Parcours
Développement durable : un terme qui implique la prise en compte du temps. La vitesse et la lenteur sont souvent en débat. Il faut aussi prendre en compte le parcours nécessaire pour faire vivre des projets, ou les parcours dans la vie des gens.
Le parcours du combattant désigne une série d’obstacles, placés sur votre chemin pour vous embêter. Il ne mène nulle part, si ce n’est à votre bonne forme physique, et il y a sans doute des manières plus plaisantes d’y parvenir. A chacun sa méthode. Au sens figuré, ce parcours vous conduit surtout à la crise de nerfs, ce n’est pas très durable.
Le concept de parcours présente l’intérêt de prendre en considération les étapes nécessaires pour parvenir à un objectif ou organiser une progression. Une grande qualité pour lutter contre le désir d’immédiateté, de solution toute faite, clé en main, dans un monde en recherche de solutions originales. Celles-ci se trouvent dans le parcours au moins autant que dans la formulation des besoins.
Il y a des parcours pédagogiques, qui vous font découvrir un tas de choses, selon une progression calculée. Une mise en scène pour vous stimuler, vous donner envie d’en savoir plus. Un type de parcours qui illustre l’intérêt du genre. Paris ne s’est pas fait en un jour, nos connaissances non plus, qui ont besoin de temps pour s’installer dans nos têtes. Le parcours, c’est la prise en compte du temps, et des étapes de la vie.
Un bon exemple est le parcours résidentiel. Tout au long de la vie, nos besoins évoluent, et cela se traduit sur notre demande de logement. Jeune célibataire, jeune couple, jeunes parents, etc., avec des moyens qui progressent au fur et à mesure que se déroule la carrière professionnelle. Les spécialistes du logement organisent depuis longtemps ces parcours, plus ou moins bien respectés, qui constituent une référence pour comprendre l’évolution des besoins et mettre sur pied une politique. Un parcours qui peut aller crescendo, mais aussi decrescendo, vers le grand âge. Le départ des enfants, les handicaps de la vieillesse, qui s’alourdissent avec les ans, pour aller vers une nécessité d’accompagnement régulier, à proximité, mobilisable à tout instant, et puis la dépendance. C’était le regret de Jean-Claude Antonini, ancien maire d’Angers, de ne pas avoir pu mettre sur pied ce type de parcours, pour éviter les ruptures brutales que provoquent parfois les accidents de la vie. Un parcours voulu et organisé, plutôt qu’un parcours chaotique, imposé et entraînant souvent une dégradation rapide des conditions de vie.
On parle aussi de parcours éducatif, ou de formation. On apprend tout au long de sa vie, et de plusieurs manières. Il faut bien sûr un bagage avant de démarrer, mais il faut l’enrichir et le mettre à jour en continu. C’est un des enjeux de nos sociétés, pour permettre à la fois à la société de trouver les compétences et les savoirs dont elle a besoin, et aux individus de s’épanouir dans une fonction où leurs talents peuvent s’exprimer.
L’intérêt du parcours réside dans l’acceptation que l’idéal ne se réalise pas instantanément. Il faut de l’humilité pour accepter que le temps fasse son travail. Notre désir de résultat nous conduit souvent à vouloir forcer le temps, et à refuser des solutions intermédiaires, des parcours, justement, qui permettent d’avancer sur des terrains à découvrir.
L’immigration constitue un beau sujet de réflexion de ce point de vue. Elle peut être un enrichissement de la société, comme une cause de désorganisation. Un enrichissement si l’immigration est acceptée et organisée, selon un « parcours » d’intégration, ou une désorganisation si elle est refusée et se réalise dans le déni, et par suite dans le désordre. Accepter l’immigration n’est pas synonyme d’aveuglement et de laisser faire. Des étapes sont nécessaires, pendant lesquelles la situation des nouveaux arrivants ne peut être la même que celle des résidents de longue date, voire de toujours. Les différences de culture et de mode de vie, le retour des immigrés à une vie stable, à la suite des évènements qui les ont conduits à s’expatrier, la compréhension réciproque entre communautés, autant de questions qui exigent un temps pour trouver une bonne réponse. L’absence de cadre pour assurer cette transition et la nécessaire adaptation réciproque ne permet guère de trouver le bon parcours, satisfaisant pour toutes les parties.
Comment organiser un bon parcours d’immigration ? Le risque est grand de créer des voies de garage, ou des « réserves » où des populations seraient reléguées, au prétexte de l’urgence, dans un faux parcours, une impasse de fait. Le sort réservé aux harkis en constitue un bon exemple.
Le travail a longtemps constitué ce parcours d’intégration des immigrés. La vie sociale au sein d’une entreprise a pu offrir le cadre de la rencontre et de la reconnaissance réciproque, première étape du parcours, avec l’apprentissage de la langue, et parfois de l’écriture. C’est évidemment plus dur en période de chômage, où les exclus sont légion. La méfiance et l’hostilité à l’égard des nouveaux arrivants qui en résulte ne peut que compliquer les choses et provoquer un gigantesque gâchis.
La réflexion sur les parcours d’immigration est d’autant plus nécessaire. Le volume des flux migratoires et la situation économique des pays d’accueil ne permettent plus une intégration « spontanée » des immigrants. Mais la première étape est de considérer les migrations comme des atouts potentiels, des chances à saisir, à conditions de le vouloir.
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