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fondamentaux du DD

Inventaire



Vous le savez bien, le droit d’inventaire est une manière d’émettre des critiques. Il n’empêche que les inventaires sont bien utiles, à condition d’en faire un bon usage. Le développement durable n’échappe pas à cette logique, qui consiste à faire le tour des stocks, de comptabiliser les produits en magasin, et les manques qui doivent être comblés. Dans le langage codé du développement durable, on appelle ça les bonnes pratiques, ou encore les best practices, pour faire savant.



Attention toutefois : Le syndrome Prévert guette. Gardons nous d’entasser de bonnes idées, des success stories, des innovations à vous couper le souffle, sans en saisir la portée réelle. Le risque est grand d’offrir un catalogue de mesures sans que les utilisateurs n’en possèdent le mode d’emploi. Comme le dit si justement Sun Tzu, Chaque jour, chaque occasion, chaque circonstance demande une application particulière des mêmes principes. L’inventaire demande donc une réelle intelligence pour être utile, un savoir faire. La même bonne idée dument inventoriée parmi les bonnes pratiques du développement durable mérite un traitement spécial, adapté à chaque circonstance.

Dans le bâtiment, la démarche HQE commence par une analyse du contexte, ce que souhaitent le promoteur et les futurs usagers, les atouts et contraintes de la localisation envisagée, l’évolution probable des besoins, etc. Les bonnes pratiques, les solutions opérationnelles qui ont pu être mises en catalogue grâce aux retours d’expérience, ne peuvent être le point de départ de la réflexion. Elles arrivent le moment venu pour offrir aux concepteurs des gammes de réponses aux questions remises dans leur contexte.

Les systèmes à points sont séduisants par leur simplicité. Il s’agit d’accumuler des points attachés à la mise en œuvre de telle ou telle technique : isolation renforcée, récupération d’eau de pluie, ventilation double flux, capteur solaire, etc. Le risque est symétrique de la simplicité, l’inventaire à la Prévert : une laine de mouton, un tonneau sous la gouttière, une lampe LED, un capteur solaire, et un raton laveur. Vous l’avez compris, une accumulation de bons ingrédients ne suffit pas à faire de la bonne cuisine. Il faut la patte du chef, et souvent de bonnes recettes.

Les points gagnés dans un dispositif cohérent, avec une méthode rigoureuse pour concevoir et réaliser un produit, constituent une bonne manière de progresser, de lui apporter des qualités supplémentaires. Les points acquis isolément, sans vue d’ensemble, risquent de ne pas signifier grand chose.

Les certificats d’économies d’énergie relèvent un peu de cette logique. Il y a un catalogue de mesures donnant droit à des bons points, il faut les additionner. La cohérence de l’ensemble n’est pas assurée pour autant. Dans un premier temps, ce n’est pas un problème, la recherche de certificats a entraîné la découverte par un grand nombre d’acteurs de solutions partielles négligées jusqu’alors. Et puis il faut apprendre comment ça marche, un système trop complexe n’aurait pas permis de le populariser. Vendre des économies plutôt que du produit est déjà une démarche suffisamment troublante pour ne pas ajouter de la complexité. Il n’empêche que le risque de ne pas commencer parce qu’il y a de plus efficace est réel, si les acteurs n’ont pas suffisamment de recul par rapport à la recherche aveugle de certificats. L’exemple bien connu est le dilemme isolation/système de production de chaleur. Est-il légitime de gagner des points pour une chaudière très efficace avant de s’être assuré que l’enveloppe de la maison n’est pas une passoire à calories ? Bien sûr, faisons confiance aux opérateurs pour éviter ce genre de dérive, mais le risque existe. Le système actuel est une première étape, l’apprentissage des gammes en quelque sorte. Il reste ensuite à apprendre la musique !

Les agendas 21 territoriaux ou d’entreprise. Voilà une autre forme d’avancée au nom du développement durable qui exige la mise en musique de nombreuses bonnes pratiques. Achats verts, parc auto à moins de 120 g de CO², abandon des herbicides, bouffe bio à la cantine, etc. L’inventaire des mesures types est déjà dressé, et il s’enrichit chaque jour. Gardons-nous, là encore, de croire qu’un bon mix de ces solutions prédéfinies suffit à réaliser un bon plan de développement durable. Il faut leur assurer une cohérence, vérifier qu’elles se complètent et se renforcent, qu’elles trouvent leur place dans une stratégie et alimentent une dynamique.

Alors vive les inventaires, ce sont de formidables outils de travail, mais gare aux pièges qui sont légion. Les ingrédients qu’ils présentent doivent encore être bien choisis et bien combinés. Pour cela, de bonnes recettes, de l’intelligence et du talent, y’a pas de secret !





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