Confort
Il s’agit ici d’en sortir. Sortir de sa zone de confort n’est pas facile, et pourtant il le faudra bien le faire collectivement si l’on veut explorer des futurs originaux, au lieu de s’accrocher à un passé dont nous savons qu’il n’est pas durable.
C’est pas mal, le confort. Un habitat agréable, mais aussi un confort de vie, un sentiment d’aise et de sécurité, source d’un bonheur simple. Mais il faut savoir en sortir. Le monde change, et l’univers qui nous connaissions bien, dans lequel nous avons des repères sûrs, ne nous offre plus de bonnes perspectives d’avenir. Les sondages l’affirment : les Français pensent que leurs enfants vivront moins bien qu’eux. Le « progrès » n’est plus garanti comme les 30 glorieuses nous l’avaient fait espérer. De nombreux indices nous le font savoir. Il n’y avait presque plus de clochards dans les rues, on pouvait croire que la misère était vaincue, et voilà des milliers de SDF sous nos ponts ou sur les trottoirs. Le temps de travail diminuait régulièrement, et on nous annonce qu’il faut travailler plus et plus longtemps. Les services publics sont débordés ou disparaissent de larges parties du territoire, les écoles ferment dans les centres-villes et les campagnes. Et puis bien sûr les avatars qui nous tombent sur la tête, le climat, la biodiversité, les océans, les migrations humaines, la mondialisation.
Nous le savons, nous ne pouvons rester dans notre zone de confort, il va falloir changer ou accepter ce que nous craignons, de vivre moins bien qu’avant.
Sortir de sa zone de confort, voilà ce qui nous est demandé, pour de multiples raisons. C’est bien embêtant, et ça nous fait peur. Un saut dans l’inconnu, peut-on craindre, sans aucune garantie sur le résultat. Ne vaut-il pas mieux s’accrocher, résister au changement, se refermer pour s’affranchir des contraintes extérieures ? Et bien non, ce n’est pas possible, car le climat ne connait guère de frontières, nos envies aussi, avec la puissance des médias qui réduisent les distances et nous mettent en relation avec une diversité de cultures. Rien à faire, il faut sortir de notre zone de confort.
Nous le savons bien quand il s’agit de personnes, elles ont besoin d’avoir confiance en soi pour sortir de leur zone de confort. Dans notre cas de figure, il s’agit d’une société, la nôtre, qui doit trouver le ressort nécessaire pour sortir de sa zone de confort. Les dirigeants ont une part de responsabilité, mais ils ne peuvent rien sans l’assentiment de la population. On a vu, rappelez-vous les bonnets rouges en Bretagne et plus récemment les gilets jaunes, qu’une fraction de la société peut bloquer toute mesure décidée d’en haut. Il faut donc donner confiance à l’ensemble de la société si l’on veut qu’elle accepte de sortir de sa zone de confort, c’est à dire de changer de mode de vie, d’explorer les futurs inédits, de construire un avenir sensiblement différent du passé. « C’était mieux avant » guette et est prêt à ressortir à la moindre occasion.
Une société qui ait confiance en soi, voilà donc une étape obligée pour parvenir au changement tant désiré. Comment y parvenir ?
Il faut d’abord éviter de lui saper le moral, de lui mettre le nez dans ses erreurs et ses négligences, lui faire honte, lui laisser entendre qu’elle est fragile. C’est pourtant ce qui est souvent fait. Quand vous dites : je vais vous protéger, l’Etat protecteur, vous dites implicitement que vous devez être protégé, et que vous êtes faible. C’est pourtant ce que nous entendons tous les jours depuis des années. Maintenant, c’est le reproche qui fait florés, vous n’avez rien fait, vous serez jugés par l’histoire, vous êtes des criminels. Je ne suis pas certain que ces deux attitudes soient propres à redonner du peps à la société.
La société n’est pas homogène. Il y a ceux pour qui ça marche bien, et qui ont naturellement confiance, à moins que ça ne marche bien parce qu’ils avaient confiance en eux. Il y en a qui sont, ou se ressentent, dans l’échec, qui ne savent pas comment remonter la pente, et il y a, entre les deux, un large panel de gens qui ne savent pas très bien où ils en sont, mais qui ne sont pas désespérés pour autant, ils ont prêts à avancer pour peu qu’ils reçoivent des indications claires sur la voie à suivre. Un discours différencié est sans doute nécessaire, mais tous ont besoin d’être reconnus. Le sentiment d’être oublié, ou inutile vous conduit vite à la déprime. C’est raté pour le changement. Et ceux qui se portent bien apprécient aussi que leur succès soit valorisé.
Deux autres lignes de conduite peuvent être évoquées, et il y en a sans doute bien d’autres que chacun pourra ajouter à cette amorce de programme pour aider la société à sortir de sa zone de confort. La première est de redonner du pouvoir sur la vie quotidienne. Chacun admet volontiers qu’il ne maîtrise pas les grandes manœuvres internationales, mais voudrait bien avoir son mot à dire sur la vie de son quartier, de son village, de son école. C’est plus facile d’obtenir des résultats à cette échelle, et ça donne confiance. La seconde est une exigence en forte progression, donner du sens à ce que nous faisons. La loi PACTE, pour les entreprises, leur demande de définir leur raison d’être, en quoi leur production rend service à la société. Une demande qui peut se décliner aux individus, dans leur activité professionnelle, associative ou familiale. Se sentir utile, et intégré dans une dynamique partagée, c’est bon pour le moral.
On dit que les Français n’ont pas le moral, que ce sont même les champions européens du pessimisme, sans parler des « déclinistes ». Il y a donc beaucoup à faire pour leur redonner confiance en eux. Il y a de nombreuses initiatives qui montrent, à l’inverse, qu’il y a une volonté de mouvement qui fonctionne et donne des résultats. Plutôt que de protéger, il vaut mieux soutenir, encourager, donner des repères, faciliter les synergies et les avancées collectives. C’est comme ça que la société toute entière acceptera de sortir de sa zone de confort, et même qu’elle en aura envie.
C’est pas mal, le confort. Un habitat agréable, mais aussi un confort de vie, un sentiment d’aise et de sécurité, source d’un bonheur simple. Mais il faut savoir en sortir. Le monde change, et l’univers qui nous connaissions bien, dans lequel nous avons des repères sûrs, ne nous offre plus de bonnes perspectives d’avenir. Les sondages l’affirment : les Français pensent que leurs enfants vivront moins bien qu’eux. Le « progrès » n’est plus garanti comme les 30 glorieuses nous l’avaient fait espérer. De nombreux indices nous le font savoir. Il n’y avait presque plus de clochards dans les rues, on pouvait croire que la misère était vaincue, et voilà des milliers de SDF sous nos ponts ou sur les trottoirs. Le temps de travail diminuait régulièrement, et on nous annonce qu’il faut travailler plus et plus longtemps. Les services publics sont débordés ou disparaissent de larges parties du territoire, les écoles ferment dans les centres-villes et les campagnes. Et puis bien sûr les avatars qui nous tombent sur la tête, le climat, la biodiversité, les océans, les migrations humaines, la mondialisation.
Nous le savons, nous ne pouvons rester dans notre zone de confort, il va falloir changer ou accepter ce que nous craignons, de vivre moins bien qu’avant.
Sortir de sa zone de confort, voilà ce qui nous est demandé, pour de multiples raisons. C’est bien embêtant, et ça nous fait peur. Un saut dans l’inconnu, peut-on craindre, sans aucune garantie sur le résultat. Ne vaut-il pas mieux s’accrocher, résister au changement, se refermer pour s’affranchir des contraintes extérieures ? Et bien non, ce n’est pas possible, car le climat ne connait guère de frontières, nos envies aussi, avec la puissance des médias qui réduisent les distances et nous mettent en relation avec une diversité de cultures. Rien à faire, il faut sortir de notre zone de confort.
Nous le savons bien quand il s’agit de personnes, elles ont besoin d’avoir confiance en soi pour sortir de leur zone de confort. Dans notre cas de figure, il s’agit d’une société, la nôtre, qui doit trouver le ressort nécessaire pour sortir de sa zone de confort. Les dirigeants ont une part de responsabilité, mais ils ne peuvent rien sans l’assentiment de la population. On a vu, rappelez-vous les bonnets rouges en Bretagne et plus récemment les gilets jaunes, qu’une fraction de la société peut bloquer toute mesure décidée d’en haut. Il faut donc donner confiance à l’ensemble de la société si l’on veut qu’elle accepte de sortir de sa zone de confort, c’est à dire de changer de mode de vie, d’explorer les futurs inédits, de construire un avenir sensiblement différent du passé. « C’était mieux avant » guette et est prêt à ressortir à la moindre occasion.
Une société qui ait confiance en soi, voilà donc une étape obligée pour parvenir au changement tant désiré. Comment y parvenir ?
Il faut d’abord éviter de lui saper le moral, de lui mettre le nez dans ses erreurs et ses négligences, lui faire honte, lui laisser entendre qu’elle est fragile. C’est pourtant ce qui est souvent fait. Quand vous dites : je vais vous protéger, l’Etat protecteur, vous dites implicitement que vous devez être protégé, et que vous êtes faible. C’est pourtant ce que nous entendons tous les jours depuis des années. Maintenant, c’est le reproche qui fait florés, vous n’avez rien fait, vous serez jugés par l’histoire, vous êtes des criminels. Je ne suis pas certain que ces deux attitudes soient propres à redonner du peps à la société.
La société n’est pas homogène. Il y a ceux pour qui ça marche bien, et qui ont naturellement confiance, à moins que ça ne marche bien parce qu’ils avaient confiance en eux. Il y en a qui sont, ou se ressentent, dans l’échec, qui ne savent pas comment remonter la pente, et il y a, entre les deux, un large panel de gens qui ne savent pas très bien où ils en sont, mais qui ne sont pas désespérés pour autant, ils ont prêts à avancer pour peu qu’ils reçoivent des indications claires sur la voie à suivre. Un discours différencié est sans doute nécessaire, mais tous ont besoin d’être reconnus. Le sentiment d’être oublié, ou inutile vous conduit vite à la déprime. C’est raté pour le changement. Et ceux qui se portent bien apprécient aussi que leur succès soit valorisé.
Deux autres lignes de conduite peuvent être évoquées, et il y en a sans doute bien d’autres que chacun pourra ajouter à cette amorce de programme pour aider la société à sortir de sa zone de confort. La première est de redonner du pouvoir sur la vie quotidienne. Chacun admet volontiers qu’il ne maîtrise pas les grandes manœuvres internationales, mais voudrait bien avoir son mot à dire sur la vie de son quartier, de son village, de son école. C’est plus facile d’obtenir des résultats à cette échelle, et ça donne confiance. La seconde est une exigence en forte progression, donner du sens à ce que nous faisons. La loi PACTE, pour les entreprises, leur demande de définir leur raison d’être, en quoi leur production rend service à la société. Une demande qui peut se décliner aux individus, dans leur activité professionnelle, associative ou familiale. Se sentir utile, et intégré dans une dynamique partagée, c’est bon pour le moral.
On dit que les Français n’ont pas le moral, que ce sont même les champions européens du pessimisme, sans parler des « déclinistes ». Il y a donc beaucoup à faire pour leur redonner confiance en eux. Il y a de nombreuses initiatives qui montrent, à l’inverse, qu’il y a une volonté de mouvement qui fonctionne et donne des résultats. Plutôt que de protéger, il vaut mieux soutenir, encourager, donner des repères, faciliter les synergies et les avancées collectives. C’est comme ça que la société toute entière acceptera de sortir de sa zone de confort, et même qu’elle en aura envie.
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