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Gouvernance

Projet

projet aleks dahlberg 255027Voilà un joli mot, tourné vers l’avenir. Un avenir proche, pour une réalisation bien identifiée, ou un avenir plus lointain et plus général, comme un projet de vie, ou d’entreprise. L’étoile de Sirius, qui donne le cap. Deux échelles de temps, qu’il convient de conjuguer, le projet immédiat devant constituer une pierre du projet global, mais en étant souvent déconnecté.

Un projet global, voilà qui nous conduit au développement durable. Pas d’avenir sans projet, sans une vision du futur que nous souhaitons, même si chacun sait bien qu’il faudra l’aménager et l’adapter en fonction des réalités rencontrées. Les occasions sont nombreuses de proposer un projet à partager, notamment à l’occasion d’élections, mais ne nous trompons pas : un programme électoral est souvent un ensemble de promesses, qui ne porte guère de « vision » cohérente d’un futur enviable.
Il faut donc aller plus loin. Un projet pour un territoire est l’émanation d’un lieu et de ses habitants. Une émanation construite à partir d’une population, d’une culture, d’une histoire, des vertus propres au lieu, son paysage, son ambiance, ses particularités, et ses atouts. Il faut une alchimie particulière pour transformer ces éléments et en dégager des perspectives, des envies, une confiance en l’avenir. De nombreux territoires n’ont guère de projet. Ils gèrent le présent au jour le jour, font face aux urgences, et tentent d’éviter que leur situation se dégrade. Des territoires qui se sentent oubliés, exclus de la marche du progrès. Les banlieues sont souvent évoquées, mais elles font malgré tout l’objet de beaucoup de sollicitudes. La campagne est souvent oubliée, la « France profonde » avec ses petites communes et ses chefs-lieux de canton. Elle a fourni de la main-d’œuvre pour l’industrie et les villes, des terrains pour l’urbanisation, et se sent vidée de sa substance. Ajoutons que l’activité historique, l’agriculture, cherche un nouveau modèle, et que les services publics, pour cause de performance, se concentrent dans des villes plus importantes. Il manque un projet d’envergure pour le monde rural, un projet endogène qui lui donne une identité pour se positionner dans le monde moderne. A défaut, les pouvoirs publics auront beau se démener pour traiter le désert médical, le vieillissement, la fuite des membres les plus dynamiques des communautés rurales et la crise endémique de ces dernières, les campagnes vont s’étioler, avec des drames sociaux et écologiques. Nous sommes bien en présence d’un enjeu de développement durable. Malgré tout, les campagnes et les petites villes ne sont pas mortes, et certaines se portent bien. Ce sont souvent de fortes personnalités qui ont su dégager des perspectives et entraîner leur population, en faisant naître un projet. Les ingrédients sont là, il manque la volonté et surtout la confiance en soi de ces communautés rurales pour se doter d’un futur attractif. Voilà un beau défi à relever pour un ministère de « l’égalité des territoires ».
Le projet immédiat, maintenant. On dit parfois « une bonne idée est une idée qui se réalise », et cette maxime pourrait se reprendre pour les projets. De nombreux ouvrages ont été écrits pour vous dire comment faire pour réussir. Attachons-nous aux projets complexes, qui concernent plusieurs personnes ou groupes de personnes, dont les intérêts sont liés, comme l’élimination des points noirs du bruit. Il faut pour cela intervenir simultanément sur la route (ou le rail) et le trafic, pour réduire le bruit à la source, sur les habitations et les équipements publics comme les écoles, pour les isoler, et obtenir des aides de différentes origine, Etat, région, département, etc. Mettre tout le monde d’accord est bien compliqué, chacun ayant ses propres exigences, ses propres ressources, ses propres contraintes. Le résultat est que ces travaux traînent en longueur, et que les projets les plus urgents ne sont pas les plus vite mis en chantier. Le « facteur limitant » n’est pas, en général, le manque d’argent, mais la difficulté à monter le projet, et à définir ce que chacun doit faire concrètement. Les projets qui avancent sont ceux dont le dossier est prêt.
Une observation assez évidente, me direz-vous, une lapalissade, mais dont les enseignements ne sont pas tirés assez souvent. Les aides prévues pour traiter ce genre de projet doivent être accessibles dès la phase de montage, pour permettre le recours aux bonnes équipes dès que possible. Comme souvent, les enjeux les plus sensibles se présentent au début de l’élaboration du projet, dans sa genèse, alors qu’il n’y a ni la compétence ni les moyens pour les prendre en charge. Il convient en effet de bien cerner le problème, d’identifier tous les acteurs qui comptent, et de mettre en place une sorte de gouvernance qui permettra au projet de prospérer.
Le développement durable est objet de projets dans tous les sens du terme. Une perspective d’avenir, d’un avenir nouveau satisfaisant à la fois pour soi-même et pour l’environnement. Sortir de la poursuite d’un avenir déjà écrit, pour trouver l’énergie et l’envie d’en fabriquer un original et moderne, inscrit dans la réalité d’aujourd’hui.
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