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Apprentissage

Préparation

L’avenir n’est pas écrit, mais certaines tendances sont prévisibles, en fonction de phénomènes démographiques, physiques ou biologiques. Il faut nous préparer à profiter de ces tendances, ou du moins à ne pas en souffrir exagérément.

Un mot aux sens multiples. Oublions la préparation du pharmacien, qui nous apprend à combiner les vertus des molécules et à choisir les bons dosages, et concentrons-nous sur le plus simple, préparons-nous à une épreuve. Un évènement important, qui pourrait changer beaucoup de choses dans nos vies. Ce peut être un examen ou un concours, ce peut être aussi l’hiver auquel nous nous préparons en accumulant des provisions. Ce n’est pas l’hiver qui sera la plus rude épreuve, mais le réchauffement. Un réchauffement irrégulier, mesuré en moyenne, et qui se traduit localement par des évolutions très différentes, qui ne nous exonéreront pas de périodes froides et d’intempéries. Parlons plutôt de dérèglement climatique. Il faut nous préparer.
La communauté internationale a fixé des objectifs en décembre dernier à Paris, un réchauffement limité à 2°, et même 1,5 si possible. Nous savons malgré tout que ces hausses de température auront des conséquences sur nos vies, nos modes de production, nos alimentations, nos habitats. Plutôt que de se laisser surprendre et de subir les évènements, préparons-nous. On parle d’adaptation au dérèglement climatique, lequel sera beaucoup plus violent dans certaines parties du monde que dans d’autres. Notre climat tempéré humide, soumis à des influences multiples, océanique, continentale, méditerranéenne, nous apporte une résilience particulière, mais ne nous y trompons pas, la France sera affectée, en métropole et dans les outremers.
La première préoccupation est de se préparer aux épreuves connues. Les canicules, les avancées de la mer et le recul du « trait de côte », la fonte des glaciers, les cyclones aux Antilles et à la Réunion, autant d’évènements que nous connaissons déjà. Ils pourraient devenir plus fréquents et plus intenses, mais nous avons une première expérience qui nous permet de de préparer. Nos réglementations, par exemple d’urbanisme et de construction, prendront en compte la vigueur des évènements climatiques, les techniques constructives également. Et surtout, ce sont les migrations qui vont prendre de l’ampleur. Les « migrants climatiques », dont le déplacement est rendu obligatoire pour cause de montée des eaux ou de dégradation des conditions climatiques, formeront des vagues de grande ampleur, qu’il faudra accueillir. Selon que nous nous y seront préparés ou non, le phénomène pourra être la meilleure ou la pire des choses. Le refus de l’inéluctable ne donne que de mauvais résultats, son acceptation ouvre souvent des opportunités.
Il faudra aussi apprendre à se passer du carbone. Même si on admet un réchauffement modéré, auquel nous nous adapterons, il reste nécessaire de tendre vers zéro émission de gaz à effet de serre, et ça n’est pas rien. C’est tout notre appareil productif qui est concerné, et nos modes de vie.
En premier lieu, la production d’énergie. Ce n’est pas la première mutation que nous vivrons. Nous sommes passés du renouvelable au fossile, et nous devons faire de chemin inverse. Vent, soleil et biomasse ont été notre première source d’énergie, et nous y reviendrons avec des techniques bien différentes, qui permettent des rendements inimaginables aux temps héroïques. Car il n’y avait que quelques centaines de millions d’hommes à la surface de la planète, et avec des besoins limités. Aujourd’hui, les mêmes sources devront approvisionner 9 milliards d’humains d’ici 2050, des humains autrement plus gourmands.
Même avec des trésors d’innovation, le succès dépend aussi de la modération de notre demande. Peut-on conserver le même niveau de confort, de santé, de bien être en consommant moins d’énergie ? C’est le pari du facteur 4, « deux fois plus de bien être en consommant deux fois moins de ressources », mais ça ne tombera pas du ciel, il faut s’y préparer, par exemple dans notre alimentation. Celle-ci sera plus végétale, collera avec les saisons, demandera moins d’énergie pour la cuisson. Le défi est de trouver la manière de profiter de ces changements pour trouver de nouvelles saveurs, de nouveaux plaisirs culinaires. Il faudra pour cela puiser dans notre savoir-faire ancien et tirer profit des talents de nos chefs pour mettre au point les recettes de demain, à la fois gouteuses et économes en ressources.
Et si nous ne tenons pas la limite des 2°C, c’est à l’inconnu qu’il faudra se préparer. Une capacité à réagir à des évènements inédits, à saisir des opportunités, à soutenir ceux qui seront victimes de changements trop brutaux. Il vaudra mieux s’en tenir à 2°, c’est encore la meilleure manière de réduire les risques.

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