Gourmandise
Comment ne pas être gourmand de toutes les bonnes choses que nous offre la planète ? Ce serait un péché bien plus que capital que de les mégoter et de mépriser tous les festins qu’elle nous offre.
Il s’agit de bouffe, évidemment, mais il n’y a pas que La bouffe dans la vie. La gourmandise est une attitude générale, qui s’applique à bien d’autres plaisirs, à consommer sans modération.
Laissons le sexe de côté pour l’instant, nous en parlerons avec un autre péché capital, la Luxure. Passons rapidement en revue quelques plaisirs de la vie, qui attisent notre gourmandise, et voyons ce que ça donne pour le développement durable.
La gourmandise de base nous conduit à la cuisine. Les gourmands adorent souvent passer de l’autre côté des feux, et consacrent beaucoup de temps à préparer leurs plats favoris. Ils sont sélectifs dans leurs courses, exigeants sur la qualité, précis dans les proportions. Ils mangent peut-être beaucoup, mais font preuve de rigueur dans la manière de cuisiner et donnent de la valeur aux bonnes choses. Il y a en bien qui s’empiffrent et mangent n’importe quoi, et il faut bien admettre que la bêtise est présente dans toutes des catégories de population, même chez les gourmands.
Il y a les gourmands de sports. Ils ont besoin de courir, de sauter, de crier, de se défoncer. Leur corps manifeste ce besoin, comme les enfants à la récré, et ils sont insatiables. Il en faut toujours plus. Sans parler de ceux qui aiment par-dessus tout l’ambiance des stades, la clameur qui accompagne les exploits ou les déceptions. En fait, ils sont gourmands d’émotions. Leur recherche les conduit parfois à des excès, elle les égare sur des routes qu’il conviendrait de garder inexplorées. Là encore, il y a des comportements déplorables pour le développement durable, mais il doit bien être possible d’être gourmand d’exercice physique sans détruire la planète, et même en la remettant en état. Et cette recherche permet de trouver d’autres manières de réussir dans la vie, ouvertes à d’autres que les enfants des familles privilégiées. Offrir une variété de modèles, de références, c’est plutôt durable. L’essentiel est de ne pas s’aveugler pour assouvir une passion, de ne pas porter d’œillères. Les sports de nature sont formidables, ils doivent valoriser ladite nature, et permettre d’en jouir sans entrave, sans l’asservir ni la « dénaturer ». Un peu de self-control ne peut qu’accentuer le plaisir de la gourmandise.
Les émotions, un autre gourmand les cherchera au cinéma, au théâtre, au spectacle. Il ne pense qu’à ça, il y retrouve les aficionados de son loisir favori, il y est comme un poisson dans l’eau. Il y a aussi les accros de musique, les gourmands de jazz ou de musique arabe, ou encore de musique baroque pour laquelle ils se feraient damner. Une gourmandise qui favorise la diversité culturelle ne peut pas être nocive au développement durable. Un bémol, direz-vous pour les amoureux du livre : que de forêts doit-on abattre, combien d'arbres pour que ces gourmands de lecture puisse assouvir leur vice ? Enfin, voilà un gourmand coupable devant le développement durable. Haro sur le lecteur ! On oubliera les tonnes de papier qui encombrent nos boites à lettres, les journaux couverts de publicités qui finissent de toute façon au pilon. Le gaspillage n’est pas gourmandise, il ne figure pas parmi les péchés capitaux.
Le gourmand aime la vie. Il la croque à pleines dents. Il a soif d’aventures, de découvertes, de petits matins où le monde renait. La référence première est la nourriture terrestre, mais son amour ne peut y rester confiné. Il y a mille manières d’être gourmand, d’apprécier les bonnes choses, et d’en vouloir encore et encore. La gourmandise est un regard sur le monde, plein d’avidité, de curiosité – un vilain défaut mais pas un péché capital, allez savoir pourquoi – d’esprit de découverte et d’envie – un autre péché capital, cette fois-ci -. Une envie de faire le plein, de tirer le maximum d’aménités et de profit de ce que la planète nous offre. Celle-ci est une poule aux œufs d’or. Être gourmand des œufs conduit à préserver la poule, à la dorloter, pas à lui rendre la vie infernale. Ça doit bien être possible d’être gourmand et durable à la fois !
Chronique publiée le 26 janvier 2009
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