Guerre
La France se découvre en guerre, à en croire nos dirigeants politiques. Guerre et développement durable ne font pas, a priori, bon ménage. Comment rester durable quand on est en guerre ?
Guerre et paix sont très présentes dans les principes du développement durable, proclamés en 1992 à Rio de Janeiro. « La guerre exerce une action intrinsèquement destructrice sur le développement durable » affirme le principe 24 de la déclaration de Rio, suivi de son symétrique dans l'article 25 : « La paix, le développement et la protection de l'environnement sont interdépendants et indissociables ».
Comment rester durable quand la guerre est déclarée ? La question est redoutable, mais elle suppose en premier lieu que l'on sache ce qu'est la guerre. Le mot est utilisé pour évoquer la nécessaire lutte contre des fléaux, le chômage, le réchauffement climatique ou le SIDA, ou encore des formes soft, comme la guerre économique, qui n'en fait pas moins son lot de dégâts, humains notamment. Méfions-nous du mot, qui n'est pas, à proprement parler, le contraire de paix. Il est tantôt revendiqué, comme aujourd'hui, tantôt rejeté comme au temps de la guerre d'Algérie. Depuis qu'elle n'est plus « déclarée », la guerre est avant tout une expression, un terme politique, sensé mobiliser l'opinion autour du chef et des troupes qui se battent pour nous et les valeurs de notre société. Derrière le mot, il y a aussi un conflit, évidemment, avec ses protagonistes et son histoire, ses formes plus ou moins violentes, mais le mot désigne avant tout une manière d'affronter l'évènement, une forme de dramatisation. L'état de guerre permet de changer les règles du jeu, et de s'affranchir, dans des circonstances jugées exceptionnelles, des contraintes qui retarderaient les opérations militaires, internes et externes.
Sans doute faut-il, en temps de crise aigüe, passer à l'action au plus vite, et ne pas s'encombrer de considérations philosophiques, mais gardons-nous pour autant de négliger la réflexion. Restons intelligents, sachons comprendre les origines du conflit pour le prendre par le bon côté. L'expérience récente, en Irak par exemple, nous montre qu'il est plus facile de gagner la guerre que de gagner la paix, c'est-à-dire d'installer un ordre durable à l'issue du conflit.
C'est le côté destructeur du conflit qui n'est pas durable, quel que soit le nom qui lui est donné. Destructeur de vies humaines, de patrimoine culturel ou naturel. Destructeur de sociétés, d'équilibres subtils entre groupes sociaux, de savoirs et de savoir-faire accumulés au cours des siècles. La guerre procède par des bombes et des tirs d'armes automatiques, mais aussi par l'action sur les esprits. Une action dont les effets se font sentir très longtemps, avec des résurgences qui se manifestent violement comme on a pu le voir en ex-Yougoslavie notamment.
La guerre traditionnelle relevait souvent de la querelle de chefs, qui voulaient élargir leur fief. Les destructions provoquées par ces conflits étaient terribles pour les populations des terres convoitées, si bien que les vainqueurs n'étaient souvent gagnants que pour l'honneur, les territoires conquis étant dévastés durablement. Sun Tzu, le sage chinois expert en la matière, ne dit pas autre chose dans l'introduction de son ouvrage célèbre « L'art de la guerre », qui date aujourd'hui de 2500 ans. Tout est bon pour éviter de faire la guerre, qui s'avère toujours la plus mauvaise des solutions. Mais si vous y êtes contraint, voici quelques conseils pour la gagner, malgré tout. Pas de quoi s'enthousiasmer pour la guerre, ultime solution quand toutes les autres tentatives de résolution du conflit ont été épuisées.
L'objet de la guerre était aussi l'accès à des ressources. L'eau a toujours été un objet de conflit, l'est toujours et le sera sans doute aussi demain, si ce « bien commun » n'est pas géré « durablement ». Ce sont aussi des métaux, des zones de pêche ou de chasse qui étaient convoitées. La croissance démographique de certains groupes les conduisait à chercher ailleurs que dans leur territoire les ressources dont ils avaient besoin, et à repousser les groupes moins dynamiques dans des régions plus arides.
Ces motifs de guerre sont-ils dépassés ? Ce serait trop beau. L'égo de dirigeants, leur volonté de puissance, le sentiment de supériorité que certains pays peuvent avoir par rapport au reste du monde, et le sentiment d'humiliation, le besoin de revanche qui l'accompagne, le besoin « d'espace vital » ou de ressources, ces germes de conflits sont toujours présents. Les guerres du pétrole, par exemple, sont là pour nous le rappeler. Des modes de vie moins gourmands en matières premières feraient assurément baisser la tension sur certaines ressources, et diminuerait ainsi les risques de conflits.
C'est très en amont des conflits qu'il faut agir pour éviter les affrontements. L'accès équitable aux ressources de la planète et la richesse des relations entre les populations et les cultures sont les meilleurs remparts, pour conserver un terme militaire, contre la guerre. Il est à noter que le prix Nobel de la Paix a souvent été attribué à des personnalités connues pour leur action pour l'environnement ou le développement humain.
Quand on en vient à une situation de guerre, il est bien sûr top tard pour regretter les erreurs du passé, mais il n'y a pas de guerre qui se gagne sans toujours penser à la sortie de guerre, et aux chances d'établir alors une société où faites l'amour pas la guerre ne sera pas qu'un slogan.
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