Disco
Nous consommons de l'énergie, mais nous en produisons aussi, dans nos moindres mouvements. Pourquoi ne pas la récupérer, pour répoindre aux besoins du moment ?
On en parlait depuis quelque temps : la première discothèque autoproclamée durable vient d’ouvrir ses portes à Rotterdam. Bois labellisé, et récupération d’eau de pluie, mais aussi récupération de l’énergie des danseurs pour l’éclairage. Il est vrai que l’on en dégage, de l’énergie, quand on se déhanche sur la piste de danse, et que si on pouvait la récupérer, ce ne serait pas mal.
A la surface de la planète, l’énergie est abondante, il y en a beaucoup plus que ce dont nous avons besoin. Le problème est bien de la capter, de la domestiquer, d’en faire un bon usage. Elle est parfois trop concentrée, comme on le voit avec les orages et les ouragans ; elle est souvent diffuse, et c’est alors trop compliqué ou trop coûteux d’aller la recueillir. Le progrès a changé la donne, il est des cas où l’on sait, aujourd’hui, utiliser de petites sources d’énergie, comme on le voit dans cette discothèque. Il y a aussi la chaleur humaine, que l’on va récupérer pour chauffer des maisons, plutôt que de la voir s’échapper en pure perte. L’opération est en cours à Stockholm, précisément à la gare centrale, traversée chaque jour par 250 000 personnes qui respirent et dégagent de la chaleur. Celle-ci est récupérée dans le système de ventilation, et sert à chauffer de l’eau, renvoyée sur des bâtiments voisins pour réduire leurs consommations pour le chauffage. Economie attendue : 20%, pour un coût très modique.
Au-delà de la chaleur humaine et de la frénésie des danseurs, il y a plein de petites sources inexploitées. Le 8 août 2008, a été inaugurée une centrale pico électrique. Pico ? Oui, bien mieux que le nano, le préfixe pico signifie un millionième de millionième. On est dans le vraiment tout petit. Il s’agit en fait d’installer une turbine sur une conduite d’eau, qui existait avant, et que personne n’avait pensé exploiter. Ça se passe dans les Alpes-Maritimes, entre Saint-Etienne-de-Tinée et Auron, dont l'altitude diffère de 600 mètres. Cette Pico-Centrale permet de réduire la pression de l’eau à la place des réducteurs, par une turbine de 200 kW avec alternateur fournissant de l’énergie électrique. Il fallait juste y penser, et le développement durable est un bon stimulant.
Plus compliquée est la captation de l’énergie de la houle, des vagues. Beaucoup d’initiatives ont été prises. Retenons en une originale. Ce sont des écossais qui ont eu l’idée d’aller chercher des serpents de mer ! Le monstre du Loch Ness est une source inépuisable d’inspiration. La société Ocean Power Delivery a inventé un serpent en acier dont la mission est de transformer la houle de la mer en électricité. L’animal mesure 150 mètres de long, et pèse 750 tonnes. Il s’appelle Pelamis. Trois de ces serpents ont été inaugurés récemment au large d'Aguçadoura, dans le Nord du Portugal. Ils fournissent l’énergie équivalente à la consommation de 1 500 foyers, et doit se développer pour une centaine d’individus qui produiraient 500 MW. Pour l’instant, ces installations coûtent cher, avec leurs pistons et leurs générateurs, mais si la démographie des serpents est dynamique, leurs concepteurs nourrissent l’espoir de se rapprocher du prix de l’électricité éolienne d’ici une dizaine d’années. Nous voici avec un nouveau concept, les fermes à vagues, la houle n’a qu’à bien se tenir. Plusieurs projets se montent actuellement, en Ecosse, mais aussi en France, celle de l’hémisphère Sud, la Réunion : le projet pourrait aboutir, d'ici 2020, à une production de10% de la production électrique de l'Ile.
Le développement durable se révèle dans ces opérations. Les énergies fossiles ne sont plus exploitables pour cause d’effet de serre ? Et bien substituons-leur d’autres sources, qui sont sous nos yeux, mais qu’il n’avait pas semblé nécessaire de mobiliser jusqu’à présent. Un peu d’imagination, d’audace, et beaucoup de travail, de recherche pour trouver la bonne manière de maîtriser ces nouvelles énergies. Du corps humain au serpent en acier, voilà des sources d’énergie encore sous exploitées, et il y en a bien d’autres. Il ne reste plus qu’à installer un générateur sur la queue des chiens : leur joie permettra de lutter contre l’effet de serre !
Poiur compléter cet article publié sur ce blog le 6 octobre 2008, voici un article signé John Sapporo publié le 27/02/15 à 10h00 par LE MONITEUR.FR. Une affaire à suivre !
Demain, le sol des gares transformera nos pas en énergie
L’entreprise britannique Pavegen a développé un revêtement qui produit de l’électricité sous la pression de nos pas. Ces dalles équipent le parvis de la gare de Saint-Omer et, depuis le 15 février, un immeuble parisien de la SNCF.
A sa création en 2009, Pavegen s’était fait remarquer en équipant une discothèque d’un tel revêtement producteur d’énergie. En se trémoussant, l’énergie des pas des night clubbers qui s’enfonçaient dans les dalles se transformait en électricité qui venait alimenter des écrans lumineux et faisait tourner une boule à facettes.
Six ans plus tard, la start-up londonienne a fait du chemin et quitté les dancefloors. Comptant trente salariés, elle installe aujourd’hui de nouveaux bureaux à Los Angeles et pourrait bientôt faire de Barack Obama un producteur d’énergie car elle ambitionne d’installer ces pavés devant la maison blanche.
Mais Pavegen ne compte pas s’arrêter au Président américain. « You are the power », le slogan de Pavegen résume l’ambition de la PME : faire de chacun de nous une source d’énergie grâce aux dizaines de millions de pas que nous réalisons au cours de notre existence.
La dalle développée par Pavegen utilise, notamment, l’effet piézoélectrique – polarisation électrique d’un matériau sous contrainte mécanique. Un pas en s’enfonçant de cinq mm dans la dalle produit entre quatre et sept watts – selon le poids et la marche de la personne –, soit de quoi de faire fonctionner quelques secondes une lampe équipée de leds.
Si la technologie développée par Pavegen ne risque pas de devenir un levier de notre transition énergétique, elle pourrait être un moyen de rendre autonome énergétiquement les espaces de nos villes les plus fréquentés.
Du dance-floor à la gare
Depuis le 15 février dernier, les salariés parisiens de la SNCF sont devenus des producteurs d’électricité. Pavegen a installé six dalles productrices d’électricité au milieu d’un couloir des bureaux recherche et innovation de la SNCF. L’installation est petite mais le symbole est grand. En débarquant au cœur de l’entreprise ferroviaire publique française, Pavegen est désormais au plus près d’un formidable marché : nos gares.
Participant à l’édition 2015 des prix EDF Pulse, il ne s’agit pas pour Pavegen de sa première incursion sur notre territoire. En partenariat avec GDF Suez, Pavegen avait installé, en mars 2014, 14 dalles Pavagen sur le parvis de la gare de Saint-Omer. Ils sont piétinés quotidiennement par 5000 piétons qui fournissent ainsi l’énergie nécessaire pour alimenter les lampes à LEDs qui éclairent leurs passages et les ports USB leur permettant de recharger leurs appareils électroniques.
Mais les gares ne sont pas les seuls lieux à se couvrir de dalles génératrices d’électricité. Pavegen a déjà installé une cinquantaine de dalles productrices d’énergie dans l’aéroport londonien d’ Heathrow et dans les couloirs de plusieurs écoles britanniques. Dans un autre registre, Pavegen a même couvert un terrain de football avec 200 de ses dalles au cœur de la favela de Morro da Mineira à Rio de Janeiro. Ainsi, la nuit tombée, les joueurs alimentent eux-mêmes les six spots qui les éclairent.
L’agence d’architecture américaine Gensler, qui propose de transformer d’anciennes lignes du métro londonien en axe de déplacements pour piétons et vélos, s’est associée à Pavegen, afin d’utiliser leur innovation pour trouver les kWh nécessaires à l’éclairage de ces souterrains. Encore à l’état de concept, la proposition a reçu le London Planning Awards par le maire de la ville, Boris Johnson, connu pour être un aficionado du vélo.
Vert mais cher
Pavegen souhaite rendre son revêtement plus vert que vert. La surface supérieure est constituée de pneu recyclé et Pavegen assure que 80% de matériaux constituant la base de sa dalle sont issus du recyclage, notamment le béton.
Mais la dalle de Pavegen a beau être un bijou écologique, elle ne pourra recouvrir tous les parvis de nos gares et de nos couloirs de métro, que lorsque son prix baissera : pour un mètre carré de dalle, il faut compter plusieurs centaines d’euros.
Le PDG et fondateur de Pavagen, Laurence Kemball-Cook reconnaît que la route sera longue avant de faire de son produit une solution compétitive économiquement. Dans une récente interview au quotidien britannique The Guardian, il expliquait, ainsi, que « l’industrie photovoltaïque a mis soixante ans pour arriver à devenir ce qu’elle est aujourd’hui. Avec notre technologie, nous n’en sommes qu’aux vingt premières années d’existence ». Agé de seulement vingt-neuf ans, l’ambitieux entrepreneur devrait pouvoir voir de son vivant cette nouvelle source d’énergie arriver à maturité.
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