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Argent, Economie et PIB

Moyens

Le débat sur la « règle d’or » agite la sphère politique. Mais, au-delà de l’aspect budgétaire, l’équilibre des comptes doit refléter celui des prélèvements de ressources et de leur remplacement. Ne vivons-nous pas au-dessus de nos moyens ?

Nous vivons au-dessus de nos moyens. Ce n’est pas qu’un mal français, c’est un problème de l’humanité toute entière.

Celle-ci consomme chaque année près d’une fois et demie ce que la Terre produit. Le point d’équilibre a été dépassé il y a une bonne vingtaine d’années sans que ni le monde Politique ni le monde financier n’ait semblé s’en émouvoir, à quelques exceptions près.
Pour continuer à consommer, nous devons donc puiser sur le Capital, lequel s’appauvrit d’autant. Tout ça n’est pas très durable, avec une population mondiale qui va s’accroitre de près de moitié d’ici 40 ans, sur un fond de famines et de malnutrition, sans parler des profondes inégalités qui se creusent chaque Jour.
La « règle d’or » consiste à ne pas vivre au-dessus de ses moyens, mais il faut l’assortir de deux remarques : elle n’empêche pas de tout faire pour augmenter lesdits moyens, et elle ne doit pas être confinée au monde financier, au risque de faire oublier « la vraie vie ».
Il y a tant de besoins non satisfaits, immédiats ou prévisibles, qu’il faut bien chercher à augmenter le potentiel productif. Et à l’heure de la mondialisation, couplée avec la « finitude » de la planète, il faut éliminer les solutions qui conduiraient à n’améliorer la situation des uns qu’au détriment des autres : prédateurs et autres colonialistes de tout poil, s’abstenir.
Aujourd’hui, la France, sur la base de son empreinte écologique (1), vit à peu près deux fois et demie au-dessus de ses moyens. Une règle d’or « durable », et pas seulement financière, serait bien nécessaire pour revenir progressivement à l’équilibre. Ce sont nos descendants et leur niveau de vie qui sont concernés, à commencer par nos propres enfants. C’est au 21e siècle que des « peak » en tous genres, comme le peak oil pour le pétrole, toucherons nos Economies et nos modes de vie. La perte de biodiversité,  la chute de la Productivité des océans, la fragilisation des équilibres climatiques sont pour demain, manifestations parmi d’autres des effets de nos excès. La France contribue comme de nombreux autres pays à cette perte de capital productif. Pour ne prendre qu’un exemple, prenons le domaine où elle s’enorgueillit d’une deuxième place mondiale, la puissance maritime.
Notre pêche devrait, dans ces conditions, largement subvenir à nos besoins. Et bien, c’est l’inverse, notre production ne couvre pas la moitié de nos consommations, et la situation se dégrade régulièrement. Nous devons prélever sur le stock des autres, notamment ceux de populations en manque de protéines. Un petit peu de règle d’or ne ferait pas de mal dans ce domaine.
Ne pas consommer plus que ce dont nous disposons, sous réserve d’échanges équitables qui permettent de respecter l’équilibre au niveau mondial, serait donc la sagesse, et mettrait les forces créatrices au service de la capacité de production de la planète. Peut-on transposer cette « ardente obligation » en termes budgétaires ?
Les finances d’un état sont à l’évidence un enjeu lourd, mais imbriqué à de nombreux autres enjeux, notamment la Valeur du patrimoine collectif d’une nation et sa capacité de production. Il est courant de mesurer l’importance d’un endettement d’un pays à l’aune de son PIB. L’observation est ainsi étendue de l’Etat à l’ensemble de la sphère productive. Le Patrimoine collectif revêt des formes très diverses. C’est le capital productif au sens habituel du terme, manufacturier, capacité à produire des biens et des services marchands. C’est aussi un capital culturel, scientifique, naturel, paysager, humain et social, etc.
Le Tourisme, par exemple, est notre première industrie, fondé sur nos sites, nos Paysages, notre histoire, notre gastronomie, et bien d’autres Talents. Nous investissons dans les « grands sites » parce que c’est notre responsabilité de les préserver, mais aussi parce que c’est un argument de Vente de notre pays.
L’état de Santé d’une population représente aussi un capital de fait. Le Faible niveau sanitaire de certains pays est un des Freins les plus sérieux à leur développement, et la Qualité d’un Système sanitaire est un facteur d’attractivité des territoires.
On peut ainsi écrire la liste des ingrédients qui constituent le capital collectif d’une nation, bien au-delà du budget voté par son Parlement : niveau d’éducation, confiance dans les institutions, cohésion sociale, etc. On dit que le capital des grandes entreprises est au moins pour moitié « immatériel », à base de confiance et de qualité du management, il en est de même pour une nation. Ce capital se construit au fil des années,  et les fameux « piliers » du développement durable, économie, social et environnement, offrent un bon cadre d’Analyse et d’évaluation pour une « règle d’or » étendue.

1. Voir le chronique Hectare


Chronique mise en ligne le 14 août 2011

 

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