Renouvelable
Les énergies renouvelables sont souvent l'objet de critiques. Elle doivent gêner, et leur procès est permanent.Et pourtant, elles font partie du paysage, et elles y resteront.
On entend parfois, ici et là, annoncer le déclin des énergies renouvelables. L'énergie éolienne aurait été boutée hors de nos terres, et peut-être demain le plus loin possible au large de nos côtes. Quant au solaire, il serait étranglé par de nouvelles conditions financières.
D'ailleurs tout ça coûte très cher à l'usager, tout ça n'était qu'une bulle et tant mieux si cette bulle se dégonfle. Un panorama bien morose, qui renvoie inévitablement sur les énergies anciennes, en opposition aux nouvelles, celle que l'on maîtrise bien, le gaz, le pétrole et l’atome. D'autant que le discours sur la rentabilité, qui serait très lointaine, de l'isolation thermique complète l'enterrement à terme des énergies renouvelables. Tout ça sur un fond d'abandon progressif du Grenelle de l'Environnement et de ses ambitions.
Encore une fois, la France semble faire cavalier seul. Car cette image de repli des énergies renouvelables contraste avec ce que l'on observe à l'échelle européenne ou l'échelle mondiale. Les investissements dans les énergies renouvelables dans le monde ont augmenté régulièrement pour atteindre 263 Milliards de dollars en 2011(1). Cette croissance continue a permis aux énergies renouvelables d'atteindre une capacité de production mondiale supérieure de près de 50 % à celle du parc nucléaire. Même si on se limite à l'énergie électrique, la part de renouvelables se maintient à un niveau proche de 20 %, 19,6 % précisément en 2010, en légère progression sur la décennie malgré une forte augmentation de la consommation. L'énergie nucléaire compte pour 13 % de la production(2). Il semble bien présomptueux d’enterrer les renouvelables, aussi bien du point de vue de l’effet de serre, de l’approvisionnement et de la sécurité, que sur le plan industriel : ce sont des filières d’avenir.
Les énergies renouvelables sont multiples. On n'y trouve le vent et le soleil bien sûr, et celui-ci sous diverses formes mais il y a aussi la géothermie, la biomasse et les énergies marines, sans oublier l'hydraulique.
Sans entrer dans le détail, il convient de souligner le dynamisme de ces filières. Prenons l’hydraulique, une valeur sûre et un poids lourd : 82,9 % du total des renouvelables au niveau mondial. Elle se prolonge aujourd’hui par la petite hydraulique, très souple d’usage et finement répartie sur le territoire. Les éoliennes ont, de leur côté, parcouru un chemin intéressant, qui les conduit aujourd’hui à une place de premier plan. Rappelons-nous les vieilles éoliennes pour extraire l’eau dans les fermes ! Il y a eu de petites éoliennes, et il y en a toujours, adaptées à des usages locaux, et puis il y a les très grandes, que l’on construit en Mer, avec des puissances toujours plus impressionnantes. Le 5 janvier dernier, le parc éolien français a battu ses records de production avec 4 636 MW, équivalente à 5 réacteurs nucléaires. 8% de l’électricité consommée, en ces périodes de pointe toujours délicates à négocier.
L’énergie solaire évolue rapidement. Côté photovoltaïque, les prix ont fortement baissé en quelques années, mais ce n’est pas tout : les formes ont aussi progressé, de manière à pouvoir s’intégrer de mille manières dans une architecture de qualité, qu’elle soit contemporaine ou traditionnelle. Chacun peut s’équiper, mais c’est mieux d’atteindre une masse critique, ce qui se fait à présent dans les Villages. L’innovation s’empare aussi de l’organisation et des volets juridiques. Une autre forme d’énergie solaire est parfois oubliée, l’énergie thermique, et on l’oublie d’autant plus qu’elle est notre première source de vie. Le soleil porte la planète du zéro absolu, -273 °, à une température moyenne propice à la vie. Le reste consiste en des ajustements, que le soleil continue à nous apporter pour une bonne part. Il y a l’énergie gratuite, non comptabilisée, que nos captons dans nos maisons, dernière les Fenêtres. On améliore la performance avec des capteurs, pour le chauffage ou l'eau chaude
. Une forme d’énergie qui a du mal à se développer en France, depuis quelques années, en concurrence parfois avec le photo voltaïque. C’est bien dommage, car il s’agit de techniques bien maîtrisées et économiques. Cela ne l’empêche pas de progresser : Le « Moniteur » du 23 décembre 2011 nous apprend qu’un lotissement canadien met le soleil en conserve ». A Okotops, dans la province d’Alberta, 52 familles ont créé la communauté solaire Drake landing, pour capter de la chaleur sur leurs toits et la stocker dans des réservoirs et un stockage souterrain tirant parti de l’inertie thermique de la roche. L’hiver, les maisons récupèrent cette chaleur, ce qui couvre 90% des besoins au total. Cet exemple juste pour montrer que la dynamique se poursuit même sur les techniques les plus anciennes.
On peut en dire autant du bois, et d’une manière plus générale, de la biomasse. Les chaudières sont de plus en plus performantes, l’approvisionnement en combustibles de mieux en mieux maîtrisé. On trouve le bois à toutes les échelles, de la maison individuelle au réseau de chaleur.
Les progrès se voient partout, le biogaz fait son entrée sur les réseaux, et les énergies marines, sous leurs formes multiples, des algues aux hydroliennes, font l’objet d’intenses efforts de recherche.
Dans ce vaste mouvement, à l’échelle mondiale, les pays du G20 occupent une place prépondérante : 95% des investissements en 2011. En tête, on assiste à une compétition entre les Etats-Unis (48 milliards de dollars d’investissement) et la Chine (45,5 milliards). Si l’Europe comptait pour un, elle serait la première et de loin, avec 99,3 milliards de dollars, avec deux vedettes, l’Allemagne (30,6 milliards) et l’Italie (28 milliards). La France progresse mais reste loin derrière, avec 5 milliards.
Ces chiffres montrent clairement les enjeux des énergies renouvelables. La lutte contre le réchauffement climatique, la sécurité des approvisionnements, et l’économie se conjuguent dans une dynamique où l’on trouve des firmes multinationales et de toutes petites unités. On n’a pas fini d’en parler.
1 - Source : le Pew Charitable Trusts dans son étude annuelle intitulée Qui gagne la course à l'énergie propre ?
2 - Selon l'inventaire de la production d'électricité d'origine renouvelable dans le monde, publié par l’Observatoire des énergies renouvelables, Observ’ER, fin 2011.
Chronique mise en ligne le 22 avril 2012
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