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fondamentaux du DD

Univers

L'idée d'une planète de rechnage est régulièrement bévoquée, en fonction de découvertes de la science astronomique. Elargissons notre univers, oui, mais pour quoi faire ? Abandonner notre planète à son sort ? Est-ce bien durable ?

Nous sommes ici dans l’infiniment grand. L’univers est peuplé d’un nombre incalculable de soleils et de planètes. La Terre n’y représente qu’un point minuscule, bien mis en évidence par Al Gore dans son film Une vérité qui dérange. Les chercheurs, sans doute en symbiose avec les auteurs de romans de science fiction, auscultent cet univers, à la recherche d’autres planètes qui pourraient ressembler à la nôtre, et où des êtres humaines pourraient vivre. On aurait là une position de repli préparée à l’avance en cas de sinistre généralisé à la surface de la planète Terre.

C’est que l’idée d’aller voir plus loin est toujours vivace. L’exploration de la terre est (presque) terminée, il faut donc aller au-delà. On dira que c’est pour comprendre l’origine du monde, ou pour observer la planète dans ses profondeurs. De bonnes raisons qui cachent mal le besoin d’expansion qu’éprouve l’humanité. Et comme il existe une infinité de planètes, il n’y a pas de raison, mathématiquement, pour qu’il n’en existe pas de semblable à la nôtre. Après la période où l’on a considéré l’Homme comme unique, créé à l’image de son créateur, et roi de la création, on en vient à penser que celle-ci ne se résume pas à la Terre, et qu’il y a d’autres planètes à coloniser. Le seul problème est de les trouver.

Au sein du système solaire, on n’a pas trouvé, mais on sait aujourd’hui regarder plus loin, et les astronomes observent d’autres systèmes solaires et leurs satellites. Et coup de chance, on vient de trouver la planète Terre bis. Un satellite de l’étoile Gl 581. Il n’est qu’à une vingtaine d’années lumière de chez nous. Une « exoplanète » de rêve, dont la température de surface serait de 0 à 40 degrés. Tout va bien, l’avenir de nos enfants est assuré ! Juste quelques questions auxquelles il faudra apporter une réponse : combien d’entre nous pourront y aller, et comment les heureux élus seront-ils désignés ? quel est le prix à payer ?

La vie serait donc possible sur une autre planète. Une vie telle que nous la concevons, mais d’autres configurations peuvent donner d’autres formes de vie. Celle-ci s’adapte et se développe selon les conditions offertes. Nous avons été très surpris de trouver dans les abysses, à proximité de volcans sous-marins, des êtres vivants dont ne soupçonnions pas l’existence, dont les principes de vie sont totalement différents des nôtres. Il pourrait donc y avoir une infinité de types de vie, et toutes les planètes pourraient être peuplées, non pas de petits hommes verts comme nous nous les représentons avec une bonne dose d’anthropomorphisme, mais d’êtres que nous ne pouvons pas imaginer, tant ils sont différents de ce que nous connaissons. Revenons sur terre : même avec un changement brutal d’environnement, comme un haut niveau de radioactivité, il y aura de la vie sur notre planète, mais pas la même. L’humanité et de nombreuses espèces qui constituent notre univers laisseront la place à des organismes adaptés aux nouvelles conditions de vie. Ce serait juste dommage pour nous !

Le mot univers évoque aussi bien l’immensité des galaxies que notre milieu de vie quotidienne. Un mot riche, par conséquent, avec sa double signification. Après s’être promené dans la première, explorons la seconde, à connotation culturelle et mentale. Là encore, gardons nous de ne voir que ce qui est conforme à notre propre univers. Une anecdote rapportée par Edward T. Hall le rappelle avec force : « Les plans de suppression des taudis et de rénovation urbaine de Boston avaient omis de tenir compte du fait que les quartiers occupés par la classe ouvrière étaient très différents de ceux occupés par les classes moyennes. Les résidents du « West-End » vivaient en contact permanent les uns avec les autres ; les halls des maisons, les magasins, les églises et même les rues jouaient pour eux un rôle essentiel dans la participation à la vie de la collectivité. (…) En calculant la densité démographique du West-End, on s’apercevait que les habitants disposaient en réalité d’un espace vital plusieurs fois supérieur à celui qu’indiquaient les critères d’évaluation de la classe moyenne, fondés sur la seule cellule d’habitation. (…) Le West-End de Boston servait en fait à transformer les villageois immigrants en citadins, dans un processus étalé sur trois générations. A partir du moment où un rajeunissement du quartier était nécessaire, mieux aurait valu une rénovation que sa destruction complète qui n’atteignait pas seulement les bâtiments mais aussi les structures sociales. En effet, lorsque la restructuration urbaine les contraignit à emménager dans des espaces plus modernes mais moins bien intégrés, un nombre important d’Italiens furent atteints de dépression et la vie perdit apparemment pour eux une part de son attrait ». L’univers des décideurs et des concepteurs de cette rénovation n’était manifestement pas le même que celui des « bénéficiaires » de ces opérations. Cette aventure n’est pas spécifiquement américaine, et il semble bien que la réponse apportée dans l’urgence, dans les années 1950 et 1960, à la crise du logement consécutive à un fort exode rural et à l’arrivée massive de rapatriés d’Algérie, et de personnel pour nos industries, soit du même ordre. N’oublions pas que ces grands ensembles ont été inaugurés avec fierté et enthousiasme, avant de dépérir progressivement, du fait de leur inadaptation aux modes de vie des occupants.

De l’infiniment grand au plus intime, les univers sont multiples. Nous avons beau le savoir, nous ne pouvons nous empêcher de voir le monde avec nos propres références, et de le confiner aux limites de notre propre univers. Outre les nombreux malentendus qui en résultent, cette manière de penser constitue un obstacle redoutable dans la recherche de réponses innovantes aux défis que nous devons relever. Redoutable, parce qu’intérieur à nous même et que nous le voyons pas, nous ne savons même pas qu’il existe. Cette diversité d’univers constitue une richesse, mais il faut encore la percevoir et la capter. Les œillères dont les habitudes, les convenances, la paresse intellectuelle nous ont dotés sont des ennemies du développement durable.



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