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Argent, Economie et PIB

Tableau de bord

Pour savoir comment progresse le développement durable, ou la transition écologique, un tableau de bord peut se révéler bien utile. A condition qu’il ne se passe pas à côté de l’essentiel.

« Conformément à la demande du Premier ministre, sont mis en place des indicateurs pertinents pour évaluer la manière dont la déclinaison des engagements environnementaux contribue à dégager de la croissance économique et à conforter l’emploi. Les premiers indicateurs macro-économiques de l’économie verte, qui seront enrichis progressivement, ont été rendus publics aujourd’hui », peut-on lire dans le communiqué publié à l’issue du Conseil des Ministres du 22 mai dernier.  Un tableau de bord intitulé « Indicateurs des l’économie verte » est rendu public dans la foulée. On y découvre que les éco activités représentent 1,4% du PIB français, 455 600 Emplois, et présente une balance positive dans nos échanges internationaux pour 1,85 Milliards €.

Un tel bilan est consternant. Comment peut-on fonder la réflexion sur l’économie de l’Environnement sur des bases aussi réductrices ? L’environnement est présent dans la plupart des activités, et conditionne largement leur développement. Hasard de calendrier, chacun peut lire deux jours après dans le journal Le Moniteur, que « la construction durable transforme nos métiers en profondeur ». C’est un orfèvre en la matière qui l’affirme, le P-DG de Bouygues Construction, Yves Gabriel. L’environnement pèse beaucoup plus que ces malheureux 1,4% de PIB. Il est une composante omniprésente de l’économie, et la capacité à en faire un atout plutôt qu’une Contrainte est un signe de Progrès des secteurs d’activité sur la voie de la fameuse Transition. Le bâtiment y trouve son intérêt, sur toute la chaine, des matières premières aux utilisateurs. Des industriels des produits de construction aux promoteurs, en passant par les métiers de la conception de la réalisation, du contrôle, tous les métiers qui savent évoluer voient leur savoir faire et leur Capital humain augmenter. D’autres secteurs sont plus réticents, comme l’Agriculture qui continue, dans ses composantes principales, à considérer l’environnement comme une Entrave à minimiser autant qu’il est possible. Ces différences d’attitude tiennent à des défenses d’intérêts catégoriels, mais aussi à des Cultures professionnelles.
Restreindre l’économie de l’environnement aux activités purement environnementales relève d’une vision ancienne, pour ne pas dire archaïque, largement dépassée dans une approche « développement durable ». C’était le Temps où l’environnement était un « plus », un ajout à des dispositifs conçus sans égards aux Ressources où aux rejets, ni même parfois à la Santé des personnels et riverains concernés. On rajoutait des filtres au bout des cheminées des usines, pour mieux diluer la Pollution et l’envoyer plus loin ; on traitait les eaux usées par un process de fabrication avant des les rejeter dans le milieu. Ca représentait bien sûr un Coût supplémentaire, des heures de Travail consacrées à la maintenance de ces Équipements : l’environnement était une charge, que chacun tentait d’alléger. C’est en l’intégrant au processus de production que l’économie s’est faite. La modernisation « Normale » a pris en charge ces nouvelles exigences. Les Avions modernes font moins de Bruit et consomment moins de carburant que les précédentes générations, les papeteries et autres sucreries, autrefois grosses consommatrices d’eau, fonctionnent aujourd’hui en circuit fermé. Les exemples sont multiples de ces évolutions. L’intelligence de la réponse aux Défis environnementaux est la marque de la Résilience d’une Entreprise, et conditionne les capacités d’exportation. Mais il ne s’agit pas pour autant d’éco activités. Le tableau de bord de l’économie verte les ignore.
Le bâtiment et l’aménagement n’échappent pas à cette évolution. Le secteur de la « ville durable » est reconnu par le ministère du Commerce extérieur comme une des chances de la France, dans la Compétition internationale. Fait-il partie de ces ridicules 1,4% ? Les voitures à Faible émission de CO2, et à faible Consommation d’énergie ont évolué sous la pression de l’environnement, mais ce ne sont pas des éco activités. L’étiquetage écologique de tous les biens que vous achetez dans le commerce va donner encore plus de poids à l’environnement, mais les éco activités ne s’en accroitront pas pour autant.
On parle de plus en plus d’éco conditionnalité. Des Aides seront réservées aux projets performants au plan environnemental. Des prêts bancaires pourraient aussi être assortis de telles exigences. L’environnement s’infiltre partout, ce qui conduit les activités à réduire autant qu’il est possible, et même à « positiver » leur Impact environnemental : moins de ressources prélevées, moins de rejets, plus de Qualité. Vis-à-vis de l’exportation, la capacité de nos entreprises à intégrer l’environnement sera un atout à la condition que cette capacité soit visible, voire mesurable, et que les règles du commerce international et la normalisation permettent de valoriser cet avantage compétitif.
Les tableaux de bord sont bien utiles, il faut savoir où nous en sommes, à quelle Vitesse avançons-nous, dans quelle direction, et quelles sont nos réserves. Faut-il encore qu’ils soient pertinents. Pour un domaine transversal et multiforme comme l’environnement, la difficulté est grande de trouver les bons indicateurs. Il faudrait sans doute s’intéresser à la transition puisque c’est le mot à la Mode, et tenter de caractériser l’avancement de la transition dans les grands domaines d’activité. Ce serait plus instructif que la lorgnette des éco activités. Les premiers indicateurs seront « enrichis ». Nous sommes impatients.
 

 

Chronique mise en ligne le 1er juin 2013
 

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