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Energie

Citoyen

citoyen3Vaste sujet, que nous limiterons à un volet : l’énergie. En ces temps de tension sur les capacités de production et de développement des énergies renouvelables, le citoyen a un rôle à jouer. Voici l’énergie citoyenne.

Le terme officiel est « énergie à gouvernance locale ». Il exprime clairement l’originalité du dispositif : il est animé et géré par des acteurs locaux, collectivités, petites entreprises, et citoyens. Une nouveauté dans le paysage énergétique français, dominé par la centralisation. Quelques initiatives avaient bien eu lieu, notamment avec les centrales villageoises et dans le cadre de l’autoconsommation collective rendue possible par la loi sur la transition énergétique (2016), mais avec des montages au coup par coup. Deux directives européennes, relatives aux énergies renouvelables (2018) et à l’électricité (2019) ont donné la ligne de conduite, en créant deux types de « communautés », la « communauté d’énergies renouvelables » et la « communauté d’électricité citoyenne ». Deux formules juridiques très proches sur leurs finalités et leur composition, mais aux domaines légèrement décalés.
Toujours est-il que les citoyens ont acquis le droit à devenir des acteurs sur les questions d’énergie. Nous n’en sommes qu’au tout début, l’essentiel de la production et de la commercialisation relevant de grandes entreprises. La transposition des directives européennes a donné l’occasion de reconnaître l’apport citoyen, et de lui ouvrir des perspectives. Objectif 1000 communautés en 2028, ce qui correspond à la création de 140 par an, alors qu’en 10 ans il n’en a été montées que 260. Un véritable coup d’accélérateur, que le nouveau cadre juridique devrait provoquer. Notons qu’en Allemagne, qui a une autre culture et d’autres institutions sur le sujet, 40% des capacités de production d’électricité appartiennent à des citoyens et des agriculteurs. Nous en sommes bien loin !
Cette territorialisation de l’énergie répond au besoin exprimé par de nombreux acteurs locaux de prendre en main leur avenir dans un domaine sensible. Pour l’électricité, qui nécessite un équilibre constant production/consommation, elle est rendue possible par les compteurs intelligents (Linky), qui donne aux opérateurs une vision fine de la production et de la consommation.
Ces « communautés » présentent un double intérêt.
D’une part, de sensibiliser et de mobiliser les forces vives locales, personnes physiques, PME et collectivités. L’énergie qui vient des grandes centrales pour l’électricité et de l’importation massive pour le pétrole et le gaz, est bien lointaine. Les enjeux liés à sa production n’apparaissent qu’en cas de crise et de hausse des prix. L’état d’esprit qui en résulte n’incite guère à la responsabilité, la puissance publique étant rendue coupable de tous les maux quand ils se présentent. Rétablir un circuit court dans ce domaine, si sensible à la fois pour la vie quotidienne et pour la planète, ne peut que rendre nos concitoyens conscients des enjeux et les éclairer pour faire évoluer leurs modes de vie. Le consommateur devient « consomm’acteur », pour reprendre un vieux slogan. A la différence des énergies lointaines, les locales se voient, elles contribuent au paysage. Horreur ! diront certains, avec un relent de « not in my back yard », NIMBY. J’attends de pouvoir consommer de l’énergie quand je veux, mais je ne veux pas qu’elle soit produite chez moi, dans mon paysage. Bien sûr, l’insertion des installations de production d’énergie doit être étudiée comme pour tout autre projet qui impacte l’environnement, mais la tentation de repousser le problème ailleurs et sans procès n’est guère « citoyenne ».
Le second intérêt est économique et social. C’est une forme de relocalisation, dont il est souvent question aujourd’hui dans le contexte de mondialisation. Une relocalisation qui permet tout d’abord de mieux répartir la manne fiscale qui résulte de toute production. Au lieu de la concentrer autour des grandes centrales, et de ne profiter qu’à quelques communes hyper riches, la production diffuse d’énergie permet une diffusion équitable de la ressource. Mieux encore, les retombées locales dans le cas de projets « citoyens » sont deux à trois fois supérieures à celles de projets purement commerciaux. Choix de prestataires locaux, dividendes aux citoyens-actionnaires, emplois non délocalisables, dynamique locale, c’est toute la vie d’un village qui bénéficie de l’énergie citoyenne.
Il y a bien des manières de conjuguer énergie et citoyen, pour le plus grand profit de la planète. Des dividendes sociaux, environnementaux, et économiques. A rechercher sans modération.
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