
Inaction
Qu’il est doux de ne rien faire… Surement quand tout va bien, mais pas quand il s’agit de relever des défis, comme celui du dérèglement climatique ou de la chute de la biodiversité. L’inaction coûte cher, beaucoup plus que l’action.
Depuis la publication du rapport Stern, en 2006, nous savons que l’inaction coute cher. Il s’agissait alors de lutte contre le changement climatique, dont le prix était évalué à 5 points de PIB mondial, fourchette basse (fourchette haute à 20%), alors que les mesures de lutte nécessitaient seulement 1% du même PIB. Une bonne affaire, par conséquent, un bon taux de retour d’investissement. A une échelle plus modeste, une étude anglaise portant sur 100 000 logements (1) montre que la réhabilitation des logements coûte trois fois moins cher que les coûts sanitaires liés à la précarité énergétique, sans compter les autres coûts sociaux. Plus récemment, un rapport de l’IPBES (plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques, le « GIEC de la biodiversité ») daté de mars 2018, évoque l’érosion rapide de la qualité des milieux, et propose des mesures pour les restaurer. Il affirme que "En moyenne, les bénéfices de la restauration sont 10 fois supérieurs aux coûts". Encore un bon placement. L’inaction est vraiment une erreur grossière !
Deux autres rapports de 2019 viennent conforter cette constatation. Il s’agit à présent de l’adaptation au changement climatique. Le GIEC, dans son rapport de septembre 2019 sur l’océan et la cryosphère préconise d’investir dans les stratégies de prévention, notamment dans les systèmes d’observation et d’alerte, en indiquant que ces équipements couteront bien moins cher que les réparations rendues nécessaires par les désastres climatiques. Sans parler de la restauration des écosystèmes côtiers, mangroves et marais notamment, qui stabilisent le trait de côte à moindre frais.
Autre rapport de cette rentrée de septembre 2019, celui de la fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, l’IFRC (2). Ces dernières années, les bailleurs de fonds internationaux pour répondre aux besoins des actions humanitaires liées à des catastrophes naturelles ont varié de 3,5 à 12 milliards $ par an. Si l’on ne fait rien, ce montant pourrait passer à 20 milliards en 2030. On passerait en effet de 108 millions de personnes concernées à 150 millions en 2030 et 200 en 2050. Mais il n’y a pas de fatalité. Il est possible de réduire fortement le nombre de personnes impactées et la facture, moyennant quelques actions à décider maintenant. L’objectif de 68 millions de personnes touchées en 2030 et 10 seulement en 2050 est avancé. Il faut bien sûr investir pour l’atteindre. Trois familles de mesures sont préconisées : Réduire la vulnérabilité (notamment des bâtiments plus solides et des infrastructures résilientes), des dispositifs d’alerte plus performants, et une capacité financière pour des interventions d’urgence et la reconstruction intégrant les leçons des catastrophes. Sur le deuxième point, par exemple, la banque mondiale estime que le rapport coût/avantage est au minimum de 4, et sans doute bien plus selon les hypothèses retenues. Encore un facteur 4, un euro investi permet d’en économiser 4.
Ne rien faire est donc un mauvais choix. On dit souvent que l’environnement coûte cher, mais c’est l’inverse : il ne coute cher que si on ne s’en occupe pas. Investir pour réduire les dégâts ou pour s’adapter à une situation plus agressive permet de faire des économies substantielles, les coûts évités étant bien supérieurs à celui des mesures de prévention. Il ne s’agit là que d’argent, il faudrait y ajouter le prix de la souffrance et l’ensemble des couts sociaux qui peuvent de prolonger sur des années, en termes de santé et d’éducation par exemple.
Comment se fait-il donc que ces mesures soient souvent reportées à plus tard, ou même abandonnées ?
Bien sûr parce que les plus vulnérables sont souvent les plus pauvres, qui peinent à assurer le présent et qui ne disposent que d’une très faible capacité à investir. L’aide internationale pour lutter contre la vulnérabilité est sans doute insuffisante, ce qui est un mauvais calcul car les secours coûtent beaucoup plus cher aux pays « donateurs ». Ensuite parce que le « rien faire » ne se décide pas, il vient tout seul. Il faut une volonté pour passer aux actes, pour sortir de l’argent, surtout quand l’ambiance est à la rigueur budgétaire et à la règle d’or. Et enfin parce qu’il s’agit d’actions internationales, qui n’ont souvent de sens qu’à l’échelle d’un continent, et qu’il est toujours difficile de se mettre d’accord sur les politiques à mener et la répartition de l’investissement, souvent appelé, à tort et maladroitement, un « fardeau ».
L’inaction reste donc la règle, et il faut une volonté affirmée pour en venir à bout, et surtout une stratégie pour entraîner les acteurs englués dans le présent et ses difficultés.
Depuis la publication du rapport Stern, en 2006, nous savons que l’inaction coute cher. Il s’agissait alors de lutte contre le changement climatique, dont le prix était évalué à 5 points de PIB mondial, fourchette basse (fourchette haute à 20%), alors que les mesures de lutte nécessitaient seulement 1% du même PIB. Une bonne affaire, par conséquent, un bon taux de retour d’investissement. A une échelle plus modeste, une étude anglaise portant sur 100 000 logements (1) montre que la réhabilitation des logements coûte trois fois moins cher que les coûts sanitaires liés à la précarité énergétique, sans compter les autres coûts sociaux. Plus récemment, un rapport de l’IPBES (plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques, le « GIEC de la biodiversité ») daté de mars 2018, évoque l’érosion rapide de la qualité des milieux, et propose des mesures pour les restaurer. Il affirme que "En moyenne, les bénéfices de la restauration sont 10 fois supérieurs aux coûts". Encore un bon placement. L’inaction est vraiment une erreur grossière !
Deux autres rapports de 2019 viennent conforter cette constatation. Il s’agit à présent de l’adaptation au changement climatique. Le GIEC, dans son rapport de septembre 2019 sur l’océan et la cryosphère préconise d’investir dans les stratégies de prévention, notamment dans les systèmes d’observation et d’alerte, en indiquant que ces équipements couteront bien moins cher que les réparations rendues nécessaires par les désastres climatiques. Sans parler de la restauration des écosystèmes côtiers, mangroves et marais notamment, qui stabilisent le trait de côte à moindre frais.
Autre rapport de cette rentrée de septembre 2019, celui de la fédération internationale de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, l’IFRC (2). Ces dernières années, les bailleurs de fonds internationaux pour répondre aux besoins des actions humanitaires liées à des catastrophes naturelles ont varié de 3,5 à 12 milliards $ par an. Si l’on ne fait rien, ce montant pourrait passer à 20 milliards en 2030. On passerait en effet de 108 millions de personnes concernées à 150 millions en 2030 et 200 en 2050. Mais il n’y a pas de fatalité. Il est possible de réduire fortement le nombre de personnes impactées et la facture, moyennant quelques actions à décider maintenant. L’objectif de 68 millions de personnes touchées en 2030 et 10 seulement en 2050 est avancé. Il faut bien sûr investir pour l’atteindre. Trois familles de mesures sont préconisées : Réduire la vulnérabilité (notamment des bâtiments plus solides et des infrastructures résilientes), des dispositifs d’alerte plus performants, et une capacité financière pour des interventions d’urgence et la reconstruction intégrant les leçons des catastrophes. Sur le deuxième point, par exemple, la banque mondiale estime que le rapport coût/avantage est au minimum de 4, et sans doute bien plus selon les hypothèses retenues. Encore un facteur 4, un euro investi permet d’en économiser 4.
Ne rien faire est donc un mauvais choix. On dit souvent que l’environnement coûte cher, mais c’est l’inverse : il ne coute cher que si on ne s’en occupe pas. Investir pour réduire les dégâts ou pour s’adapter à une situation plus agressive permet de faire des économies substantielles, les coûts évités étant bien supérieurs à celui des mesures de prévention. Il ne s’agit là que d’argent, il faudrait y ajouter le prix de la souffrance et l’ensemble des couts sociaux qui peuvent de prolonger sur des années, en termes de santé et d’éducation par exemple.
Comment se fait-il donc que ces mesures soient souvent reportées à plus tard, ou même abandonnées ?
Bien sûr parce que les plus vulnérables sont souvent les plus pauvres, qui peinent à assurer le présent et qui ne disposent que d’une très faible capacité à investir. L’aide internationale pour lutter contre la vulnérabilité est sans doute insuffisante, ce qui est un mauvais calcul car les secours coûtent beaucoup plus cher aux pays « donateurs ». Ensuite parce que le « rien faire » ne se décide pas, il vient tout seul. Il faut une volonté pour passer aux actes, pour sortir de l’argent, surtout quand l’ambiance est à la rigueur budgétaire et à la règle d’or. Et enfin parce qu’il s’agit d’actions internationales, qui n’ont souvent de sens qu’à l’échelle d’un continent, et qu’il est toujours difficile de se mettre d’accord sur les politiques à mener et la répartition de l’investissement, souvent appelé, à tort et maladroitement, un « fardeau ».
L’inaction reste donc la règle, et il faut une volonté affirmée pour en venir à bout, et surtout une stratégie pour entraîner les acteurs englués dans le présent et ses difficultés.
1 - Ormandy, 2013
2 - The cost of doing nothing (https://media.ifrc.org/ifrc/the-cost-of-doing-nothing
2 - The cost of doing nothing (https://media.ifrc.org/ifrc/the-cost-of-doing-nothing
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