cultures. Sans chercher une confrontation, c’est l’occasion d’enrichir des points de vue, en multipliant les approches des mêmes phénomènes, et d’en découvrir ainsi de nouvelles facettes. Une bonne manière de progresser dans la complexité.
A l’infinitif, Croiser nous renvoie aux trois dimensions du développement durable. Rappelez-vous, l’économique, le social (ou sociétal, mais ça se discute) et l’environnement, représentés par trois cercles, souvent ovoïdes d’ailleurs, qui se croisent et se coupent les uns les autres. Une approche un peu compliquée, se référant à la théorie des ensembles, avec des intersections et des unions. Certains ont vite fait de croire qu’il suffit d’être présent dans un des cercles pour être durable. Ou que l’on peut faire son marché au sein des trois cercles, que l’on va prendre un aspect et le valoriser sans égard pour Les autres. Il faut reprendre le petit dessin des trois cercles, que l’on croise et dont l’intersection commune donne le territoire du développement durable.
Une intersection ridicule, toute petite, difficile à atteindre, et qui restreint fortement le champ du possible. Le développement durable serait ainsi confiné à un univers minuscule. Le dessin des 3 cercles est en plus tellement installé, qu'on pourrait croire qu'il est immuable. Ce que l'on ne dit pas, c'est que les cercles peuvent bouger, et l’action des Pouvoirs publics et des responsables économiques et sociaux est de les déplacer dans le bon sens. En réalité, ils bougent sans cesse, avec les nouvelles techniques qui se diffusent, les Règlements, les équilibres économiques en perpétuel Mouvement, les modes de vie eux-mêmes évolutifs, etc. Tout l’art est parvenir à les superposer au maximum, comme on le fait pour obtenir une Lumière blanche à partir des couleurs de l’arc en ciel. Il est alors bien plus facile de faire du développement durable, et on n’est pas obligé de faire comme le voisin. Chacun retrouve des Marges de liberté. La Vertu devient attractive, voilà un bon croisement.
1 - Amin Maalouf Les Croisades vues par les arabes, Jean-Claude Lattes, 1983
Chronique mise en ligne le 27 septembre 2007, revue le 13 novembre 2010
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