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Bouffe

Quotidien



Eteins la lumière en partant ! Voilà bien une injonction durable. Arrêtons de consommer de l’énergie pour rien, halte au gaspillage. Il est vrai que cette dépense inutile pour nous et nuisible pour la planète, cumulée et multipliée par les millions que nous sommes à négliger ces petits gestes quotidiens, représente un bon paquet de tranches nucléaires ou de tonnes de carbone envoyées en l’air.


Cet appel à l’effort de tous fait parfois ricaner les bons esprits. A quoi bon embêter des millions de braves gens alors qu’il existe par ailleurs des causes massives de dégradation de l’environnement et de gaspillage de ressources. Les dégazages en mer, la publicité forcenée pour les voitures, une urbanisation incontrôlée, les haricots verts en hiver et les pollutions agricoles, voilà de vrais problèmes, autrement plus importants que la pauvre ampoule qui brûle quelques heures pour personne. Ces bons esprits raisonnent bien, il ne sert rien de culpabiliser notre entourage et de les harceler au nom de l’écologie et du réchauffement climatique. Il n’empêche que c’est bien l’accumulation de micro gestes qui pèse sur l’environnement. Comment être efficace dans ces conditions, comment parvenir à généraliser une attitude vertueuse sans ennuyer tout le monde ?

Il faut remonter aux causes, et à la nature même des objets que nous utilisons chaque jour, aux instruments qui nous servent à se déplacer, à faire la cuisine, à laver et repasser notre linge, etc. Culpabiliser ne sert à rien, mais informer et permettre à chacun de prendre ses responsabilités est bien différent. Il faut pour cela que l’information soit claire et donnée en situation. Un message général sur les économies de carburant que l’on peut faire avec une conduite douce n’aura qu’un faible impact. Il sera peut-être écouté avec plus d’attention au moment de payer son plein, ou pendant les cours de l’auto école, surtout s’il devient un passage obligé pour obtenir le permis. L’efficacité énergétique ne doit pas rester un gadget additionnel à un achat ou à un apprentissage, mais doit se trouver naturellement intégré dans la prestation. Ce n’est pas le particulier qui fait alors l’objet de la pression, mais le professionnel qui la lui vend. Le dispositif encore expérimental des certificats d’économies d’énergie est une traduction opérationnelle de ce principe : au professionnel d’aider son client à consommer moins.

Pour certains matériels, ce principe est utilisé depuis longtemps. L’affichage des consommations d’énergie et d’eau, avec des étiquettes de A à G par exemple, ou des consommations en litres d’eau ou kWh, fonctionne bien. Pas d’injonction au consommateur, mais des informations qui lui permettent de faire les bons achats sans efforts. L’écologie facile ! Certains grincheux le regretteront, pensant qu’il faut absolument faire des efforts pour être vertueux, que sinon ça ne compte pas. C’est pourtant la bonne manière de faire, si l’on veut éviter que le développement durable ne soit synonyme de privation et d’ascèse.

L’étiquetage se développe. Les voitures doivent en être pourvues, les maisons à vendre ou à louer. Il y a bien sûr une part de comportement dans ces deux cas, ce n’est pas comme une machine à laver que l’on regarde travailler. Il n’empêche que les indications donnent une échelle, et que le A sera toujours plus économe que le G. La bonne information conduit aussi les fournisseurs à changer leurs gammes de produits. On a vue dans l’électro ménager disparaître des rayons les matériels les moins bien classés. Déjà, à la fin des années 1980, l’étiquette « protège la couche d’ozone » apposée sur les bombes aérosol avaient provoqué une transformation profonde de l’offre. Le consommateur averti devient ainsi un acteur clé du développement durable, par son influence sur l’offre qui lui est proposée. Situation bien trop rare, et qu’il convient de favoriser.

Au-delà des produits, il serait bon de s’interroger sur les manières de faire. Y a-t-il des manières de faire la cuisine plus économe en énergie, ou moins productrice de déchets, tout en restant dans la même fourchette financière ? Aujourd’hui la mode du Wok se développe. Très bien, voilà des saveurs nouvelles. Quel impact sur la consommation d’énergie, d’eau ? Je n’en sais rien, et c’est bien dommage. Quel est le bilan du feu vif mais plus bref que d’habitude ? Et la vaisselle qui suit…

Le micro ondes, la cocotte minute, ont été largement promus par un discours sur les économies d’énergie. Encore faut-il s’en servir convenablement. Pourrait-on, dans les recettes de cuisine, de cuisine facile notamment, marquer d’un astérisque les plats les plus durables, et distiller de bons conseils en ce sens ? Il y a les ingrédients achetés au marché, avec l’effet saison, mais aussi la méthode de cuisson, d’assaisonnement, la température de consommation, etc.

Nous avons déjà parle dans ce blog des veilles, de plus en plus nombreuses, dont sont munies nos télévisions et autres appareils multimédia, les téléphones, et sans doute bien d’autres équipements branchés en permanence. Nous savons qu’au final, sur l’année, une télévision aura plus consommé en veille qu’en marche, et que le ratio est encore bien plus effrayant pour un magnétoscope. Les veilles consomment beaucoup, comme les transformateurs qui ont également envahi nos appartements et qui chauffent en permanence. On peut demander au consommateur d’être vigilant, et de couper les veilles, mais ne vaudrait-il pas mieux que ces dernières soient vraiment très économes, vivent sur des réserves et non sur le réseau. L’industrie sait parfaitement le faire, tout comme elle sait fabriquer des transformateurs qui ne dissipent pas d’énergie en chaleur 24 heures sur 24.

La multitude de gestes quotidiens donnent incontestablement une grande responsabilité à chacun d’entre nous pour la sauvegarde de la planète. Mais le pauvre consommateur ne peut rien tout seul, il ne choisit que ce qu’il trouve en magasin, et suit les modes d’emploi qui lui sont proposés. La responsabilité des fournisseurs est donc centrale, et la réactivité que l’on a pu constater de la part des consommateurs montre bien une attente forte. Le développement durable offre le cadre d’un nouveau type de dialogue entre fournisseur et consommateur. Le monde nouveau, à construire collectivement, se dessine ainsi, à partir des actions les plus quotidiennes.

Chronique publiée le 11 août 2008

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