Skip to main content

Energie

Chaîne


Une des difficultés de diffusion des innovations techniques, est qu’elles sont rarement autonomes. Ce sont des chaines logiques de nouveaux produits qui vont ensemble, et elle doit se mettre en place en bonne cohérence.
Les cordonniers sont les plus mal chaussés, dit-on. L’Etat « exemplaire » serait-il en train de faire mentir cet adage ?



Vous avez sans doute chacun de nombreux exemples où l’Etat ne respecte guère les règles qu’il édicte, saluons donc les opérations où il se montre pilote, et tente d’ouvrir la voie. Il s’agit d’énergie renouvelable et précisément d’électricité photovoltaïque. L’équation est en train de changer, et la politique avec. Pendant longtemps, cette électricité coûtait cher, et devait être consommée en direct, au moment où elle est produite. Impossible de la stocker dans de bonnes conditions, sans pertes très importantes. Il a donc été décidé de privilégier l’injection de cette électricité sur le réseau et de la revendre, pour mutualiser les coûts, avec la contribution au service public de l’électricité, et surtout permettre la mise en regard de la production et de la consommation. Un particulier  produit avec son toit de l’électricité pendant le jour, mais il s’éclaire la nuit. Sans stockage, point de salut. Le réseau offre la possibilité de gérer le système à une autre échelle, et de trouver les utilisateurs au moment favorable.
Les temps changent. Les capteurs ont fait d’énormes progrès, très rapides, et ce n’est pas terminé. Le prix a bien baissé, et se rapproche du prix du marché. Parallèlement, la technique du stockage de l’électricité s’est affinée, et offre aujourd’hui de meilleures performances, même s’il y a encore du chemin à parcourir. La politique est en train de tourner, et l’autoconsommation montre le bout de son nez. Nous allons consommer l’électricité que nous produisons. Il ne s’agit pas d’autonomie, sauf dans des cas particuliers, car il faut rester branché au réseau. Un raccordement qui change de sens : avant, il était le maillon de base de la chaine, demain, il ne sera utile que pour gérer les écarts, en plus et en moins. Absorber le surplus, et apporter le complément si nécessaire. L’essentiel de la production sera consommée sur place.
C’est le dispositif qui vient d’être installé sur le toit de la direction Ile de France de l’équipement et de l’aménagement. Il a été inauguré le 24 janvier.
Il a fallu toute une chaine d’équipements complémentaires pour en arriver là, avec des chainons dont aucun ne doit manquer. Tout d’abord, des capteurs, ensuite un stockage à base batteries Lithium-Ion, avec un système intelligent pour gérer la charge et la décharge, et à l’arrivée des luminaires LED basse consommation. Le développement de la filière LED rend toute la chaine viable. Sans économies sur la consommation, l’efficacité de l’ensemble aurait été compromise.
La consommation devrait être réduite de 75%, en additionnant les effets de la technique des LED et la gestion de l’éclairage, en fonction de la présence du personnel et de la lumière du jour. Sur cette base, cela devient intéressant de tenter l’autoproduction, qui est attendue dans ce cas précis à hauteur de 65%. Reprenez vos cours sur les fractions : 1/4 de consommation restante, multiplié par 1/3 de demande au réseau, cela fait 1/12 de consommation externe d’électricité par rapport à la situation d’avant. Résultat net : plus de 90% d’économies. Il faudrait, pour bien faire, intégrer au calcul l’énergie nécessaire pour fabriquer, entretenir et assurer la fin de vie des deux procédés, avant et après, mais l’écart de 90% est considérable. Le facteur 4, la division par 4 des prélèvements pour assurer le même service, souvent considéré comme irréaliste, est à portée de main.
C’est encourageant, et cela montre l’importance de politiques coordonnées. Ces performances ne sont accessibles que par la combinaison de plusieurs techniques, d’ordre différent. C’est leur convergence qui fait, que mise en chaine les unes avec les autres, elles produisent tous leurs effets et ouvrent de nouveaux espaces. Une convergence qu’il convient d’organiser, car elle ne se trouve pas toute seule. C’est le rôle du politique que de favoriser ces rencontres fécondes.
Ce n’est pas nouveau, et les exemples sont nombreux de la nécessaire cohérence au sein de chaînes de ce type. En matière d’environnement, avec des effets économiques manifestes, citons le recyclage. Les produits vendus doivent être faciles à recycler, les utilisateurs doivent les remettre dans le circuit après usage, des industriels doivent les récupérer et leur donner une seconde vie, et in fine, des utilisateurs doivent acheter les produits recyclés. Une chaîne composée d’acteurs très variés, aux intérêts différents, aux niveaux de culture et de sensibilisation contrastés, et pourtant ça marche, plus oui moins bien selon les secteurs, mais ça marche globalement, avec des progrès qui restent à faire, bien sûr.
Le développement durable vous fera aimer les chaînes, qui ne vous lient pas mais au contraire vous libère de votre dépendance.

 

  • Vues : 2781

Ajouter un Commentaire

Enregistrer