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Culture, valeurs

Attitude

attitude2 joe wroten 847 unsplashL’avenir dépend largement de l’attitude que chacun adopte à son égard, de sa foi en l’avenir. Il y a des attitudes de repli et des attitudes de conquête. Existe-t-il une attitude durable ?

Construire son avenir n’est pas chose aisée, et peut même faire peur. Et pourtant c’est bien le défi auquel nous sommes confrontés aujourd’hui. L’ancien monde, celui qui ne connaissait pas de limites, est bien mort, et il nous faut imaginer un monde « fini », où la seule ressource sans limites est le génie humain, le talent, la capacité d’apprendre.
Face au défi, deux attitudes sont souvent observées, que l’on peut schématiquement appeler celle du faible et celle du fort. Avec bien sûr toutes les attitudes intermédiaires.
Face au changement, même et surtout s’il sait qu’il est inéluctable, le faible cherche une protection.  Attitude légitime, et nécessaire dans certains cas, mais aussi défaitiste, avec le sentiment que demain sera plus dur qu’aujourd’hui. C’était mieux avant, pour reprendre le titre d’un livre de Michel Serres, est la référence explicite sur laquelle il s’appuie, en espérant que le cauchemar du changement prendra fin, et qu’il se réveillera dans le monde idéal dans lequel il a toujours vécu. Cet attachement au passé l’empêche de se projeter dans le futur et de saisir les opportunités qui pourraient s’y présenter. Le repli sur soi, la peur des autres, le conduisent vite à une forme de dogmatisme, à une surévaluation des « avantages acquis ». Même s’il voit bien que le monde change, et change vite, il voudrait rester dans l’univers confortable qu’il a toujours connu, et qu’il idéalise souvent en oubliant tout ce qui n’allait pas bien. La nostalgie devient mémoire sélective, le déni n’est pas loin, le désespoir aussi, face à l’incapacité qu’il ressent à arrêter cette marche de l’histoire, rouleau compresseur qui écrase les valeurs qui lui ont été communiquées depuis sa tendre enfance. Une attitude qui se renforce au fil des années, en une sorte de spirale de l’échec et de la déception. Outre la souffrance que cette attitude provoque, retenons la quasi impossibilité de « rebondir », de devenir proactif et de reprendre la main sur son jeu. Les sirènes du passé, surtout quand elles s’appelles « glorieuses », sont trop présentes. Seule l’inertie du monde, des cultures, des activités et des institutions, permet au « faible » de trouver encore une place, à laquelle il s’attache comme la moule sur le rocher pour reprendre une expression populaire.
A l’opposé, le fort ne craint pas l’avenir, au point de l’insulter sans même s’en rendre compte. Ses hypothèses deviennent des prévisions, sa confiance dans sa bonne étoile lui laisse penser que sa vision est la seule possible. Le doute lui est étranger et le scepticisme lui permet d’évacuer les hypothèses qui le dérangent. Le passé est de l’histoire ancienne, et le changement est bon par nature : nouveau = meilleur. Il aime les certitudes, ce qui le rapprocherait du faible, mais ce ne sont pas les mêmes. Les siennes sont ses représentations du futur, et non ses souvenirs idéalisés. 
Deux attitudes contrastées, souvent rencontrées, mais qui, l’une et l’autre, ne sont pas favorables au développement durable. La première a peur du changement, et la seconde en a une vision toute faite, avec un culte du progrès parfois aveugle. Deux formes des « foi du charbonnier », qui laissent peu de place à la curiosité, à l’ouverture au monde, à l’imprévu. Existe-t-il donc une attitude « durable », qui prépare les esprits à de nouvelles cultures, de nouveaux modes de penser, et donne envie d’explorer de nouveaux univers, pour trouver de nouvelles formes d’infini puisque notre monde est « fini ».
Tentons l’exercice en cherchant les qualités nécessaires à l’attitude durable. En voici quelques-unes, et vous saurez bien en ajouter d’autres, en fonction de votre personnalité, de vos histoires, de vos inclinaisons. L’attitude durable est multiple, c’est sans doute sa première caractéristique, car elle s’adapte aux circonstances, aux lieux, aux temps. C’est une attitude ouverte et évolutive, ce qui la rend plus difficile à décrire. Essayons quand même, avec quelques couples antagonistes du même type de fort/faible.
Opportuniste et prudente. Opportuniste car attentive à toute nouveauté, toute occasion d’explorer des avenirs inédits, mais prudente pour s’assurer que ces pistes, parfois bien tentantes, ne sont pas des impasses.
Ambitieuse et modeste. Il en faut, de l’ambition, pour prétendre construire un monde nouveau, mais nous savons qu’il ne se construira pas sans un large assentiment, que ce ne peut être qu’une œuvre collective, avec des échecs et des désillusions qu’il faudra surmonter.
Déterminée et pragmatique. Déterminée parce qu’il faut avancer, le changement est impératif, mais pragmatique parce qu’on ne peut l’imposer, et qu’il faut trouver chemin faisant les bons leviers, ceux qui avec peu de force permettent de transformer le monde.
Des couples antagonistes et agonistes à la fois, qui s’opposent mais qui vont dans le même sens. Bien d’autres mots pourraient être mentionnés, comme curiosité, aventure, résilience ou persévérance, discernement, lucidité et amour de la vie.
Voici ainsi amorcé un exercice auquel chaque lecteur pourra s’adonner, la description de l’attitude durable. Un exercice important pour amorcer une nouvelle étape, une étape d’ordre culturel, pour faire progresser le développement durable. Au-delà de l’alerte, créer et faire prospérer une attitude fondée sur le désir d’un nouveau monde et non sur la peur du lendemain.

 

Photo : Joe Wroten - Unsplash
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