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Apprentissage

Pilote

Le développement durable est une recherche, qui conduit à explorer des futurs inconnus. Pour cela, le lancement d’opérations « pilote » peuvent rendre bien des services, pour mieux organiser la progression et éviter les pièges.

Appelons « pilotes » ou opérations expérimentales, leur fonction dans la recherche de nouvelles voies de développement est très importante. Elles éclairent les orientations envisagées, et ouvrent le champ du possible, tout en fermant des voies qui s’avèrent des impasses.

Elles permettent en outre à toute la communauté d’intérêt liée par le projet d’entrer en apprentissage. Le développement durable n’est pas écrit, il se trouve en marchant. La modestie, l’ouverture d’esprit et le goût d’apprendre sont des vertus indispensables dans cet esprit, ce qui n’empêche pas l’ambition, bien au contraire.
Le choix des opérations pilotes est donc une tâche délicate. Leur nombre est par nature limité, il ne faut pas se tromper pour qu’elles soient effectivement « l’avant-garde » d’une politique plus vaste et durable, dans tous les sens du mot. Une tentation fréquente est de choisir la difficulté. Qui peut le plus peut le moins, et les acteurs veulent montrer leur capacité. Une autre pratique est de limiter le choix à son univers traditionnel, par commodité. A titre d’exemple, démarrer un programme d’isolation thermique en s’attaquant aux copropriétés, c’est se donner une difficulté supplémentaire dans le montage des projets. Bien sûr, il faudra le faire un jour, mais faut-il initier une politique en accumulant les problèmes à résoudre ? La face Nord, oui, mais pas avant de s’être aguerri sur des voies plus aisées. Les immeubles de bailleurs, avec un seul propriétaire, permettent dans un premier temps d’apprendre le métier, et notamment ses aspects techniques. Le temps viendra ensuite d’incorporer d’autres difficultés, de relever d’autres défis.
L’autre manière de faire, de rester dans son jardin pourrait-on dire, trouve son illustration dans le parc HLM, pendant longtemps considéré comme le domaine d’expérimentation des politiques techniques de construction. Il y a à l’évidence de grands enjeux dans le parc social, mais il y a bien d’autres cas de figure qui ne se sentent pas concernés. Défi d’un côté, confort d’un univers bien connu de l’autre, deux tentations dont il faut se méfier. Le choix des pilotes passe par une question préalable. Qu’attendons-nous de ces opérations ? Il convient de faire l’inventaire précis des objectifs poursuivis, de manière à se donner les critères de choix correspondants. Trois familles d’objectifs se présentent le plus souvent.
Initier un processus qui s’installe dans la durée. Le nombre de situations à envisager est en général immense. Il n’y a que des cas particuliers, qui méritent du sur mesure. Il est illusoire de penser traiter tous les cas d’espèce avec les opérations pilotes. Il s’agit d’initier une dynamique. Pour cela, le choix des opérations pilotes devra intégrer la durée (des opérations susceptibles d’être menées rapidement, pour en tirer les enseignements pour les suivantes sans avoir à attendre des années), la difficulté (éviter les opérations trop incertaines), la diversité (différents cas de figure), les atouts déjà en main (connaissances du contexte, partenaires potentiels).
Tester des formules opérationnelles. Il faut des solutions dont la mise en œuvre est envisageable à court terme, et qui permette par la suite une gestion en continu, avec des modalités de suivi et d’évaluation. Les réponses seront à trouver au cas par cas, en fonction du contexte. Elles ont en commun de se pencher à la fois sur le montage et la gouvernance des projets et sur le savoir-faire technique.
S’intégrer à l’actualité. Des opportunités peuvent se présenter, qui donneront plus de rayonnement aux opérations retenues. Profitons-en. A l’inverse, il peut être judicieux de faire face à un problème urgent. Une opération pilote peut être la bienvenue. Faisons d’une pierre deux coups. Le développement durable doit être opportuniste ! Les opérations, même « pilotes », ne peuvent s’affranchir de l’actualité. Elles ne doivent pas, pour autant, lui être inféodées, et doivent aussi, bien évidemment, satisfaire aux exigences précédentes.
Le choix d’opérations pilotes est donc un art. Pas d’improvisation dans ce domaine, mais le respect de règles, dont certaines relèvent du bon sens. L’exploration des futurs demande de la méthode si l’on veut découvrir des terres inconnues. A défaut, le risque est grand de ne trouver, à l’issue de la recherche, que ce qu’on avait apporté soi-même. L’auberge espagnole. Un coup d’épée dans l’eau, avec l’advenue soudaine d’un avenir que l’on n’aura pas su voir, empêtrés que l’on était dans un état d’esprit figé. Les opérations pilotes sont des aventures, donnons-leur toutes les chances de succès, pour qu’elles éclairent les chemins du futur.

 

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