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Energie

Carbone

carboneLe carbone a été notre ami, pendant des millénaires. Mais nous en avons abusé, et il devient aujourd'hui une menace. Il va falloir engager une transition délicate !

Un cadeau empoisonné. Le carbone sous ses nombreuses formes est formidable, il nous a permis un développement extraordinaire, mais certaines formes dudit carbone sons ont asservis, nous ont dicté un mode de production, de consommation, et en fin de compte un mode de vie qui nous conduit tout droit dans une impasse. On s’habitue vite à une solution facile, et quand on s’aperçoit qu’elle n’est pas éternelle, pour ne pas dire durable, on a le plus grand mal à changer. Trop de pétrole, nous dit Henri Prévôt .
Le signal prix est appelé à la rescousse. Il faut réglementer, mais il faut aussi que les échanges ordinaires entre les acteurs soient marqués du sceaux de l’impérative nécessité où nous nous trouvons de passer à une ère post-carbone. Une contribution est donc proposée, qui suscite une vive émotion : Comment, encore une taxe ! Et en pleine crise financière, en plus !
C’est oublier un peu vite que la non action, le laisser faire, a un coût. La taxe Climat existe déjà. Elle est payée par tout le monde, indépendamment de la manière dont nous nous comportons, indépendamment de notre émission de gaz à effet de serre. Nicholas Stern l’a calculée, et d’autres travaux le confirment. La dégradation du climat coûte au minimum 5% du PIB mondial, 20% si on inclut les effets indirects, induits. La taxe carbone diffuse, occulte, qui existe aujourd’hui est payée par les habitants des îles Tuvalu, par les Bengalis, et tous les habitants de secteurs directement menacés d’une remontée des océans, par le dérèglement des moussons et des grands courants marins. Il est payé en France par des épisodes climatiques, comme on dit pudiquement, de plus en plus fréquents et violents, par la disparition progressive des glaciers et de leurs fonctions de régulation du régime des eaux, il est payé en France d’Outre-mer par une mortalité anormale des coraux, et de leur productivité écologique. Bref, la taxe carbone existe depuis longtemps, mais elle est payée par les pollués. Nous sommes en régime pollué-payeur.
Créer une contribution n’est pas créer une taxe nouvelle, c’est changer de payeur. Il s’agit de passer au régime pollueur payeur, inscrit dans de nombreux accords internationaux ou lois nationales, et qui ne semble pas illégitime. L’avantage du changement de payeur est qu’il devient alors possible d’agir à la source du mal. Pourquoi le pollueur changerait-il de comportement s’il n’est pas pénalisé de ses mauvais choix ? La taxe du pollué est éternelle, et ne permet en aucun cas d’améliorer la situation, alors que celle sur le pollueur offre des possibilités d’action, de changement de comportement des intéressés, et de travaux de compensation ou de correction grâce à la recette engrangée. Double bénéfice, qui permet d’entrevoir une évolution favorable, là où la machine infernale s’emballait sans aucun contrôle.
Il y a longtemps en France qu’un dispositif de ce genre a été mis en place pour l’eau, dont la pollution était de fait payée par toute la société. Ce n’est pas le cas dans tous les domaines, comme l’énergie et le bruit. Aujourd’hui encore, le coût du bruit des transports (un demi-point de PIB environ payé chaque année) est essentiellement supporté par les pollués, à l’exception notable des riverains des aéroports où une formule pollueur-payeur est en place.
Revenons au climat. La transition sera dure, évidemment, pour les pollueurs, qui devront accepter de devenir les payeurs. Ils ont pris de mauvaises habitudes, ont trouvé leur équilibre sur des bases qui sont ébranlées. Il y a une transition à assurer, avec un soutien à apporter aux plus fragiles, soit pour se corriger ou se reconvertir. Le fruit de la taxe carbone doit être utilisé à cet effet. C’est sur la manière de gérer ce transfert de charge « Climat » qu’il y a lieu de débattre, et non sur le principe de ce transfert.

Un cadeau empoisonné. Le carbone sous ses nombreuses formes est magnifique, il nous a permis un développement extraordinaire, mais certaines formes dudit carbone nous ont asservis, nous ont dicté un mode de production, de consommation, et en fin de compte un mode de vie qui nous conduit tout droit dans une impasse.

On s’habitue vite à une solution facile, et quand on s’aperçoit qu’elle n’est pas éternelle, pour ne pas dire durable, on a le plus grand mal à changer. Trop de pétrole, nous dit Henri Prévôt(1).
Le signal prix est appelé à la rescousse. Il faut réglementer, mais il faut aussi que les échanges ordinaires entre les acteurs soient marqués du sceaux de l’impérative nécessité où nous nous trouvons de passer à une ère post-carbone. Une contribution est donc proposée, qui suscite une vive émotion : Comment, encore une taxe ! Et en pleine crise.
 financière, en plus ! 

C’est oublier un peu vite que la non action, le laisser faire, a un coût. La taxe Climat existe déjà. Elle est payée par tout le monde, indépendamment de la manière dont nous nous comportons, indépendamment de notre émission de gaz à effet de serre. Nicholas Stern l’a calculée, et d’autres travaux le confirment. La dégradation du climat coûte au minimum 5% du PIB mondial, 20% si on inclut les effets indirects, induits. La taxe carbone diffuse, occulte, qui existe aujourd’hui est payée par les habitants des îles Tuvalu, par les Bengalis, et tous les habitants de secteurs directement menacés d’une remontée des océans, par le dérèglement des moussons et des grands courants marins. Il est payé en France par des épisodes climatiques, comme on dit pudiquement, de plus en plus fréquents et violents, par la disparition progressive des glaciers et de leurs fonctions de régulation du régime des eaux, il est payé en France d’Outre-mer par une mortalité anormale des coraux, et de leur productivité écologique. Bref, la taxe carbone existe depuis longtemps, mais elle est payée par les pollués. Nous sommes en régime pollué-payeur.
Créer une contribution n’est pas créer une taxe nouvelle, c’est changer de payeur. Il s’agit de passer au régime pollueur payeur, inscrit dans de nombreux accords internationaux ou lois nationales, et qui ne semble pas illégitime. L’avantage du changement de payeur est qu’il devient alors possible d’agir à la source du mal. Pourquoi le pollueur changerait-il de comportement s’il n’est pas pénalisé de ses mauvais choix ? La taxe du pollué est éternelle, et ne permet en aucun cas d’améliorer la situation, alors que celle sur le pollueur offre des possibilités d’action, de changement de comportement des intéressés, et de travaux de compensation ou de correction grâce à la recette engrangée. Double bénéfice, qui permet  d’entrevoir une évolution favorable, là où la machine infernale s’emballait sans aucun contrôle.
Il y a longtemps en France qu’un dispositif de ce genre a été mis en place pour l’eau, dont la pollution était de fait payée par toute la société. Ce n’est pas le cas dans tous les domaines, comme l’énergie et le bruit. Aujourd’hui encore, le coût du bruit des transports (un demi-point de PIB environ payé chaque année) est essentiellement supporté par les pollués, à l’exception notable des riverains des aéroports où une formule pollueur-payeur est en place.
Revenons au climat. La transition sera dure, évidemment, pour les pollueurs, qui devront accepter de devenir les payeurs. Ils ont pris de mauvaises habitudes, ont trouvé leur équilibre sur des bases qui sont ébranlées. Il y a une transition à assurer, avec un soutien à apporter aux plus fragiles, soit pour se corriger ou se reconvertir. Le fruit de la taxe carbone doit être utilisé à cet effet. C’est sur la manière de gérer ce transfert de charge « Climat » qu’il y a lieu de débattre, et non sur le principe de ce transfert.


1 - Trop de pétrole ! : Energie fossile et réchauffement climatique d’Henri Prévot, Seuil, janvier 2007


Mis à jour le 4 décembre 2009. Première publication sur le "moniblog" le 9 août 2009.

 

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