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Culture, valeurs

Fort

Malgré les éloges répétés de la démocratie, nous restons attachés à la force. face aux pays émergents et aux défis de demain, la tentation est forte de tout faire pour rester les plus forts.

Les derniers résultats d’élections, en Europe et aux Etats-Unis, montrent une montée de l’Extrême droite et des conservateurs de tous poils. Le créationnisme s’épanouit, tout comme l’intolérance. Le repli sur soi, sur ses Valeurs traditionnelles, est annoncé. En ces temps d’Incertitude, on a besoin de se sentir fort.

Cette perspective est inquiétante pour le développement durable. La prospérité des conservatismes risque fort d’accélérer les phénomènes qu’ils combattent, à savoir la perte d’influence de leurs Cultures. Tant pis pour eux, pourrait-on dire, si ce climat n’entraînait un durcissement général des relations, aussi bien au sein de chaque pays qu’entre les pays. Il va falloir changer profondément de modèle de développement, et ça ne peut se faire qu’avec une large participation, garante d’une large adhésion. Les changements affectent à la fois les équilibres internes et les relations entre états. La lutte contre l’effet de serre et l’intérêt porté à la Richesse biologique transforment les modes de production, et chacun regarde son voisin ou son concurrent avant de s’avancer. La compréhension réciproque et la confiance sont les conditions du succès. Le repli est à l’inverse une garantie d’échec à terme, et sa victoire éventuelle ne pourrait qu’être « à la Pyrrhus ».
Pour de nombreux commentateurs de la vie Politique, nous assistons à un rejet des évènements qui se produisent tous les jours sous nos yeux. Le monde occidental a dominé le monde tout court, il lui a imposé ses valeurs, mais c’est terminé. Il n’est plus (ou ne sera plus bientôt) le plus fort, et c’est insupportable, le monde s’écroule. Le mot effondrement, titre du livre de Jared Diamond, vient vite à l’esprit, comme une conséquence de l’aveuglement.
Impossible d’imaginer une autre forme de relations avec les pays du Sud, émergents et autres dragons. C’est que la force a longtemps tenu lieu d’argument, avec la fameuse canonnière, qui s’est modernisée au fil des ans pour tenir en respect ces pays qui ne voulaient pas voir leurs ressources enlevées pour quelques sous, et encore mal répartis. Nos Intérêts économiques, vitaux par nature, sont en Jeu, tout comme notre Statut de puissance civilisatrice.
Les JO à Pékin et l’exposition universelle à Shanghai, la coupe du Monde de football hier en Afrique du Sud et demain au Brésil, voilà des signes du basculement du Centre de gravité de la planète. Il y en aura bientôt plusieurs, il va falloir composer. Ça va changer de nos Habitudes. C’est cette difficulté à s’adapter à un nouveau mode de décision et de pilotage du monde qui est en jeu, et même sa simple acceptabilité. La religion vient au secours de ces comportements extrêmes, chacun supposant que la puissance de son dieu est supérieure à celle du dieu d’en face.
La Peur a envahi les pays occidentaux. Peur d’une revanche, peut-être, on ne sait jamais avec ces ingrats, qui ne reconnaissent pas les bienfaits de la colonisation. Dominique Moïsi(1) analyse fort bien ces sentiments, la peur et l’humiliation, celle-ci étant selon lui particulièrement ressentie dans le monde arabo-musulman.
Puisque la force nous échappe, ou qu’elle est devenue tellement terrifiante qu’elle en devient inutilisable, il va bien falloir trouver de nouveaux modes de collaboration entre états. La difficulté sera grande, tellement les vieilles pratiques de domination sont encore présentes dans les esprits, de part et d’autre. Et les dirigeants sont eux-mêmes sous la pression de leurs électeurs, fragilisés par la crise et prêts à croire tous les prêcheurs fous du retour à l’ordre ancien.
La force de demain sera celle du roseau. Moins rassurant que celle du chêne, mais plus efficace. Ce sera une capacité de dialogue, d’Ecoute, d’ouverture. Savoir conjuguer une diversité de Talents, en provenance de plusieurs cultures, sera plus important que d’accumuler des « divisions », au sens du célèbre mot de Staline.


1 Dans son livre la géopolitique de l’émotion, Flammarion, 2008, présenté en note de lecture sur ce site.

 

Chronique mise en ligne le 4 novembre 2010, au lendemain des élection aux Etats-Unis.

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