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Argent, Economie et PIB

Déficit

Les déficits publics sont souvent le symptôme d'une mauvaise santé économique générale. Il faut bien sûr les réduire, mais aussi et surtout redonner du punch à la gouvernance économique, pour trouver ensemble les orientations à privilégier.


Les déficits publics sont sur la sellette. Il va falloir réduire le train de vie de l’Etat. Deux assertions qui semblent bien proches, mais qui ne sont pas aussi liées quand on les Analyse finement.

La focalisation sur les comptes publics est à la Mode, mais n’est-ce pas un faux Débat, plus marqué par des a priori idéologiques que par l’observation de la réalité.
Il faut tout d’abord rappeler la forte interpénétration des deux sphères, publique et privée. On l’a vu dans la Crise des « subprimes », avec le renflouement des banques (privées) avec des fonds d’Etat (publics). Le monde de la Finance est d’ailleurs largement régi par des règles financières, de garanties et de bonne gestion par exemple, dictées par les pouvoirs publics et qui lui ouvrent plus ou moins grand son champ d’intervention. Notre économie est un vaste partenariat public privé, PPP, où chacun doit jouer son rôle sans chercher à se substituer au partenaire. 
Le vrai problème n’est pas tant le niveau des déficits publics, qui n’est souvent qu’un Symptôme, mais l’efficacité de la machine économique dans son ensemble. Comme ce site l’expose abondamment, le développement durable est une incitation à la Performance d’ensemble, de manière à pouvoir faire vivre dignement 9 milliards d’êtres humains d’ici une quarantaine d’années avec des Ressources non extensibles. Le développement durable contient une forte dimension économique, de gestion de la rareté.
La concurrence est un facteur d’efficacité, mais elle a des Limites. La somme des Intérêts particuliers, malgré la légitimité de chacun d’eux, ne produit pas un optimum économique global. Le marché est myope. Il ne voit pas loin, et on parle souvent des excès du court-termisme, du souci parfois maladif de rentabilité immédiate. Ajoutons que les Valeurs dans une société ne sont pas toutes monétarisables. Notre Patrimoine à chacun est en partie collectif, et il faut bien l’entretenir, le bichonner, et tant mieux si, en plus de notre Plaisir, il provoque des flux économiques dont certains acteurs profitent directement. N’oublions pas que le Tourisme est la première activité économique au monde, et notamment en France. Laisser filer nos monuments, notre architecture vernaculaire, nos grands sites et nos Paysages serait une perte sèche qui affecterait rapidement des déficits publics. Enfin, le marché est biaisé à chaque fois que des Coûts externes, comme des dégradations des milieux naturels, ou des nuisances imposées à des riverains, ne sont pas réintégrés dans les coûts marchands. L’appauvrissement de zones humides ou les algues vertes constituent des pertes de valeur dont le marché ne rend pas compte. Les déficits se creusent aussi de ce côté-là.
Les dépenses publiques sont réinjectées dans l’économie, comme les travaux publics les bien nommés, et contribuent à l’activité. Elles contribuent également à redistribuer le Pouvoir d’achat, avec des effets économiques évidents au-delà des simples aspects sociaux. L’essentiel n’est pas dans leur montant en valeur absolue, comme il est courant de penser de nos jours, mais dans leur pertinence et leur bonne gestion. Les observations iconoclastes de Philippe Seguin sur les mesures uniformes de baisse d’effectifs dans la fonction publique traduisent ce besoin de coller finement aux réalités, au lieu de s’accrocher à des slogans, dont le simplisme naturel conduirait à d’autres formes de déficit : perte de Compétence, de Culture, de mémoire, de liant social, etc. Les Talents en jachère, ce n'est pas de la bonne économie.
En revanche, l’absence de sanction qu’apporterait la concurrence oblige le secteur protégé à une grande Rigueur. Contrôle de gestion, zéro défaut dans les procédures, Ecoute des usagers, et capacité à évoluer en fonction de leurs attentes. Ce n’est pas la nature d’un service, publique ou privée, qui est la vraie question, mais son adaptabilité. Ce sont l’inertie dans le fonctionnement et le décalage qui pourrait naître entre besoin et service rendu qui causeraient le vrai déficit. La rigidité et les lourdeurs fréquentes dans le secteur public conduisent à pointer le Statut en lui-même. Le secteur public ne peut-il devenir vif et agile ? La cour des comptes nous apprends que le coût moyen d'un TER en France est de 17 euros par kilomètre et par train alors qu'il n'est que de 11 euros en Allemagne. Il doit bien y avoir des Progrès à faire…(1)
Certains déficits peuvent s’avérer rentables tout comme des Economies apparaissent ruineuses. Il convient d’être sélectif. Un exemple récent vient illustrer cette observation. 
Il s’agit des transports publics dans le pays d’Aubagne et de l’Etoile, entre Aix en Provence et Marseille. Gratuits depuis un an. Un bilan vient d’être réalisé, qui montre bien sûr une nette augmentation de l’Usage de ces transports, avec l’arrivée de nouveaux Clients, anciens adeptes uniques de l’automobile. Un désenclavement des villages et une meilleure insertion des jeunes comme des vieux, attractivité nouvelle pour des Marseillais qui se rendent plus nombreux à Aubagne, et une vie plus intense en Centre ville, au marché, au cinéma. Un déficit assumé, mais dont la rentabilité économique et sociale semble acquise, pour l’instant du moins. La mobilité est source de Richesses, d’échanges, de vie sociale, d’équilibre. Combien coûte l’isolement de certains Quartiers dits sensibles ?
Le déficit couvert par les régions pour les TER a fait l’objet d’un rapport critique. Il y a des efforts à faire incontestablement, mais l’investissement des régions a permis de répondre à la demande dans de bien meilleures conditions. Que serait le déficit des entreprises et des ménages sans ce soutien ? La mobilité par l’automobile coûte cher aux collectivités, elle coûte aux particuliers ce qui se répercute sur l’Emploi et l’attractivité des commerces. 
L’important, dans une lecture développement durable de nos sociétés, est bien le service rendu pour répondre à des besoins et procurer de la Qualité de vie. L’efficacité économique est alors le rendement global des activités, de toutes les activités, pour fournir ces services dans les meilleures conditions possibles. C’est la qualité de la gouvernance économique qui est le vrai moteur de l’efficacité recherchée. La chasse aux déficits de toutes natures doit commencer par l’instauration ou la restauration de cette qualité et de la nécessaire confiance entre les acteurs.

1 - Rapport de la cour des comptes : Le transfert aux régions du transport express régional (TER) : un bilan mitigé et des évolutions à poursuivre (25 novembre 2009).

 

 

Chronique mise en ligne le 25 mai 2010



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