Prévision
Le développement durable se construit chaque jour, et s’appuie notamment sur des scénarios pour aider à prévoir ce dont l’avenir sera fait. Des prévisions produites par des organismes internationaux comme l’agence internationale de l’énergie.
Malgré tous les efforts de réduction des émissions de gaz à effet de serre, la consommation d’énergie ne cesse de grimper à l’échelle mondiale.
Les statistiques de l’Agence Internationale de l’Energie (AIE) sont claires : Entre 1990 et 2013, la demande mondiale en énergie primaire a augmenté de 55%. La projection dans une hypothèse de « fil de l’eau », pas de changement notable dans les politiques, prolongent cette hausse de la demande globale d'ici à 2040, 45% en plus (1). Ce dernier chiffre peut paraître impitoyable, mais il correspond à un progrès sensible, une baisse de près de moitié de l’intensité énergétique (2). L’efficacité énergétique poursuit son chemin, le premier gisement d’énergie restant les économies que l’on peut en faire. C’est la forte augmentation de la production, plus rapide que l’efficacité, qui provoque cette demande : Elle va plus que doubler pendant les 25 prochaines années.
La cause du dérèglement climatique n’est pas perdue pour autant, tout dépend de l’origine de l’énergie. La principale source aujourd’hui est d’origine fossile, charbon, pétrole et gaz, qui représentent les 4/5e de la consommation sur les 30 dernières années, avec le charbon en vedette. C’est sur cette proportion qu’il va falloir jouer pour obtenir une réduction des émissions de GES, malgré la hausse du PIB et de la demande. Est-il raisonnable de miser sur les énergies décarbonées pour détrôner celles qui tiennent aujourd’hui le haut du pavé ? Que peut-on prévoir ?
La première prévision concerne le prix du pétrole. C’est un élément important dans le choix des opérateurs, avec un signal prix qui semble indifférent à l’effet de serre. L’AIE n’espère pas un relèvement immédiat du prix, aujourd’hui bon marché. Il pourrait s’établir à 80€ le baril en 2020. Malgré ce contexte défavorable, l’AIE observe une évolution rapide en faveur des énergies renouvelables. La capacité de production créée en 2014 est renouvelable pour une petite moitié. Le charbon voit ainsi sa situation ébranlée. Les énergies renouvelables sont devenues la deuxième source mondiale d’électricité après lui. Les engagements des Etats sur l’efficacité énergétique et les renouvelables permettent à l’AIE d’estimer qu’elles prendront progressivement la place du charbon. En 2040, elles représenteront 50% de l'électricité européenne, et 30% de l'électricité chinoise et japonaise, 25% aux Etats-Unis et en Chine. Même en Chine, la part du charbon devrait baisser significativement, et l’AIE s’interroge sur le cas de l’Inde, qui en est un autre gros consommateur. La prévision n’est pas toujours évidente. Le charbon fournira encore 30% de l'électricité globale en 2040.
L’AIE propose plusieurs scénarios, dont l’un sur l’objectif de la stabilisation du réchauffement à 2°C. La part des énergies renouvelables est la clé de la réussite. C’est l’hydroélectricité qui sera la plus importante d’ici 2030, malgré les impacts que cette source peut avoir sur d’autres enjeux environnementaux. Le scénario à 2% suppose une accélération de la part des renouvelables, qui passerait de 15% à 30% en 2040, par rapport à l’hypothèse « fil d l’eau ». Une telle accélération est –elle crédible ?
L’énergie éolienne et le solaire photovoltaïque ont connu des progressions spectaculaires au cours des dernières années.
Une étude de l'ONG allemande EnergyWatch Group et de l'université de technologie de Lappeenranta (Suède), compare les prévisions antérieures de l'AIE avec les résultats observés, et met en évidence une nette sous-estimation. La capacité du solaire photovoltaïque prévue en 2010 pour 2024 a été atteinte en janvier 2015. Pour l’éolien, le niveau prévu en 2002 pour 2030 a été atteint dès 2010. La vitalité dont les énergies renouvelables font preuve depuis quelques années, la rapidité des progrès techniques et la baisse des prix semblent donner du crédit à des prévisions optimistes, mais ce ne sont que des prévisions ! Gare à l’effet rebond, gare aux coups de frein qui pourraient s’imposer pour limiter les impacts de ces installations sur la biodiversité ou le paysage notamment. Le gisement des économies d’énergie et de l’efficacité complète le scénario, et là encore, les progrès sont rapides. Le scénario à 2° n’est pas une vue de l’esprit.
1 - Source : World Energy Outlook (WEO) 2015
2 - L'intensité énergétique est un indicateur désignant le rapport entre la consommation énergétique d'un pays et son produit intérieur brut (PIB).
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