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Culture, valeurs

Ecoute

ecouteCe terme peut vous rappeler vos vacances, si vous êtes marin. L’écoute vous permet de tenir la voile, et ainsi de sentir ses réactions et de comprendre la force et les orientations des vents. L’écoute vous aide à capter au mieux les flux d’énergie qui passent sur votre bateau, énergie gratuite mais irrégulière. L’écoute n’est pas qu’un cordage, un bout de ficelle ordinaire, mais une attitude d’éveil aux signaux, un instrument d’appréhension d’une réalité complexe, de phénomènes à la fois utiles et indomptés.

Les forces de la nature sont généreuses, puissantes, mais elles restent sauvages, et il faut apprendre à les comprendre si l’on veut en tirer profit. Il faut pour cela un véritable savoir faire, acquis par l’expérience, l’apprentissage, l’étude, avec une bonne dose de patience et de modestie. C’est sans doute parce que ça dure trop longtemps que les forces artificielles, fabriquées de la main de l’Homme et par suite maîtrisée en principe, sont souvent préférées à celles que la nature nous propose. Une bonne chaudière, à charbon hier, ou au pétrole aujourd’hui, c’est quand même plus performant que d’attendre que le vent veuille bien se lever. Peut-être, mais à quel prix ? Financier et environnemental. Nous voyons aujourd’hui les Limites du recours systématique aux énergies fossiles, et l’Intérêt qu’il y a à les combiner avec d’autres, moins régulières mais gratuites à tous égards.

L’écoute, c’est l’attention portée aux éléments, mais aussi aux autres. Il ne s’agit pas ici de morale, mais d’une simple recherche d’efficacité. Les défis à relever sont tels qu’il serait bien illusoire de croire qu’une personne ou qu’un groupe pourrait trouver la solution à soi tout seul. Il faut combiner des énergies, des compétences, des ambitions. Il faut s’intéresser aux autres, comprendre leurs sensibilités, les forces qui les animent, pour construire des collaborations, pour créer des partenariats qui permette à chaque partie de gagner plus que ce qu’elle aurait gagné toute seule. Cette écoute est en quelque sorte une marque de respect, mais aussi l’affirmation d’un sentiment d’ouverture, d’attente de contributions nouvelles, de recherche d’avancées dans des terre inconnues. C’est le contraire d’une approche personnelle, perso comme on dit au football, où un partenaire impose aux autres sa propre vision, sans égards pour les apports qu’il aurait pu recueillir. C’est le modèle de la solution unique, impérialiste, assénée par les experts qui n’ont ni le temps ni la patience d’écouter. Ce n’est pas comme ça que l’on innove, que l’on s’adapte à des contextes variés, mais c’est souvent comme ça que des groupes dominants fonctionnent.

L’écoute est parfois considérée comme dégradante, c’est admettre que l’on n’est pas le plus fort. C’est le cas de ceux qui font du bruit, qui expriment bien haut leur opinion. A défaut de convaincre, sachons intimider. Plus on écoute, moins on fait de bruit, est-il rappelé dans une brochure sur l’éveil à l’environnement sonore(1). 

Ca vaut bien sûr pour le bruit physique, dans l’acoustique, mais il semble bien que cette phrase puisse être étendue à bien d’autres domaines. Plus on éclaire, moins on voit, vous diront les astronomes qui tente d’observer les étoiles. L’écoute permet de mieux comprendre, d’entrer en harmonie avec d’autres personnes ou des phénomènes physiques, et de s’en enrichir, au contraire du bruit qui s’impose autour de lui, masque les nuances, et ferme les esprits. Le développement durable est un pari sur l’Intelligence. Il a besoin de la matière grise, de l’habilité des humains pour pousser les Murs, pour répondre à un besoin de développement indéfini, dans un monde fini. La bonne gouvernance est l’art de mobiliser cette intelligence, et l’écoute figure sans conteste parmi ses instruments privilégiés.

 

 

(1) Ecoute Ecoute, Recueil pédagogique à l'usage des enseignants, CIDB, 2006

Chronique revue le 29 novembre 2009. Première publication le 9 octobre 2008



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