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Gouvernance

Simple

Trois « piliers », ou même plus, de nombreux principes, des conférences et des programmes à répétition : le développement durable apparait à beaucoup comme une chose compliquée. Pourquoi ne pas faire simple ?
Devenir 4 fois plus performants. C’est le défi du facteur 4, qui nous permet à la fois de prolonger une tendance à l’amélioration de notre bien-être et de réduire la pression sur les ressources et la planète.

Pour cela, il faudra faire flèche de tous bois, se montrer malin, opportuniste, à l’écoute de la demande pour y répondre précisément. Le bien-être ne consiste pas en une simple accumulation de biens matériels, mais la peur de manquer, ou de ne pas être conforme à un modèle dominant conduit souvent à confondre bonheur et consommation. La « performance durable » suppose une réflexion à la fois sur les modes de vie et l’organisation sociale d’une part, sur les modes de production et les manières de se procurer les ressources naturelles d’autre part. Une chose est essentielle dans cette démarche : qu’elle reste compréhensible par out le monde, de manière à ce que chacun puisse participer et faire du développement durable sa chose personnelle, au lieu de se le faire imposer par des autorités supérieures. En un mot, il faut faire simple.
Cela ne veut pas dire qu’il faut abandonner toutes les techniques sophistiquées, loin de là. Les satellites qui nous aident à mieux comprendre le fonctionnement de la planète sont très utiles, tout comme les matériaux de construction qui permettent d’obtenir des performances techniques remarquables tout en consommant le moins de ressources possibles. L’important est que ces approches de spécialistes pointus ne soient pas déconnectées de la vie, et que chacun puisse en saisir la signification, et surtout puisse voir comment en profiter.
Il s’agit de rendre l’écologie facile. La complexité du monde et des humains a souvent conduit à un discours décourageant. Les « spécialistes » du développement durable et de l’écologie ont eu tendance, comme tous les spécialistes, à construire un langage abscons, nécessaire entre eux pour faire avancer leur science, mais incompréhensible du commun des mortels. Les premières étapes de la compréhension du développement durable sont négligées, au profit d’un approfondissement bien inutile si le plus grand nombre n’a pas compris les prémisses.
La végétalisation des murs, dans les villes, nous offre un cas d’école intéressant. Une intervention bien visible dans le paysage et la vie quotidienne, avec ses effets sur le microclimat et la propagation du bruit. Longtemps maintenue dans un statut de seconde zone, la voilà qui revient à la mode. Il a fallu pour cela qu’un spécialiste lui redonne de l’éclat, en y incorporant beaucoup de science et de savoir faire. Les murs végétaux de Patrick Blanc sont le fruit d’une longue observation de la nature et de l’accumulation de connaissances sur le comportement des plantes. Rien à voir avec la vigne vierge ou le lierre. Des réalisations s prestigieuses et très onéreuses, qui ont donné ses lettres de noblesse à la couverture de nos murs par des végétaux. Nous avons là de véritables monuments, à voir comme tels : exceptionnels à bien des égards, coût, emplacement, type de maintenance et d’entretien, etc. Mais les monuments n’ont de sens que comme étendards, comme parties marquantes d’un ensemble dont ils sont les emblèmes. Il faut y ajouter du quotidien, très simple à concevoir et à faire vivre, et auquel chacun peut se raccrocher. Les monuments végétaux appellent une végétalisation ordinaire, simple, qui pourrait s’étendre du fait de la volonté de ceux qui fréquentent les lieux.
Certaines villes sont entrées dans cette logique, en laissant les habitants ouvrir le bitume devant leur immeuble pour y installer des plantes. Dans certains cas, ce sont les pieds des arbres d’alignement quoi sont colonisés par les riverains qui prennent ainsi la main sur leur environnement personnel. Des choses simples, rendues longtemps impossibles par une vision administrative et professionnelle du paysage urbain, et qui s’ouvrent aujourd’hui. Le sophistiqué, l’exceptionnel et le quotidien doivent cohabiter et se renforcer mutuellement. 
Le défi du développement durable exige des exploits, mais il y a souvent plusieurs manières d’y parvenir, comme le rappelle la plaisanterie sur l’écriture dans les fusées spatiales et les satellites. Comment écrire avec des stylos dont l’encre va s’échapper de fait de l’apesanteur ? Faut-il des procédés issus de longues recherches de manière à maîtriser le flux de l’encre ? La réponse est toute autre : il faut écrire avec un crayon. Dans la construction, des techniques très rustiques peuvent cohabiter avec des matériaux composites, l’essentiel est que les habitants ou usagers aient compris la logique du projet et y ait adhéré. L’écoute des futurs occupants, de manière à ce que leur logement entre dans leur univers, est à ce titre déterminant. Une construction est par nature complexe, tant il y a de paramètres à intégrer, et toute la préoccupation de l’homme de l’art sera de la rendre simple à l’usage, ou du moins facile à s’approprier.
Le développement durable n’est pas l’affaire de spécialistes. Il doit être accessible à tous, même si la recherche de nouveaux modes de vie apparait de prime abord comme une aventure périlleuse. C’est précisément en rendant les choses simples, et non pas simplistes, qu’il est possible de démystifier cette étape nouvelle dans la vie de l’humanité, et d’y entraîner le plus grand nombre de nos concitoyens.

 

 

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